Sur le front du rude combat, où tout change pour que rien ne change, que se livrent la corporation des veilleurs de notre Santé Publique, les addictologues en tête, et les défenseurs de la Dive bouteille, chaque camp y va de ses peurs.
- D’un côté, la nouvelle ministre de la Santé n’est autre que l'ancienne présidente de l’Inca. Et ses positions sur la lutte contre l’alcoolisme sont intransigeantes.
Pas sûr que la filière viticole apprécie la nouvelle Ministre de la Santé. Agnès Buzyn, présidente de l’Inca (Institut national du Cancer), s’est ainsi élevée contre la clarification de la loi Evin concernant la promotion de l’œnotourisme et des territoires du vin.
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- De l’autre, la nouvelle conseillère agricole du Président Macron, Audrey Bourolleau, qui inquiète la corporation des addictologues.
La nomination de l'ex-déléguée générale de Vin et Société - une instance de lobbying du vin - au poste de « conseillère agriculture » d'Emmanuel Macron à l'Élysée inquiète plusieurs associations d'addictologues et des experts en santé publique.
« La nomination d'une représentante de la filière alcool ne manque pas d'inquiéter sur les conflits d'intérêts qui pourraient survenir au détriment de la santé publique", écrivent ces onze associations et six experts dans un communiqué commun publié sur internet.
« Pour les acteurs de la santé publique, le risque est que la politique agricole et viticole se fasse au détriment d'une politique efficace de lutte contre les consommations nocives d'alcool »
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Positionnement politique en défense d’intérêts trop souvent corporatistes, la lutte contre l’alcoolisme dans notre pays est un échec cuisant dû à une approche qui méconnaît largement les évolutions de notre société.
L’alcoolisme est une maladie, un fléau, mais se contenter de mettre en cause le flacon, avec en arrière-pensée la prohibition, c’est faire beaucoup de bruit pour rien, se contenter de faire accroire que l’on éradiquera la consommation excessive par des mesures touchant la communication et la publicité.
Nos sociétés anxiogènes, déjà addict des antidépresseurs ont besoin de soupapes festives pour évacuer les angoisses et les peurs. Se contenter de leur faire la morale, de les culpabiliser, c’est pisser dans un violon. J’y reviendrai avec les quinquados.
Pour ce qui du rôle d’Audrey Bourolleau en tant conseillère agriculture du Président Macron, sans vouloir minorer celui-ci, ma vieille expérience du fonctionnement des cabinets ministériels, des arbitrages à Matignon, me permettent d’affirmer, sans risque de me tromper, que la politique agricole, et par là-même viticole, ne se déterminera pas dans son bureau. Elle aura d’autres chats à fouetter que les éternels refrains de la loi Evin. Quand à madame Buzyn, elle aussi devra mettre de l’eau dans son vin, si je puis m’exprimer ainsi.
Jouer à se faire peur fait partie du scénario mais le film n’est jamais que le résultat des conditions politico-économiques du moment.
Le premier conseiller agricole de Mitterrand en 1981 fut Henri Nallet, issu de la branche gaucho de l’INRA, surnommé le Sphinx car eu égard, à l’ondoiement du Président, ça lui évitait de prendre des positions tranchées. Avec Michel Rocard nous en jouions sur le dossier des vins de table du Midi rouge, déjà épine dans le pied de l’élargissement du Marché Commun à l’Espagne. Le père François était bien sûr très favorable à l’entrée de l’Espagne tout en ménageant l’électorat socialo-communiste du Languedoc. Tout ça pour dire, et ce n’est pas faire injure au savoir-faire d’Henri Nallet, la partie se jouait bien au-dessus de lui.
Ce même Henri Nallet alors Ministre de l’Agriculture de Michel Rocard premier Ministre me demanda de suivre le dossier de la loi Evin. Là encore la bataille se jouait à Matignon, et si Rocard céda au diktat des cancérologues drivés par le Pr Got c’est que le chantage fut intense et que le fameux lobby du vin fut très au-dessous du niveau de la mer.
L’approche pragmatique de Macron s’appliquera au vin dont il connaît le poids économique, bien sûr le lobby blanc montera au créneau pour obtenir des mentions nouvelles sur l’étiquette et alors les arbitrages se feront au plus haut niveau et non dans le bureau d’Audrey Bourolleau.
Les enjeux se situent ailleurs que sur le front loi Evin, pour l’heure la vision bien traditionnelle du Ministre de l’Agriculture laisse présager une gestion classique du secteur avec cependant l’aiguillon Hulot, mais jusqu’à quand ?
J’en reviens maintenant au sujet de cette chronique : l’érection des quinquados !
C’est dans Marianne sous la plume d’Hubert Prolongeau
Refus du train-train et des plans de carrière, envie de s'amuser, soin de l'apparence... La génération née dans les années 60-70 entend, comme celle de ses enfants, s'épanouir. Révélatrice de l'allongement de la durée de vie, elle n'obéit qu'à un seul précepte : profiter de l'avenir. Bienvenue chez les "quinquados" !
On les appelait «éternels adolescents» et on en ricanait : ces «vieux» qui n'assumaient pas leur âge, ces «mamies» en jeans, ces «papys» qui s'affichaient avec des filles plus jeunes... Aujourd'hui, allongement de la vie aidant, ils sont de plus en plus nombreux. Le très sérieux institut de sondage Ipsos appelle ces 45-55 ans vivant comme des trentenaires les «quinquados», contraction de «quinquagénaires» et «adolescents», et voit en eux une très sérieuse mutation...
X..., 47 ans, habillée décontractée, souriante, gaie..., s'est installée il y a douze ans à Bruxelles, où elle est professeur dans une école secondaire de type ZEP. «Je vis comme si j'avais 25 ans : faire la fête, boire, sortir. Il n'y a qu'avec les mecs que je me suis un peu calmée.»
Auteur d'un blog sur la «quinquattitude», Antoine le pense : «La génération qui a 50 ans aujourd'hui est née sans le chômage et avant le sida. Cela crée des habitudes d'insouciance qui, aujourd'hui, me semblent plus fortes que celles de beaucoup de trentenaires, trop inquiets. Plus que l'expérience de l'âge, c'est cette aptitude à voir les choses sous un jour relativement serein qui différencie aujourd'hui les quinquagénaires des générations qui leur ont succédé.»
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Génération quinquados in Soir-mag
Ces quinquas du troisième millénaire seraient-elles dévorées par le démon de midi ? Seraient-elles obsédées par leur apparence ? Veulent-elles profiter pleinement de la vie avant qu’il ne soit trop tard ? S’aveuglent-elles en croyant que tout est encore possible ? Sans doute… Mais, surtout, elles ne se reconnaissent absolument pas dans les termes de “jeunes seniors ” qui désignaient autrefois les femmes de cet âge car elles se sentent physiquement en forme. Elles savent qu’elles ont encore quelque 30 ans de vie devant elles et veulent en profiter pleinement et d’autant plus que souvent elles sont plus libres: les enfants sont grands, les carrières professionnelles lancées, les prêts hypothécaires remboursés et les moyens financiers plus importants. Un sondage Ipsos de 2013, pour la marque de vêtements Balsamik qui voulait connaître le profil de ses acheteuses, a mis en évidence la révolution des quinquagénaires et a lancé le concept de “quinquado ”. Il établit que 100 % des femmes de 45-60 ans se sentent “très bien ” ou “plutôt bien ” dans leur vie, 91 % se perçoivent même plus jeunes dans leur tête, en moyenne 13 ans de moins que leur âge.
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- Lors des débats autour de la clarification, elle expliquait dans les colonnes de La Croix : « Je suis profondément atterrée par cette initiative de certaines parlementaires qui obéissent à des lobbys très puissants et très bien installés en France, ceux des producteurs de vin. Ces élus donnent l’impression d’être totalement déconnectés des enjeux de la santé publique en France. Chaque année, dans notre pays, l’alcool est à l’origine de 49 000 décès. Et c’est aujourd’hui, la deuxième cause évitable de mortalité par cancer après le tabac. Tous les ans, l’alcool entraîne 15 000 décès par cancer : 70% d’entre eux sont des cancers des voies aéro-digestives supérieures, c’est à dire de la bouche, du pharynx, du larynx ou de l’œsophage. Mais beaucoup de Français ignorent que l’alcool provoque bien d’autres types de cancers : 24% des cancers du foie, 20% des cancers colo-rectaux et même 17% des cancers du sein. »
Dans cette interview, elle explique qu’elle ne croit pas qu’une politique de Santé forte puisse avoir des conséquences sur la vente de vin et qu’il faut arrêter d’évoquer les enjeux positifs de la consommation de vin sur la santé.
Des recommandations qui vont faire bondir la filière
Hasard du calendrier, il y a quelques jours à peine, des experts de l’Inca produisaient un rapport sur leurs préconisations en matière de lutte contre l’alcool. On peut se demander s’il n’est pas déjà en bonne place dans la feuille de route de la nouvelle Ministre de la Santé, qui ne répond pas entièrement à l'approche du vin présentée par Emmanuel Macron sur
- Rappelant la volonté affichée par Emmanuel Macron de moraliser la vie publique, ces associations et experts invitent le président "à appliquer cette politique dans le choix de ses conseillers". Depuis sa nomination, Audrey Bourolleau a démissionné de ses fonctions de déléguée générale de l'association Vin et société, fonction qu'elle occupait depuis 2012.
Les experts rappellent que les coûts pour la société de la consommation excessive d'alcool, "deuxième cause de mortalité évitable après le tabac" sont "considérables". "La taxation sur les alcools, qui rapporte environ 3,2 milliards d'euros par an, ne représente que 37% des soins (7,7 milliards)", indiquent-ils notamment. Ils soulignent également qu'en 2016 la Cour des comptes avait relevé que la filière vin entretenait "la confusion en finançant ses propres études pour attester de la non-dangerosité de l'alcool consommé avec modération".
Ils critiquent aussi la présence au Parlement de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev) et des groupes Viticulture, vigne et vin et Filière brassicole. Les signataires regroupent notamment la Fédération française d'addictologie, l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie et le Collège professionnel des acteurs de l'addictologie hospitalière, ainsi que les experts Gérard Dubois, Irène Frachon, Claude Got, Serge Hercberg, Catherine Hill et Albert Hirsch.