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27 juin 2017 2 27 /06 /juin /2017 06:00
Faut-il refonder, comme le souhaite Me Morain, les appellations d’origine en convoquant des Assises ?

C’est le vœu d’Eric Morain, Cabinet Carbonnier Lamaze Rasle & Associés, « le célèbre avocat naturiste au Barreau de Paris, la diva des chais indemnes des poudres de perlin pinpin, le défenseur inlassable des causes perdues des vignerons rebelles terroiristes, de la lignée des stars du Barreau, tels les Floriot (1), Moro-Giafferi, grand amateur de bonne chère, de jus nus aux fragrances étranges et de barreau de chaise roulés sur les cuisses d'ardentes cubaines… » notice du Who's who

 

Lire ICI 

 

Ce cher Éric Morain souhaite qu’aux Assises on « Invite l'ensemble des acteurs de la filière viticole (et pas seulement ceux qui peuvent payer des stands ou venir en délégation...), les petits comme les grands, les bloggeurs, les cavistes, les associations de consommateurs, les restaurateurs, les mouvements culinaires. Donnons-leur la parole, écoutons-les si possible et prenons les bonnes décisions pour l'avenir. »

 

Le vieux blogueur que je suis, doublé d’un mécano qui a plongé ses mains dans le cambouis des appellations d’origine, s’il trouve méritoire d’en appeler à la refondation, reste perplexe sur la capacité et la volonté des nouveaux arrivants aux manettes du pouvoir à se mettre En Marche pour déconstruire et reconstruire l’appellation d’origine.

 

Trop tard !

 

C’est mon côté Douglas MacArthur.

 

L’affaire est pliée depuis que l'administration française a vendu à la Commission sa conception normative dans le règlement d'application de l'OCM sur les AOP IGP.

 

Et ce n’est pas faute d’avoir tiré en son temps la sonnette d’alarme.

 

Mais foin de regrets, ce matin je vais me contenter de rappeler comment : D’objet juridique non identifié l’INAO a muté en chambre d’enregistrement de signes de qualité…

 

À l’origine de l’appellation d’origine il y eut le protectionnisme : il s’agissait pour les vignerons de se défendre de l’usurpation par d’autres, des négociants principalement, du nom du lieu où étaient produits leurs vins.

 

Pour vous en convaincre je vous propose de lire Comment naquit L'INAO (chronique du 30 novembre 2006), première partie du rapport du Baron LE ROY, Président de l'INAO au 1er Congrès de l'Origine à Deauville juin 1948, la lecture en est instructive appliquée au temps présent :

 

« Cette création, contrairement à ce qu'on pourrait croire, n'a pas été une simple conception de l'esprit transformée ensuite en texte législatif. Elle est le fruit d'une longue entreprise de persuasion des Associations viticoles de producteurs de vins fins, conseillées et guidées, à partir de 1930, par mon regretté et éminent prédécesseur, le Président Capus, qui fut, en outre, leur interprète convaincant auprès du Parlement et du Gouvernement.

 

Quelle fut la genèse de cette institution ?

 

Elle prit naissance lorsque fut établie la solidarité de tous les producteurs de vins fins de France.

 

C'est à Alphonse Perrin, l'apôtre Champenois, que revient le mérite d'avoir songé à convoquer à Paris, en 1923, les présidents des syndicats de protection des appellations les plus agissantes. Il y avait là, autour de Perrin : d'Angerville, Laligan, Doyard, Checq, un ou deux autres dont j'ai oublié les noms, et votre serviteur, tout frais élu président du syndicat de Châteauneuf-du-Pape qu'il venait de créer. Le but principal de la réunion était de dégager les principes généraux du droit de l'appellation qui permettraient de trancher le conflit champenois opposant la Marne(Perrin) à l'Aube(Checq). C'est dire qu'il y fut longuement question des cépages et que la discussion y fut vive. En dépit de l'opposition de l'Aube, le rôle capital du cépage fut retenu. On peut affirmer que c'est là que naquit la loi du 22 juillet 1927 et l'arbitrage du président Barthe sur le problème champenois.

 

Mais il y eut un autre résultat constructif. Les présidents décidèrent d'adhérer à la Fédération des Associations Viticoles de France et d'Algérie et de s'y grouper en une section spéciale qu'ils dénommèrent plus ou moins heureusement : la section des Grands Crus. Pourquoi en ai-je été désigné le Secrétaire général, fonctions que j'ai exercées pendant douze ans ? Je me le demande encore.

 

En tout cas, la solidarité était née. Tous les syndicats de défense des appellations se firent inscrire à la Section des Grands Crus dans les deux années qui suivirent. Elle ne tarda pas à arrêter unanimement les grands principes indispensables et à élaborer une doctrine commune.

 

Mais, une fois ce résultat obtenu, il fallait encore arriver à convaincre les viticulteurs de la nécessité d'un effort de discipline et d'un effort financier, convaincre le Gouvernement qu'une organisation nouvelle était indispensable pour maintenir la qualité et la réputation mondiale des Grands Vins de France. Cinq autres années furent nécessaires... »

 

12 septembre 2007

 

Objet juridique non identifié : O comme INAO...

 

« L’INAO étant un établissement public sui generis, doté d'un personnel sous statut Gaillard (du nom de Félix, l'autre charentais, le plus jeune président du Conseil de la IVe.

 

Tout ça pour dire que l'INAO, en ce temps-là, avait quelque chose d'exotique : un étrange cocktail d'autogestion professionnelle et de gestion publique qui m'a fait le qualifier d'objet juridique non identifié, ce qui pour moi était un compliment.

 

Avec une telle approche, face au goût immodéré des anglo-saxons pour le droit non écrit donnant aux tribunaux et aux lawyers des espaces infinis, nous dressions une muraille immatérielle qui s'opposait à l'uniformisation du monde. Un bel avantage, dix longueurs d'avance, pour parler vulgairement, ils y bitaient que dalle nos petits Paganini des prétoires avec Votre Honneur incorporé comme à la télé. Une grande part de la réussite incontestable de l'AOC tenait à ce mariage heureux du droit privé et du droit public.

 

Les professionnels français pilotaient une multitude de chouettes conduites intérieures, gentiment désuètes, indémodables, inimitables et, par une forme prononcée de suffisance, d'inconséquence, ils se sont engouffrés dans des cars pour voyages organisés.

 

Bien évidemment, comme toujours dans ce type de périple, le micro du cicérone était tenu par le commissaire du gouvernement. À partir de là, on ne savait plus qui faisait quoi, ou si, plus exactement, les fonctionnaires se piquaient de faire dans le stratégique, ils pensaient, et les professionnels du Comité National, tout en poussant des cris d'orfraies sur l'insupportable mainmise publique, s'occupaient de l'intendance du quotidien qui plaisait tant à la base et le Ministre disait amen (le mien y compris). Certains ont tenté de ruer dans les brancards, de proposer, de choisir. On leur demanda d'aller exercer leurs talents ailleurs.

 

Face à cette dérive, les nouveaux entrants : produits laitiers et autres, suite à la réforme de 1990, que j'ai défendu au Conseil d'Etat, après un temps d'observation, constatant la cécité des représentants du vin et ne se laissant pas éblouir par leurs faux-semblants, petit à petit ont pris le pouvoir, puis profitant de leur entregent dans les allées du Pouvoir ils ont fait prévaloir une conception normative de l'AOC. En clair, face à une production agro-alimentaire de masse, formatée, incolore, inodore et sans saveur, l'AOC devient la pointe de la pyramide des signes de qualité.

 

Le tour est joué. On se noie dans les logos : rouge, vert et je ne sais quelles autres couleurs. On érige le contrôle extérieur en principe fondateur.

 

Le directeur du CIVB a raison de confier à Jacques Dupont dans le Point : « C'est en quelque sorte une OPA amicale mais ferme, qui donne le sentiment que tout continue comme avant, alors qu'il n'en est rien »

 

Est-ce pour autant une « nationalisation » de l'INAO ?

 

Une mainmise de la machine étatique sur le secteur ?

 

La réponse est clairement non. Il s'agit tout bêtement de la pure insertion du vin dans le grand Meccano de l'agro-alimentaire.

 

Bien plus que les débats récurrents sur l'opposition entre vins artisanaux et vins industriels, les nouveaux tuyaux, si aucun tri n'est fait en amont, vont plus que jamais formater les vins d'AOC.

 

Faut-il le regretter ?

 

Oui, si la nouvelle mécanique confiée à des « experts extérieurs » – l'externalisation ne règle rien si on ne se met pas d'accord sur les règles du tri - exclut les originaux, les non typiques, les francs-tireurs, les inventeurs au profit du gros du peloton et des éternels trainards.

 

Non, si les patrons du gros du peloton assument le statut d'un peloton en acceptant de reconnaître qu'il n'est pas homogène. En clair, avant de mettre le vin dans les tuyaux préoccupons-nous de la vigne et du raisin : la ressource ; laissons la responsabilité première à ceux qui font le vin pour le vendre sous leur signature ou ceux qui le font faire pour le vendre sous leur nom pour traiter ceux qui font leur vin sans souci de ceux qui l'achètent...

 

9 juin 2008

 

Le CAC 51 : le croskill de la qualité des vins AOC

 

« Le pire du pire était peut-être à venir », car dans le règlement d'application de l'OCM sur les AOP IGP, l'administration française a vendu son idée de « vérifier l'appartenance à la famille » et la Commission, bonne fille et elle aussi adoratrice des normes, l'a reprise dans son texte.

 

Ce n’est pas encore plié mais il va falloir batailler sec. Moi qui suis mauvaise langue je ne peux m’empêcher de penser à haute voix, et de l’écrire, que le biseness du contrôle a de beaux jours devant lui et que ça va douiller dans les caveaux. Après le système 100% passoire voilà le système 1000% croskill : où comment écraser les libellules avec un marteau-pilon.

 

Je reste bouche bée d'admiration devant l’expression la plus «raffinée» de notre génie national pour inventer, non des usines à gaz, mais des essaims de tamponneurs en blouse blanche accumulant des liasses sur des paillasses de salles de dégustation high-tech… »

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