Se lever tôt présente bien des avantages, en ce moment ça me permet de profiter de la fraîcheur du matin, tout particulièrement d’écouter à la radio des gens que l’on n’entend pas autrement ou d’écouter des chansons qui ne passent aux heures de grande audience.
C’est ainsi que j’ai pu découvrir le livre de Lisa Vignoli Parlez-moi de lui chez Stock, où elle extrait de l’oubli un garçon que j’ai connu lors d’une soirée à Grenoble, en 1974, Jean-Michel Gravier, « qui n’était personne… il était tout »
Mardi j’ai aussi découvert une superbe interprétation de l’Aigle Noir de Barbara par Juliette Armanet.
C’est l’une des 13 “femmes qui chantent” Barbara dans l’album “Elles & Barbara” sorti le 9 juin.
- La solitude – Zazie
- Nantes – Jeanne Cherhal
- Göttingen – Julie Fuchs
- Si la photo est bonne – Dani
- Le soleil noir – Angélique Kidjo
- Dis, quand reviendras-tu ? – Nolwenn Leroy
- Mon enfance – Louane
- Marienbad – Daphné
- Gueule de nuit – Olivia Ruiz
- Cet enfant-là – Virginie Ledoyen
- L'aigle noir – Juliette Armanet
- Parce que je t’aime – Élodie Frégé
- C’est trop tard – Melody Gardo
Jamais dans l'imitation stérile, mais dans la ferveur heureuse des retrouvailles, chacune à sa façon, chacune à sa manière, avec grâce et gourmandise, “Elles” célèbrent Barbara. »
« Un album comme une célébration de celle dont la poésie et la justesse des mots touchent en plein cœur aujourd’hui encore, 20 ans après sa disparition.
Ses chansons sont d'hier, de toujours et à jamais. Elle disait «ma vie de femme, c'est peut-être la vie des femmes. Ma vérité se trouve bizarrement être la leur ».
Elle chantait : « Dis, quand reviendras-tu ? Dis, au moins le sais-tu ? »
Avec ce disque, avec ces femmes d'aujourd’hui qui la saluent, Barbara est revenue »
Comme un trait d’union entre Barbara et Jean-Michel Gravier : j’en profite pour citer un passage du livre de Lisa Vignoli :
« Est-ce qu’il faut tant souffrir pour réussir ? Pour sortir ça de soi ? Il n’y arrivera jamais alors. Oui, sa famille a été déracinée, déplacée, déménagée, ce que vous voudrez. Comme s’ils étaient les seuls pieds noirs après 1962 ! Que fait-on, dans une vie, de parents aimant, d’un frère complice et d’une sœur maternante, d’un appartement bourgeois dont chaque recoin croit en nous ? Son public ? Il a le sien depuis toujours.
Depuis Bobino, en septembre 1965, où elle a entamé sa tournée et touché le succès Barbara ne s’est pas remise de l’amour qu’elle reçoit. Elle en a fait un morceau qu’elle a chanté pour la première fois dans les semaines qui ont précédé sa venue à Grenoble.
Ce fut un soir en septembre
Vous étiez venus m’attendre,
Ici même, vous en souvenez-vous ?
À vous regarder sourire,
À vous aimer, sans rien dire…
Alors, dans cette selle, au milieu des briquets qui, d’émotion, ne trouvent plus leur rythme, i la regarde et il se dit qu’un jour il sera là, derrière le rideau. Prêt à l’interviewer. Elle, transie de succès, ui, la voix plus chevrotante encore. Un relais. Un admirateur utile. Ce serait peut-être comme ça qu’il se ferait connaître. Un vecteur, un passeur.
« Grenoble 1966 » ? Elle le reconnaîtrait. Il lui dirait qu’elle fait partie des femmes qui l’ont arraché à cette vie qui aurait pu être simplement heureuse, s’il n’avait pas décidé de l’extraire de l’ordinaire. »