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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 08:00
CHAP.19, temps suspendu, l'affaire Ferrand, c'est le tweet de Valérie Trierweiler. «Si nous évitions d'acheter des vins français, et achetions des vins de l'État de New-York, de Gaulle serait rapidement sur les genoux»

Nous vivons une époque formidable qui aurait ravi le Grand Charles, pensez-donc un trublion venu du diable vauvert vient, en une poignée de mois, de faire imploser le « régime des partis ». À peine élu, après une remontée des Champs Elysées en command-car, profitant d’une séquence internationale qui tombait à pic, puis de la dernière frasque de ce fou dingue de Trump, le petit gars en impose aux 2 Grands du temps du Général : les Ricains et les Ruskoffs ! Broyer la main de la grande andouille peroxydée, mettre le nez de Poutine dans ses savantes manœuvres d’ex du KGB avec sa presse à la botte et ses hackers, et pour finir en pleine nuit retourner comme une crêpe la formule de Trump, ça plaît aux Français.

 

Ça booste, en dépit du caillou Ferrand, ses candidats aux législatives, du moins dans les sondages, ce ne sera peut-être pas la Chambre bleue horizon ni la Chambre rose de 81, mais le PS va toucher le fond, les Insoumis de Mélenchon et les fronts bas de MLP risquent de ne pas tirer les dividendes espérés de leurs beaux scores présidentiels.

 

Le cas d’école de l’atterrissage sur le ventre est bien celui de la Méluche qui délire sur son triste sort. Comment a-t-il pu une seule seconde croire que sa remontada pour dépasser Fillon et MLP aurait débouché sur un second tour victorieux face à Macron. Y’ a rien de Mitterrand chez Mélenchon, son attitude à nouveau vindicative en est la démonstration.

 

Bref, revenons à de Gaulle :

 

« En 1966, le Président Lyndon Johnson veut contenir le communisme, et déverse ses troupes, ses avions, ses bombes, pour protéger son protectorat du Sud Vietnam contre le Nord de Ho Chi Minh. De Gaulle lui dit que c’est inutile, depuis un moment, et que la victoire est impossible, mais cette fois le clame dans un pays voisin du Vietnam, au Cambodge qui veut préserver sa neutralité.

 

«Eh bien! La France considère que les combats qui ravagent l'Indochine n'apportent aucune issue. S'il est invraisemblable que l'appareil guerrier américain vienne à être anéanti sur place, il n'y a, d'autre part, aucune chance pour que les peuples de l'Asie se soumettent à la loi de l'étranger venu de l'autre rive du Pacifique, quelles que puissent être ses intentions et si puissantes que soient ses armes.»

 

On a bien entendu: «La loi de l’étranger», la croisade US pour la liberté! Le Général est reçu au Cambodge en héros. Le prince Sihanouk, ce roitelet de tourmentes qui côtoyait le communisme pour se préserver du chaos, le compare à un saint médiéval, qui vaincra les dragons: «Notre monde actuel, où tant de peuples sont victimes d'injustices ou subissent des actes de guerre, a le plus grand besoin de modernes "saints Georges", qui osent défendre, même contre le gré de leurs alliés, la justice, le bon droit et la paix.» On récite des poèmes à sa gloire. La France, par son chef, ayant rompu les rangs de l’Occident, est la marraine des peuples contre l’Empire!

 

La France ingrate

 

L’Amérique le vit mal. La France est ingrate, qui oublie ceux qui l’avaient libérée! En mars, De Gaulle est sorti de l’OTAN, et le GIs quittent le sol français. Voilà bien ce pays insolent, qui poignarde le camp de la Liberté! Un Représentant de l’Etat de New York, Samuel Stratton, défend à la Chambre des représentants un isolement commercial de la France. Les touristes doivent désormais boycotter Paris, dit-il, et mieux encore: «Si nous évitions d'acheter des vins français, et achetions des vins de l'État de New-York, de Gaulle serait rapidement sur les genoux», lance Stratton.

 

Ces réactions seront un classique. Une génération plus tard, en 2003, quand un autre pouvoir français défie un autre pouvoir américain, des passionnés débaptisent les french fries pour les renommer freedom fries, les frites de la liberté! on moque en Amérique les défaites historiques des armées françaises, on dénonce l’antisémitisme qui ravagerait notre pays; on fustige l’épaisseur musquée de nos fromages. On fait payer, en somme, au Président Jacques Chirac et à son ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, interprète d’un discours à l’ONU qui l’accompagnera le reste de son âge, d’avoir voulu gêner les plans irakiens de l’administration Bush, défiés verbalement quand leur guerre était déjà prête. «L'usage de la force ne se justifie pas aujourd’hui a dit Villepin, applaudi dans l’enceinte de l’Assemblée générale. Une telle intervention pourrait avoir des conséquences incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et fragile. Elle renforcerait le sentiment d'injustice, aggraverait les tensions et risquerait d'ouvrir la voie à d'autres conflits.» Qui, aujourd’hui, aux Amériques, voudra ou pourra punir Macron?

 

De Gaulle, Villepin, Macron

 

En 51 ans, c’est la troisième fois que la France mène une fronde contre l’Amérique indigne. De Gaulle 1966, Villepin 2003, Macron 2017, participent d’une même histoire. Le pays rétif, le pays qui dit non, regarde le géant. Il proteste de son amitié, et n’en frappe que plus violemment. Macron, moquant Trump et ses slogans de mirliton, unifiant le monde contre lui, précise que l’Amérique est notre allié contre le terrorisme. Villepin entretenait une relation amicale avec le secrétaire d’Etat US Colin Powell et avait été ambassadeur à Washington, et Chirac, vendeur de glace et amoureux d’une young lady locale, Florence Herlihy, lors d’un périple de jeunesse. De Gaulle, en 1966, faisait vibrer «l'amitié exceptionnelle et deux fois séculaire» que la France portait à l’Amérique, mais le compliment intégrait la perversion: la France avait aimé l’Amérique, en raison de ses principes: «l’idée que, jusqu'à présent elle s'en était faite, savoir celle d'un pays champion de la conception suivant laquelle il faut laisser les peuples disposer à leur façon de leur propre destin.» Les principes bafoués, l’amitié n’était plus une excuse. C’était l’Amérique qui se trahissait en contraignant les Vietnamiens, fussent-ils rouges, et De Gaulle l’invitait à se reprendre: «En prenant une voie conforme au génie de l'Occident, quelle audience les États-Unis retrouveraient-ils d'un bout à l'autre du monde et quelle chance recouvrerait la paix sur place et partout ailleurs!»

 

Nous vous aimons, américains, et ne vous pardonnons pas de déchoir, car vos manques blessent toute l’humanité. «Aucun Etat ne peut s'ériger en gardien du monde», insiste Dominique de Villepin en mars 2003, alors que les soldats de Bush se battent en Irak. «La force ne doit être qu'un dernier recours parce que cet usage risque d'aviver les plaies du monde», ajoute-t-il. De Gaulle n’en disait pas moins à Phnom Penh, avertissant que la guerre, si elle n’était jugulée, condamnerait le monde «à des malheurs toujours grandissants». Macron parle à l’unisson, pour qui Trump commet «une faute pour l’avenir de notre planète», faisant risquer, à «nos enfants», «un monde fait de migrations, de guerres, de pénuries».

 

Tout l’article Quand De Gaulle, contempteur de l’Amérique, annonçait Macron

 

Claude Askolovitch — 03.06.2017 - ICI 

 

Comme les politiques, les journalistes politiques ont du mal à décrocher, c’est le cas de François Bazin, ancien chef du service politique de L'Obs, qui passe au scanner cinq années qui ont transformé la politique française. Comme la lame d'un chirurgien, sa plume, alerte, imagée et éclairée, dissèque avec minutie le mandat de François Hollande. Ses coups d'éclat oubliés, ses retentissants ratés, ses erreurs répétées. « C'est le seul livre sur Hollande qui n'a pas été dicté par Hollande », ironise-t-il quand on lui demande ce qu'on apprendra de plus – son ouvrage venant après des dizaines de milliers de pages consacrées au président déchu.

 

Sur Macron, comme tout le monde, il n’a rien vu venir, mais ça ne l’empêche pas d’affirmer que l'affaire Ferrand, c'est le tweet de Valérie Trierweiler

 

Avec les mêmes effets ?

 

On ne sait pas.

 

Là où c'est très ennuyeux, c'est que la séquence pré-législatives devait être dominée par loi sur la moralisation. Or c'est raté. Ce qui domine, ce sont les atteintes à cette moralisation par l'un des principaux ministres. Emmanuel Macron a fixé le thème, mais le thème s'est inversé. Ce genre de premières impressions reste et imprime profondément l'opinion. Cela va au-delà de la crise passagère et colore le mandat. Le tweet de Valérie Trierweiler a coloré le début de quinquennat Hollande et cette «coloration» a été rappelée par l'affaire Julie Gayet et la sortie de Merci pour ce moment. L'opinion s'est dit : « Cet homme n'est pas normal.»

 

  • Dans ces quinze jours réussis, l'affaire Ferrand est-elle la première erreur du président Macron ?
  •  

Il a choisi une ligne de communication : l'absence. Il a fait rapporter son message par son porte-parole. Mais, dès le soir même, il est rattrapé par la patrouille. On a des images de nuit, à Vannes, où on a l'impression qu'il fuit. Sa ligne de communication est de ne pas apparaître ; il est apparu encerclé par des journalistes avec des questions répétées entraînant des réponses dilatoires et un certain énervement. Or Jupiter ne s'énerve pas : il met une claque ou reste sur son nuage en entretenant le mystère. Il ne va pas comme un petit bonhomme sous les flashs des caméras.

 

Reste à encore épingler ce pauvre Onfray et à revenir sur ce pauvre Méluche :

 

Onfray à la une des hebdos: la philosophie pour les nuls et les beaufs réacs

 

Inutile d'aller au bistrot pour y écouter les analyses de René entre deux tournées de beaujolais, il suffit cette semaine d'acheter l'Obs et Valeurs actuelles. Et d'y lire Michel Onfray présentant son dernier ouvrage, consacré à la campagne présidentielle achevée. C'est poilant.

 

Dans Valeurs actuelles, Onfray disserte avec André Bercoff. Qui présente lui-même la chose ainsi « mon entretien avec le philosophe Michel Onfray qui flingue allegro furioso les clowns qui nous égarent ».

 

Le texte final est conforme à la promesse. Ça ne vole pas très haut. Il faut dire qu'on est entre amis désormais, du côté de la France rance. Retenons que Macron est pire que les plaies qui accablèrent l'Egypte quand Moïse décida de montrer à Pharaon qu'il fallait le laisser partir avec son peuple.

 

Dans l'Obs, l'entretien est moins complice. On cherche à pointer les contradictions de Michel Onfray. Ses faiblesses. Mais au fil des pages, le lecteur finit par s'interroger: pourquoi se donner tant de peine à discuter, disputer et argumenter avec un personnage dont la pensée est si médiocre, l'intelligence à ce point indigente, et l'esprit borné? Pourquoi tenter de donner à croire qu'un tel personnage, présenté comme philosophe soit à ce point digne d'intérêt intellectuel et politique?

 

Une affligeante pauvreté

 

Qu'on en juge. La vision de l'élection présidentielle achevée revue et corrigée par Michel Onfray est d'une affligeante pauvreté.

 

Les personnages?

 

Benoit Hamon est le "roi crétin" et le "piège à con". Jean-Luc Mélenchon est "Robespierre le petit". Pourquoi "petit"? Réponse, sans rire du philosophe : "Il n'est pas la hauteur". Quant à François Hollande, c'est « Sphincter Ier », parce qu'il "ne se retient pas, il se répand partout "… Bien…Y a du niveau chez le penseur Onfray.

 

La dramaturgie de la campagne? Un complot, monté par des cabinets noirs, des médias aux ordres, la finance et la banque…

 

Sont coupables de l'élection de Macron " le maastrichtien " :

 

-" Le dispositif ", à savoir " le système qui fonctionne avec les médias, l'édition, l'université et l'école ".

 

-" les médias ", " regardez le nombre de couvertures consacrées à Macron par rapport à Jean Lassalle ". " Un journal ne suis pas l'opinion, il la fait, c'est élémentaire non? "

 

-Le Pen et Mélenchon, " qui n'étaient que des lièvres à qui on a demandé de s'écarter pour laisser passer le vainqueur ".

 

-Christophe Borgel, du PS, qui a " bourré les urnes " de la Primaire socialiste afin d'éliminer Valls au profit de Hamon, parce que (attention, révélation!) le PS et François Hollande avaient intérêt à ce que Hamon l'emporte, plutôt que Valls, pour faciliter la victoire finale de Macron ".

 

-François Hollande, parce que " l'élimination de Valls lui permettait de soutenir Macron ".

 

-" Les cabinets noirs ", car " les gouvernants doivent pouvoir compter sur des services secrets pour réaliser des opérations discrètes ". Et avec eux, " les conseillers en communication ", " images ", " riposte "…

 

-Macron, qui a usé d'une " méthode de séduction extraordinaire mais au point avec des algorithmes pour s'adresser à une partie de la population, puis à une autre "…

 

Et tout le reste est de la même veine délirante, s'étalant sur 6 pages pleines.

 

Tout cela est sidérant. Mais aussi très révélateur, une fois de plus, de l'époque.

 

Une vedette de télévision

 

En vérité, ce qui est intéressant, ce ne sont pas les propos d'Onfray, imbéciles et grotesques (et qui ne méritent même pas que l'on perde du temps à les réfuter) c'est le fait que quantités de médias estiment qu'il est impératif de le prendre au sérieux, de lui ouvrir leurs pages en grand, de le traiter avec considération et de faire semblant de le prendre au sérieux. Tout cela dit ce que nous sommes, et d'une certaine façon, dit aussi ce que certains refusent que nous soyons.

 

Onfray est une vedette de télévision, qui a bâti sa réputation médiatique sur le ridicule intellectuel de ses postures, dont la dernière livraison est emblématique. Onfray est un " bon client " de la télé, qui a compris l'intérêt commercial qu'il y avait à accepter de se produire à On n'est pas couché et Les Grandes gueules. Et de " bon client " de la télé, Onfray est devenu " bon client " pour le papier. Il a ainsi pu enclencher, avec beaucoup de talent, le cercle vertueux qui procure la plus grande des surfaces médiatiques. Il passe à la télé parce qu'il est à la une des magazines, il est à la une des magazines parce qu'il passe à la télé, et ainsi de suite, à l'infini…

 

Mais ce n'est pas tout. Désormais tribun de la plèbe réactionnaire, Onfray est aussi le formidable vecteur qui permet aux différentes factions du Vieux monde qui meurt de réfuter la victoire démocratique de Macron et des valeurs qu'il emporte avec lui. En théorisant un vaste complot qui aurait confisqué la démocratie, Onfray apaise les consciences qui prophétisaient que la France 2017, saisie par l'insécurité culturelle, viendrait prendre place aux côtés du Royaume-Uni et des Etats-Unis, entre Trump, Brexit, et soumission à l'ordre mondial de Poutine. De même, il explique aux orphelins de la Vieille maison PS et de la rue de Solférino que la victoire de Macron relève d'une trahison inscrite dans le grand complot, dont Hollande et une partie du PS ont été les complices.

 

Pour les partisans du Vieux monde, de gauche et de droite, de l'extrême gauche et de l'extrême droite, la vision complotiste et délirante d'Onfray est rassurante. Les uns et les autres y trouvent matière à réconfort en ce qu'ils peuvent conclure que ce ne sont pas leurs idées qui ont perdues, mais que ce sont des tricheurs et comploteurs qui ont porté Macron au pouvoir. Cette explication du monde est apaisante, et leur convient. Onfray est le philosophe de l'époque qui traque les Forces occultes qui détournent la démocratie. Onfray est partout.

 

La créature Onfray est le symptôme de tous les dérèglements de la sphère politique et médiatique, du décalage entre la mutation politique qui s'opère en cette année électorale 2017 et les représentants du Vieux monde qui refusent leur disparition. C'est de la philosophie pour les nuls et les beaufs réacs, mais tout le monde fait comme si tout cela était digne de la grande tradition de l'intellectuel français se promenant en politique. Onfray n'est pas sérieux, mais le fait que le Vieux monde le traite avec sérieux mérite d'être pris au sérieux.

 

Mélenchon vs Cazeneuve: le grand tournant sectaire de la France insoumise

Le 29.05.2017 à 13h06

 

Jean-Luc Mélenchon accuse Bernard Cazeneuve d'avoir une part de responsabilité dans la mort de Rémi Fraisse, à Sivens, en 2014. Cette polémique révèle le tournant gauchiste de la France insoumise, bien loin de la campagne hugolienne de la présidentielle.

 

De Victor Hugo en Républicain à Paul Déroulède en gauchiste. L’étrange mutation. Car ainsi s'est doublement métamorphosé Jean-Luc Mélenchon en quelques semaines. Le formidable intellectuel de la campagne présidentielle, hugolien et jaurésien, réincarnation de la figure de l'Instituteur de la IIIe République, s'est mué en tribun identitaire et sectaire pour les élections législatives. Déroulède gauchiste nationaliste et populiste, Mélenchon ne sème plus le grain qui lève en mai et se récolte à l'été, mais la colère qui prospère sur le désespoir et ne produit que de la haine.

 

La France insoumise est bel et bien l'ivraie de l'ivresse, la représentation quotidienne de la mise en scène de l'ego d'un homme sous couvert de combat pour autrui. La transfiguration est brutale. Et la question qu'elle soulève l'est tout autant. Où est le vrai Mélenchon? Quelle est à la fin la vérité de cet homme?

 

Plus rien ne paraît arrêter le quatrième candidat de l'élection présidentielle. La tempérance et la tolérance ne sont plus du monde de la France insoumise. L'intransigeance et l'outrance sont désormais les vertus du moment. Jusqu'à formuler l'accusation la plus hallucinante, à savoir laisser entendre que l'ancien Premier ministre de l'Intérieur et Premier ministre Bernard Cazeneuve serait en partie responsable, voire coupable, de la mort de Rémi Fraisse, sur le site de Sivens, en octobre 2014. C'était à Montreuil, le 24 mai dernier, et les caméras de C Politique, sur France 5, ont enregistré l'accusation.

 

Une logique politique sectaire

 

Donc, Mélenchon a dit ceci : "Comment il s'appelle là le dernier que son nom m'échappe qui était Premier ministre? Comment vous l'appelez? Oui, Cazeneuve, le gars qui s'est occupé de l'assassinat de Rémi Fraisse".

 

Puis, il a ajouté: "Le gars qui a fait gazer, matraquer, toutes les manifestations et qui prend maintenant sa tête de petit sainte-nitouche pour dire que c'est moi qui ne sait pas choisir entre le Front national et je sais pas qui. (…) Encore une fois vous essayez de tromper les gens. Encore une fois vous essayez de leur faire peur".

 

Bernard Cazeneuve, entre indignation et émotion, a annoncé son intention d'en appeler à la justice de son pays. Diffamation dit-il. Nous verrons si ce procès à lieu.

 

En attendant, le cas Mélenchon est préoccupant. Il dit que le leader de la France insoumise est entrée dans une logique politique sectaire, décidé à rompre toute attache avec les partis républicains modérés. Il dit aussi le processus d'extrême-gauchisation d'une partie de la société politique française.

 

Le retour de l’agitateur de foules haineuses

 

Depuis le soir du premier tour de l'élection présidentielle, c'est comme si un autre Mélenchon était revenu d'entre les Mélenchon. Fini le tribun aux accents gaullo-hugoliens de la place de la République. Envolé le grand orateur jaurésien s'adressant à ceux qui n'ont que la Nation pour seul bien. Retour de l'agitateur de foules haineuses, grand manipulateur de passions tristes, entre Déroulède et Chavez. Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir. La France insoumise, c'est la France qui refuse l'optimisme, l'écho de gauche au Front national.

 

L'écart est tel entre les deux incarnations que Jean-Luc Mélenchon en a payé le prix. On ne se dérobe par impunément à la charge de s'opposer à une victoire possible du Front national. On ne déserte pas face à Marine Le Pen sans en payer le prix politique. On n'abandonne pas son poste de combat face à l'extrême droite sans mériter son procès en haute trahison républicaine. Mélenchon a pris un risque, il prend aujourd'hui sa perte.

 

L'opinion a déjà jugé sévèrement l'inspirateur de la France insoumise. Sa cote de popularité personnelle s'est effondrée en quelques jours. Un sondage Elabe a même pointé une chute de 17 points, aussi spectaculaire que sans appel. Une partie de l'électorat qui avait voté Mélenchon de bonne foi se sent aujourd'hui trahi. A juste titre.

 

Mélenchon a opté pour un choix stratégique qui vise à achever la destruction du Parti socialiste (en parfaite complicité objective avec le mouvement macronien République en Marche) et l'installation à gauche d'un groupe, le sien, qui entend s'installer sur les décombres du PS et du PC (car au passage, Mélenchon a aussi pour objectif d'en finir avec les communistes). Bref, la refondation Macron se double d'une refondation Mélenchon.

 

Cela étant, si les deux refondateurs et recompositeurs de la vie politique s'entendent sur l'objectif de temps court (ruiner le PS et le transformer en parti vestige de la Ve République), sur temps long, le dessein diffère.

 

Pas d’autre projet que lui-même

 

Emmanuel Macron impose une substitution qui accouche d'un parti politique inscrit dans la durée, porté par un progressisme réformateur enfin libéré du surmoi marxiste qui tué le PS à petit feu depuis la fin des années 90, et dont Benoît Hamon a été le dernier avatar mortifère. En marche est fait pour gouverner dans la durée, au gré des alternances entre camp progressiste et camp conservateur (lui-même entrant en phase de mutation). Il est l'achèvement réformiste initié par Mitterrand en 1971, et engendré collatéralement par un PS qui a refusé de muter.

 

En revanche, Mélenchon n’a pas d’autre projet que lui-même. Il n’est pas question de se doter d’un grand dessein de gouvernement. La France insoumise, par définition, ne saurait vouloir gouverner, puisqu’elle est insoumise. La France insoumise au pouvoir est un oxymore. La France insoumise est un vote inutile pour qui entend changer la vie.

 

Mélenchon et ses amis rejouent la pièce jouée par les communistes français des années Thorez, Waldeck-Rochet et Marchais. Occuper la gauche de la gauche pour empêcher l’émergence d’une force social-démocrate au centre gauche et attendre le grand soir qui ne vient jamais. L’essentiel est de demeurer dans la pureté révolutionnaire. Et tant pis pour ceux que l’on prétend défendre, qui n’ont plus accès à l’histoire autrement que par de brèves fractures, quand bien même ils façonnent le pays par le travail et par le sang. C’est en cela que la dérive sectaire de Mélenchon trahit l’enseignement de Jaurès.

 

Mélenchon et sa VIe République, sa constituante, sa France insoumise, son attachement à l’alliance bolivarienne, la secte de ses militants, c’est la promesse de la mort de la gauche au pouvoir pour des décennies. Au mépris du peuple qu’il prétend défendre. Mélenchon n'a d'autre projet pour les électeurs prêts à lui faire confiance que le repli et l'enfermement. Est-ce un projet digne des Lumières dont il se réclame?

 

A l'Assemblée, tout cela risque de se terminer avec l'élection d'une quinzaine de député. Pas plus. Le prix à payer du splendide isolement politique prôné par Mélenchon. Ici apparaît la vérité politique de l'homme et ce qu'il emporte avec lui. La réalité du Déroulède gauchiste Mélenchon, c’est la vanité. Rien de nouveau sous le soleil rouge.

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commentaires

P
Zut alors pour une fois que je ne lis pas ta chronique aux aurores cher Taulier ! J'aurais , ainsi,évité d'acheter les news que tu évoques sur M.ONFRAY. Mais tant pis, si je commence à te rejoindre , à son sujet, sur beaucoup de points, je n'arrive pas encore à jeter le bébé avec l'eau du bain. J'va donc m'y mettre et reprendrai la lecture de ta chronique, endoctriné par mes lectures pour voir comment je pourrais prendre le contre pied de ce que tu avances ou relaies. Na !
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