Le monde du vin demeure encore très couillu, les mâles y sont dominants, du cep au verre en passant par le chai. Au temps du gros jaja madame Michu achetait le litron familial à l’épicerie, depuis les ménagères de plus de 50 ans, qui font les courses en GD, continuent d’ajouter au caddie la boutanche chérie de monsieur.
Dans le monde de ceux qui s’auto-désignent grands amateurs ou comme des amateurs éclairés, la femme n’a guère le droit de cité. Sur le site de la LPV les mâles règnent en maître.
La RVF et BD ne sont pas mieux lotis en dépit de strapontins concédés à quelques plumes féminines.
Dans les vignes et dans les chais, même tarif, même si, là encore, la féminisation progresse à tout petit pas, elle un peu surexposée dans la communication pour contrecarrer l’image virile qui prédomine encore dans le secteur.
Du côté des sommeliers, les sévèrement burnés tiennent encore largement le haut du pavé.
Pour les cavistes, même chez les naturistes, la caviste reste toujours une denrée rare. À Paris, l’extension du domaine de la femme caviste est en Marche, rien à voir avec notre jeune Président, et c’est heureux.
Chez les journalistes, si tant est qu’il existât des journalistes du vin, la part féminine reste congrue. Les vieux mâles dominants font de la résistance.
Au rayon consommation, au grand dam des hygiénistes les femmes s’adonnent de plus en plus avec délice aux plaisirs du vin. Elles vont sans complexe dans les bars à vin, chez les cavistes, savent ce qu’elles veulent, dament le pion à la flopée de gros cons qui se la pètent.
Que du bonheur pour mon vieux cœur d’homme qui aime les femmes !
D’ailleurs cette chronique est dédiée à mes 3 Claire : celle du Lapin Blanc sommelière, celle d’ICI Même caviste et Claire Naudin vigneronne, à Isabelle Perraud vigneronne et blogueuse, à Laurence Rousselin vigneronne, à Cécile Macé sommelière de Giovanni Passerini, à Fleur Godart vendeuse de vins et écrivaine, à Mareva Saravane sommelière à Amarante, à Camille Delaunay vendeuse de vins sur son vélo…
À ce stade de ma chronique, qui va ravir mes lecteurs mâles, je me dois de faire la promotion de la révolte d’une poignée de femmes face à l’impérialisme masculin du vin.
Women do wine est une nouvelle association, née officiellement en avril 2017 et créée par un petit groupe de professionnelles du monde viticole.
Une association destinée à mieux défendre la cause des femmes dans ce milieu, qu'elles estiment insuffisamment « mises en lumière ». Parmi elles, Sandrine Goeyvaerts, caviste, écrivain et blogueuse belge, en est à l'origine. «Tout est parti d'un prix que j'ai décroché en 2014 du « Blog de l'année », dans le cadre des Trophées du vin organisés par la Revue des vins de France (RVF), témoigne celle-ci. Sur le diplôme que j'ai reçu était mentionné « Homme de l'année »... Cela m'a fait rigoler mais aussi réfléchir », poursuit Sandrine Goeyvaerts. En examinant les palmarès attribués chaque année, celle-ci se rend compte que les femmes récompensées étaient aussi très peu nombreuses, voire « oubliées ».
Des constats qu'elle partage et dénonce au travers de billets sur son blog et d'un hashtag lancé sur les réseaux sociaux en janvier 2016, « #WomenDoWine », qu'elle demande de partager et qui remporte « un fort engouement » auprès de la "blogosphère viticole". Mais en 2017, rien ne change, en dehors du nouveau nom donné au concours de la RVF : des « Hommes du vin », on passe à « Grands prix du vin ». Au palmarès, toujours aucune femme... Qu'importe, le collectif est né, décidé à se battre, et ses réflexions déboucheront bientôt sur la création d'une véritable association.
Très bien ! Sauf que ça reste entre professionnelles du vin, l’entre soi classique du milieu vineux. Manque le dernier chaînon de la coalition : la simple consommatrice de vin…
Je ne doute pas que cet esprit d’ouverture va infiltrer la nouvelle association.
Enfin, pour faire chic, un peu de jus de tête à propos du jus de treille :
« Socialement, il est globalement mieux perçu d’être une femme abstinente qu’un homme abstinent en France… » écrit Matthieu Lecoutre dans Le goût de l’ivresse.
Témoignage de Vincent, 28 ans, abstinent depuis 3 mois en mai 2014 cité dans « Le genre de l’abstinence » H. Pentecouteau et O. Zanna.:
J’ai presque honte de refuser de prendre de l’alcool alors que mes amis boivent autour de la table. Ce qui est aberrant, je le conçois. Car il faudrait au contraire pouvoir être fier de s’arrêter de boire. Je trouve que l’alcool est très lié à la virilité et à la manière dont je me perçois en tant qu’homme. Refuser de boire, pour moi, c’est refuser d’être un homme.
«Dans la culture populaire, boire de l’alcool donne un genre, il masculinise. En revanche, ne pas boire féminise : à défaut de troubler la raison, il trouble le genre»