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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 08:00
CHAP.19, temps suspendu, « Macron, c'est moi en mieux! » Sarkozy, ça plane pour Macron, ça patauge pour Mélenchon.

Après la longue et intense poussée de fièvre de la Présidentielle, il règne dans notre pays une étrange atmosphère, molle, désabusée, mélangée à une forme d’adoration de ce nouveau Président si doué pour réveiller notre orgueil national lorsqu’il se produit sur la scène internationale face aux gros bras de Trump et de Poutine. Tout lui réussit et, pour le dire plus vulgairement, « il semble avoir le cul bordé de nouilles », ce jeune homme, propre sur lui, semble intouchable, aucune éclaboussure, du type Ferrand ou la « blague glauque » sur les Comoriens, ne souille ses habits de nouveau Roi de France. Comme le chantait le peroxydé Plastic Bertrand, ça plane pour lui, et les sondages nous promettent un tsunami aux législatives.

 

Même que notre Lapin Duracell reconverti dans l’hostellerie s’esbaudit : « Avec l'âge, je suis devenu modeste: Macron, c'est moi en mieux! », aurait-il confié en privé. Une boutade qui montre, outre la haute estime de lui-même de l'ancien président, que ce dernier est épaté par les premières semaines du quinquennat d'Emmanuel Macron. Bluffé le p’tit Nico : « Si ça marche, c'est un génie » avant d’ajouter « Ce type est incroyable! Il fait un sans-faute. S'il ne commet pas les erreurs que j'ai faites, il va aller très loin, on ne pourra pas l'arrêter »

 

Et pendant ce temps-là, le conducator des insoumis pédale dans la semoule du côté de Marseille. Raillé sur les réseaux sociaux :

 

« Si Jésus a mené un tel combat en faveur des plus démunis, c'est avant tout parce qu'il s'est inspiré du parcours de Mélenchon »

 

Le Jean-Luc rumine : Dans le magazine Society de jeudi, il confie que « cela faisait une semaine [qu'il se] préparait pour le second tour ». La déception est immense. Il aura mis du temps à réaliser. D'autant qu'il l'assure: en cas de qualification, « j'aurais plié n'importe qui, Macron inclus ».

 

Le leader de la France insoumise qui n'a jamais caché son mépris pour François Hollande, dans cette interview se lâche :

 

«Je m'en moque de François Hollande. Un pauvre type. La plus éminente médiocrité du PS des années 2000», commence le candidat à Marseille pour les législatives. Il continue : «Il était à l'ENA, même pas bien classé. Il est sorti de là, est passé d'un poste à l'autre, fondu dans la grisaille.» Toutefois, Mélenchon concède quand même à l'ancien chef de l'Etat : «Mais il est marrant, toujours la blagounette aux lèvres.»

 

Pour le nouvel éructeur, la carrière de Flamby a décollé grâce à sa nomination à la tête du PS, le temps que Lionel Jospin soit Premier ministre : «Lionel s'est dit qu'il tiendrait la boutique sans histoire le temps qu'il gagne la présidentielle. Personne ne se préoccupait de lui. On discutait directement avec Lionel, le grand chef à Matignon. Mais lui, pendant ce temps-là, une petite pizza avec celui-là, des raviolis avec l'autre, et les fêtes de la Rose par-dessus tout ça... Il a été au bon endroit, au bon moment. Il était l'ami de tous les bureaucrates du PS.»

 

Il brocarde François Hollande « le genre de gars qui devait arracher les ailes aux mouches quand il était gamin »

 

Mais il justifie aussi sur son refus d’appeler à voter Macron contre la « folle » dans l’entre-deux-tours. Il était avant tout destiné à garder dans son giron les « petites gens » : « La France insoumise est un lieu de convergence entre une gauche extrêmement radicale, celle des quartiers populaires, et des gens plus sensibles au profil humaniste du projet. […] Si j’appelle à voter Macron, tout vole en éclats »

 

Il cause aussi de sa rencontre avec l’Amérique du Sud qui est, pour lui, une source d’inspiration inépuisable. Méluche pense que « nos sociétés latines sont un miroir des pays d’Amérique latine » et il veut sortir de « la gauche traditionnelle [qui] ne comprend les révolutions qu’à partir des usines et du programme socialiste ». « Pour moi, l’acteur de l’histoire, c’est le peuple. Pas seulement la classe ouvrière »

 

Sur les législatives, lui qui voulait imposer à Macron une «cohabitation» insoumise semble avoir revu ses ambitions à la baisse. À Society, il dit désormais ambitionner d'avoir un groupe à l’Assemblée nationale (soit 15 députés minimum) et annonce à demi-mot qu'il infléchira légèrement la stratégie de son mouvement pour la rendre plus rassembleuse : il évoque ainsi la constitution d'« un nouveau Front populaire » pour s’attaquer à la politique de Macron et avoue (à dessein ?) ses regrets que Benoît Hamon ou Marie-Noëlle Lienemann n’aient pas quitté le PS pour le rejoindre : « J’aurais tellement aimé qu’ils soient là. »

 

Comment s’écrira la suite ? Élu ou pas aux législatives, Mélenchon descendra dans la rue pour accompagner le mouvement social à venir. Un mouvement qu’il prédit proche, massif et révolutionnaire. « Vous ne pouvez pas savoir quelle sera la mèche… Mais elle brûle déjà », affirme-t-il. Quel sera alors le rôle de La France insoumise ? « Qu’est-ce qu’on fait avec ces 500 000 Insoumis ? […] À cette heure, je réfléchis encore. »

 

La prime au gagnant, la déprime aux perdants

 

« L'effet d'entraînement pour le président est énorme », observe Jérôme Fourquet de l'Ifop. « Toute l'attention est focalisée sur Emmanuel Macron et son gouvernement. En réalisant un quasi sans faute, notamment sur la scène internationale, il a encore marqué des points. »

 

Dans le même temps, "les partis battus, c'est valable pour La France insoumise comme pour le FN, voient leurs électorats frappés par la démobilisation. Ils se disent : 'on y a cru, on a perdu, on rend les armes.'" L'impression d'un début de quinquennat réussi sur la forme conjugué à cette démobilisation compliquent la tâche de La France insoumise. D'autant plus que ce mouvement, par la structure sociologique de son électorat, souffre davantage que les autres de l'abstention. "Aux législatives, les jeunes et les classes populaires s'abstiennent plus que les autres. Parmi les électeurs mélenchonistes de banlieue, beaucoup manqueront à l'appel", prévoit Jérôme Fourquet. Une écrasante majorité de députés macroniens se profile dans les sondages. On parle de 320 à 400 sièges.

 

Un « caporal » sans troupes ?

 

C'est l'une des leçons d'il y a cinq ans. « Son entourage en a gardé une très grande frustration », explique un cadre local de La France insoumise. En 2012, Marine Le Pen fait plus de 6,4 millions de voix à la présidentielle et 3,5 millions aux législatives avec sa seule tête sur les affiches. Mélenchon, lui, s'est retrouvé avec un seul élu de son parti et c'est le PC qui a capté l'essentiel des financements publics. « Cette donnée explique aussi pourquoi Mélenchon et son mouvement ont présenté cette fois des candidats presque dans tout le pays. Ils ont besoin d'argent pour durer. »

 

Il tire, dit-il dans Society, une certaine fierté à avoir « tourné la page de tout le bazar du Front de gauche, des cartels de groupuscules », il ne veut pas rassembler la gauche mais « remplacer le PS ».

 

« La recomposition ne se fera pas dans un colloque ou sur une piste de danse à La Bellevilloise, ça va se régler au bulletin de vote »

 

Eric Piolle, le maire EELV qui avait appelé à voter Mélenchon en avril contre l'avis de son parti, a critiqué cette stratégie. « Il aurait pu se positionner comme chef d’orchestre, il a choisi de rester dans sa forteresse. Il a choisi d'être caporal »

 

En attirant à lui presque toute la gauche radicale et des électeurs socialistes au premier tour de la présidentielle, Mélenchon avait, de fait, précisément rassemblé la gauche. Selon l'analyse de Jérôme Fourquet : « L'offre politique sera cette fois différente. Il va se heurter à des socialistes bien implantés, et des électeurs socialistes peuvent être tentés de revenir au bercail. Il y aura aussi des écolos, des communistes. Ces candidats-là vont lui prendre des voix. »

 

Et pendant ce temps-là Macron joue à la standardiste de l’Elysée :

 

Emmanuel Macron s'est offert un (nouveau) joli « coup de com » ce vendredi en rendant visite au personnel en charge du standard téléphonique de l'Élysée. Diffusée en direct sur Facebook, la rencontre débute par un échange cordial, le président de la République questionnant les standardistes sur la proportion d'appelants mécontents, avant de conclure: « Quand il y a des grèves, ça doit être terrible. Parce que non seulement il y a les grèves, mais en plus vous vous faites engueuler au boulot ».

 

Le locataire de l'Élysée s'est ensuite prêté au jeu en répondant personnellement à quelques appels de citoyens chanceux, parfois animés de grandes ambitions: « Vous vous donnez combien de temps pour être élu président? Préparez-vous. De toute façon il faut du renouvellement », a ironisé le chef de l'État avant d'adresser un « merde pour le bac »et un « joyeux anniversaire » à son interlocuteur.

 

Emmanuel Macron s'est également entretenu avec un étudiant en cinéma à Grenoble puis un étudiant en droit qui semble lui avoir adressé un bon conseil: « C'est une très bonne suggestion. On va regarder ça. Est-ce que vous pouvez laisser vos coordonnées? », a-t-il lancé.

CHAP.19, temps suspendu, « Macron, c'est moi en mieux! » Sarkozy, ça plane pour Macron, ça patauge pour Mélenchon.

Législatives : la fin d’une campagne invisible

 

Des réunions publiques clairsemées, pas de grands meetings… cette campagne n’a guère mobilisé les électeurs, comme engloutie par la présidentielle qui l’a précédée.

 

LE MONDE | 10.06.2017 par Patrick Roger

 

C’est un probable tremblement de terre qui se prépare à l’Assemblée nationale, les 11 et 18 juin. Pourtant, cette campagne des élections législatives n’aura guère mobilisé les électeurs, comme engloutie, absorbée par la présidentielle qui l’a précédée.

 

Peu d’assistance aux réunions publiques, pas de grands meetings, des candidats qui doivent affronter l’indifférence des passants lors de leurs distributions de tracts, à l’image du premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, tractant sur un marché du 19e arrondissement de Paris sans que personne ne s’arrête. Une campagne invisible, ou presque.

 

Drôle de paradoxe. Pour les candidats « macronistes » aux élections législatives, le seul programme qui vaille est celui du président élu. L’unique slogan : « Donner une majorité au président » pour lui permettre de l’appliquer.

 

Les candidats du parti Les Républicains (LR) se sont au contraire empressés de mettre au pilon le programme de leur candidat battu. Exit la hausse de 2 points de la TVA, place à une baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu pour tous les ménages. Là où François Fillon évoquait une baisse du nombre de fonctionnaires de 500 000, LR ne parle plus que de 300 000. LR prévoit également le retour à la défiscalisation des heures supplémentaires, que M. Fillon excluait. Et ainsi de suite.

 

Une formalité

 

En définitive, l’argument essentiel brandi par les oppositions – de La France insoumise au Front national en passant par le PS et LR – se sera limité à « ne pas donner tous les pouvoirs au pouvoir ». « Trop de pouvoir tue le pouvoir », répètent à tour de rôle les dirigeants du PS et de LR, qui, alternativement, ont disposé d’une majorité absolue à l’Assemblée. Mais le discours n’imprime plus.

 

« La marque Parti socialiste est totalement dévaluée, reconnaît l’ancien ministre Jean-Marie Le Guen. Le Parti socialiste ne porte plus rien. »

 

C’est la conséquence implacable, la loi d’airain instillée par le calendrier électoral depuis 2002, qui voit les élections législatives succéder à la présidentielle. En un mois, les électeurs constatent que le président de la République s’est emparé des attributs du pouvoir, s’invite dans les sommets internationaux, un gouvernement a été formé, qui commence à promouvoir ses premières réformes. Les partisans des candidats battus à la présidentielle semblent déjà s’être installés dans l’opposition. Les élections législatives s’apparentent presque à une formalité, un dernier épisode de la séquence électorale ouverte depuis septembre 2016 avant que la machine du pouvoir ne se mette… en marche.

 

Les « affaires » de retour

 

Seules anicroches dans ce scénario a priori bien huilé : les « affaires » ont de nouveau fait la « une » des journaux. Les soupçons de conflits d’intérêts privés pesant sur le nouveau ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand, justifiant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet, ont parasité le lancement de la « moralisation de la vie publique » voulue par Emmanuel Macron et François Bayrou.

 

« La promesse de probité, d’intégrité, d’exemplarité est morte », juge Xavier Bertrand (LR), qui estime l’attitude de M. Macron « incohérente par rapport à toutes ses déclarations passées ». « Ce projet est aujourd’hui décrédibilisé », ajoute-t-il. Jean-Luc Mélenchon se réjouit de voir le « donneur de leçons » M. Ferrand « épinglé ». « Tant que Ferrand ne démissionne pas, il est un discrédit pour tout le gouvernement », tonne-t-il. Pour Marine Le Pen, cette affaire « ressemble fichtrement à l’affaire Fillon ». Elle y voit « une rupture morale ».

 

Le MoDem, le parti du garde des sceaux, est lui aussi pris dans la tourmente, à son tour soupçonné d’avoir rémunéré des permanents du parti sur des contrats d’assistants parlementaires au Parlement européen. Le MoDem réfute ces accusations, mais cela suffit à éveiller les doutes. Comme des relents de vieilles pratiques qui jettent une once de suspicion sur le slogan du renouvellement.

 

 

 

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P
MELENCHON ? " Words,words,words " Hamlet - Acte II Scène II
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