L’abri côtier, le vendeur de beignets à l’abricot de la plage des Sables d’Olonne affichait cette raison sociale sur le devant de sa panière en osier.
Aller se baigner – sans jeu de mots – sur l’immense plage de sable fin des Sables d’Olonne, surplombée par son élégant remblai bordé, à l’époque, de villas cossues, pour les petits bouseux de la Mothe-Achard que nous étions, c’était accéder au monde des urbains, aux parisiens que nous voyions traverser le bourg dans leurs belles autos, aux estivants en congepés.
Enfants nous y allions, en prenant le poussif car Citroën venant de Nantes, accompagnées de nos mères qui appliquaient avec rigueur la règle des 3 heures avant que nous puissions aller tremper nos gambettes dans l’océan. La baignade aiguisait notre appétit, nous guettions avec impatience le passage du vendeur de beignets.
Celui-ci, trimballait une grande panière pendue à son cou en haranguant les estivants allongés sur le sable ou lovés dans des transats. Le jeune homme devait zigzaguer entre les tentes et nous craignions qu’il nous zappe. Nous nous tenions debout en trépignant pour qu’il puisse nous repérer facilement. Et puis venait l’instant où il fondait sur nous, s’agenouillait sur le sable pour nous vanter la variété de ses beignets. Nous, sans la moindre hésitation, choisissions ceux aux abricots.
Ils nous les tendaient enveloppés dans une rondelle de papier sulfurisé car ils étaient saupoudrés de sucre. Celui-ci nous faisait des moustaches brillantes. Nos yeux riaient de plaisir lorsque nous croquions à pleine dents dans la pâte frite, la confiture d’abricot giclait dans notre bouche, c’était le délice des délices.
Sans nul doute mes souvenirs enjolivent une réalité gustative plus commune, plus modeste et, même si le tenancier de l’abri côtier, pour tenir les prix, ne se prenait pas pour une star de la pâtisserie, ses beignets n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui enfants de l’industrie.
Bref, façons de parler, je ne le suis guère, le jour où Giovanni Passerini décida de remplacer son goûteux et délicieux riz au lait par un granité aux abricots il raviva en moi cette bouffée de souvenir.
Son granité aux abricots, glace au fromage blanc et gingembre, chantilly, est une merveille d’équilibre et de fraîcheur vive. J’en suis fou et, madeleine de Proust, il y a glissé une légère rondelle de brioche légèrement toastée.
Merci Giovanni de me replonger dans mes émotions d’enfance !
Revenons à l’abricotier, l’arbre à abricots qui est un arbre de la famille des Rosacées, genre Prunus (Abricotier, Amandier, Cerisier, Laurier-cerise, Merisier, Pêcher, Prunier), issu d'Arménie. Il était pour les latins un fruit précoce, praecoquum (la pomme précoce).Les grecs adoptèrent le terme et l'adaptèrent en praikokion. Les arabes importèrent ce fruit qu'ils surent cultiver avec brio. De praikokion ils en firent barquq, précédé de l'article al : al barquq.
Après leur conquête de la péninsule ibérique, les arabes y installèrent d'immenses vergers où ils cultivèrent ce fruit. Les populations formèrent le mot espagnol albaricoque, ce terme passant en français au XVIème siècle et devint abricot.
L'abricotier a été ramené d'abord d'Est en Ouest par les caravanes de la route de la soie (comme le pêcher). Les Romains le découvrent en Arménie et l'appellent d'abord Armeniacum malum, pomme d'Arménie.
L’abricotier (Prunus armeniaca) poussait déjà à l’état sauvage en Chine du Nord il y a 5 000 ans. Cultivé depuis 2 000 ans, il se diffuse à travers le Moyen puis le Proche-Orient. On relate ainsi la culture de l’abricotier en Iran et en Arménie (d’où son nom savant) à partir du premier siècle avant notre ère.
Il parvient ensuite jusqu’aux Grecs et aux Romains par les caravanes de la route de la soie (comme le pêcher). Les Romains le découvrent en Arménie et l'appellent d'abord Armeniacum malum, pomme d'Arménie..
L’arbre trouve alors autour de la Méditerranée une terre d’accueil particulièrement favorable, et s’y épanouit. Les Arabes contribuent à sa propagation (notamment en Espagne) lors des guerres de conquête. Rarement évoquée dans les ouvrages anciens, on pense que sa culture en France remonte au début du XVIe siècle : les soldats ramenaient les noyaux des fruits trouvés lors des campagnes militaires et les plantaient une fois de retour chez eux.
Mais c’est avec le Roi-Soleil que l’abricot prend réellement son essor en France. Au XVIIe siècle, Jean-Baptiste La Quintinie, jardinier du gourmand Louis XIV, effectue de nombreuses plantations dans le Potager du Roi. Dès le siècle suivant, le développement à grande échelle de la culture des abricots dans l’Hexagone est lancé. Celle-ci ne cessera plus de se développer.
Légendes&traditions :
L'abricot est associé à Vénus, déesse de l'Amour. C'est un symbole sexuel féminin.
Selon une croyance très répandue en Espagne, l'abricot a le pouvoir d'éveiller la passion et le désir charnel. En Andalousie, les femmes qui ont mis des feuilles et des fleurs d'abricotier sous leurs jupes deviennent irrésistibles.
L'abricot est une drupe de couleur orangée à maturité, de 3 à 5 cm de large. C'est un fruit estival consommé depuis longtemps, largement apprécié et répandu.
L'abricot doit être récolté bien mûr, car il ne mûrit plus une fois cueilli. Sa chair est alors ferme, juteuse, sucrée et parfumée. C'est un fruit très apprécié frais, mais que l'on consomme également souvent séché. Il rentre également dans la préparation de confitures, de boissons, de pâtisseries et de divers plats salés.
Que boire à la plage avec un beignet à l’abricot ? 2 août 2015
Après le déjeuner, sur la place des Halles, nous prenions le car Citroën, parti de Nantes, pour aller à la plage des Sables-d’Olonne, il ne s’arrêtait qu’à Saint-Mathurin. Je tenais à la main ma pelle et mon seau. Le long mufle du car, sous lequel le moteur cliquetait, m’impressionnait. En blouse grise et casquette, le chauffeur délivrait, avec une drôle de petite machine à manivelle, les tickets. Nous allions nous asseoir sur la banquette du fond, où, à genoux, le dos tourné au sens de la marche, pendant toute la durée du trajet, notre seule préoccupation consisterait à observer l’impatience des conducteurs qui essayaient de nous doubler. Le double virage de la Cossonnière, marquant le passage à niveau de la ligne de chemin de fer, faisait tanguer la lourde carcasse du car, à la sortie le moteur vrombissait. Le skaï de la banquette collait à nos genoux dénudés. Je portais des va-nu-pieds, un short et sweet-shirt blanc. Afin de ne pas subir l’ire de nos mères nous évitions de crier nous contentant de faire grimaces et gestes pour nous moquer des malheureux qui peinaient à nous doubler. Nous étions en vacances mais nous n’allions pas tous les jours à la plage comme les estivants.
Lire la suite ICI il y a de belles photos.
Le temps des confitures des fruits d’été : une confiture de vigneron les 2 abricots à la vanille et au Gewurztraminer… ou un autre cru pour du cuit ?
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