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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 06:00
Quand 1 futur prix Goncourt disséquait au scalpel une réunion au Ministère de l’Agriculture.

Le 78 rue de Varenne, l’hôtel de Villeroy, va au début de la semaine prochaine connaître l’effervescence qui marque l’arrivée d’un nouveau Ministre.

 

Stéphane Le Foll, dont le portrait va s’ajouter à ceux de ces prédécesseurs dans la galerie Sully (pour les petits loups et louves plus ou moins insoumis, le dit Sully c’est « labourages et pâturages sont les 2 mamelles de la franc »), quittera le grand bureau du rez-de-chaussée qu’il a occupé sans discontinuité pendant tout le quinquennat. C’est la pièce la plus agréable, ses deux porte-fenêtre donnent sur le petit parc (je le sais puisqu’il fut mien pendant 2 ans).

 

Qui va lui succéder ?

 

Une femme, ce serait la seconde car Tonton osa Édith Cresson qui dut être exfiltrée pour laisser la place à Michel Rocard envoyé en mission de pacification des campagnes.

 

Pourquoi pas, la FNSEA a bien mis à sa tête une femme, Christiane Lambert !

 

Nous verrons bien, j’ai ma petite idée mais je la garde pour moi.

 

Le 78 a été le marchepied du 57 de la rue de Varenne, l’Hôtel Matignon, pour Jacques Chirac, Michel Rocard et Édith Cresson.

 

C’est bonne école de formation à la gestion de crise.

 

Q : Dans votre dernier ouvrage – le livre d’entretiens Si la gauche savait [1], vous décrivez votre présence au 80, rue de Varenne, siège du ministère de l’Agriculture, comme « les deux plus belles années » de votre vie politique. Il ne faut pas oublier que vous preniez une succession délicate. Le ministre sortant, Édith Cresson, était impopulaire…

 

MR : C’est une litote.

 

MR : « Pourquoi ? D’abord, on ne sait plus quoi faire de moi au Plan parce que je suis encombrant. Mais je suis trop populaire pour qu’on se débarrasse de moi comme ça. L’idée de me coller à l’Agriculture a tous les avantages puisqu’il y a de grandes chances de s’y planter ou d’y échouer, ce qui débarrasserait la scène politique française de mon modeste personnage. Et si je réussis, ce qui va être le cas, c’est pour le compte du gouvernement tout entier et du président de la République qui, dans sa sagesse, m’aura mis là. Donc, tout le monde y gagne. »

 

Trêve de souvenirs, j’offre, en cadeau de bienvenue, à celle ou celui qui va s’installer au 78 rue de Varenne, un petit bijou vachard d’un ingénieur agro, extrait d’un de ses tous premiers livres, ce n’est pas tous les jours qu’un ancien de l’Institut national agronomique Paris-Grignon (INA P-G) rafle un Goncourt.

 

« Six personnes sont maintenant réunies autour d'une table ovale assez jolie, probablement en simili-acajou. Les rideaux, d'un vert sombre, sont tirés ; on se croirait plutôt dans un petit salon. Je pressens subitement que la réunion va durer toute la matinée.

 

Le premier représentant du Ministère de l'Agriculture a les yeux bleus. Il est jeune, a de petites lunettes rondes, il devait être étudiant il y a encore peu de temps. Malgré sa jeunesse, il donne une remarquable impression de sérieux. Toute la matinée il prendra des notes, parfois aux moments les plus inattendus. Il s'agit manifestement d'un chef, ou du moins d'un futur chef.

 

Le second représentant du ministère est un homme d'âge moyen, avec un collier de barbe, comme les précepteurs sévères du Club des Cinq. Il semble exercer un grand ascendant sur Catherine Lechardoy, qui est assise à ses côtés. C'est un théoricien. Toutes ses interventions seront autant de rappels à l'ordre concernant l'importance de la méthodologie et, plus généralement, d'une réflexion préalable à l'action. En l'occurrence je ne vois pas pourquoi : le logiciel est déjà acheté, il n'y a plus besoin de réfléchir, mais je m'abstiens de le dire. Je sens immédiatement qu'il ne m'aime pas. Comment gagner son amour? (...)

 

Le troisième représentant du ministère est Catherine Lechardoy. La pauvre a l'air un peu triste ce matin ; toute sa combativité de la dernière fois semble l'avoir abandonnée (...)

 

Le quatrième représentant du ministère est une espèce de caricature du socialiste agricole : il porte des bottes et une parka, comme s'il revenait d'une expédition sur le terrain ; il a une grosse barbe et fume la pipe ; je n'aimerais pas être son fils. Devant lui sur la table il a ostensiblement posé un livre intitulé : « La fromagerie devant les techniques nouvelles. » Je n'arrive pas à comprendre ce qu'il fait là, il ne connaît manifestement rien au sujet traité ; peut-être est-il un représentant de la base. Quoiqu'il en soit il semble s'être donné pour objectif de tendre l'atmosphère et de provoquer un conflit au moyen de remarques répétitives sur « l'inutilité de ces réunions qui n'aboutissent jamais à rien », ou bien sur « ces logiciels choisis dans un bureau du ministère et qui ne correspondent jamais aux besoins réels des gars, sur le terrain».

 

 

Qui a écrit ce petit bijou de compte-rendu d'une réunion ordinaire au Ministère de l'Agriculture ?

 

Quand 1 futur prix Goncourt disséquait au scalpel une réunion au Ministère de l’Agriculture.
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Michel Houellebecq
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Michel Houellebecq
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