Mémoire à l’attention d’Hubert de Boüard de Laforest co-propriétaire d’Angelus et de plus modestes châteaux.
Pardonnez-moi, cher Hubert, de ne point dérouler ici toute la litanie de vos multiples présidences jointe à l’étendue de vos emplois, et, bien sûr, de passer sous silence, votre modestie naturelle en souffrirait, la palette de vos multiples talents.
Je comprends votre extrême affliction, cher Hubert, lorsque vous lûtes, sous la plume d’une gourgandine, qui vous roula dans la farine pour vous mettre dans un fichu pétrin, ceci proche de l’apostasie :
« La bénédiction des cloches d’Angélus par Mgr Ricard « devant un parterre de négociants et de journalistes forcément éblouis, dans une scénarisation tout à la fois bling-bling et grotesque, grandiose et ridicule, kitch assurément, le seigneur de Saint-Emilion a réussi son coup »
« Hubertus Magnus, don Hubert de Saint-Emilion, petit Machiavel du vin, un vilain petit canard, un manant qui n’a pas su rester à sa place, un parvenu, le Sarkozy des vignes… »
La coupe était pleine, débordait, s’épandait dans les vignes et les chais, attentait à votre belle image de marque de grand winemaker conseilleur et pourvoyeur de promotions dans le beau classement de Saint-Emilion.
Il vous fallait vite clouer le bec à cette insolente à qui vous aviez accordé tant de privilèges pour la séduire, la réduire au rang que vous affectionnez tant de cireur de pompes et d’épandeur d’encens (au féminin s'entend pour elle).
Vous sortîtes donc tout d’abord ce que vous considériez comme le meilleur artilleur du PAF, mon « vieux pote » Stéphane Fouks, qui ne bosse pas pour du beurre mais pour du blé, des tonnes, et qui, entre nous soit dit, n’a pas toujours amené ses poulains vers la victoire : Jospin, DSK et Valls.
Vous perdîtes à grand frais cette première bataille, votre image en bottes blanches et smoking dans votre beau chai d’Angelus fit de vous la risée du monde entier.
Avec ce nouveau soufflet, en dépit de votre immense indulgence chrétienne cher Hubert «Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, tends-lui aussi la gauche» vous ne pouviez rester inerte. Il vous fallait à nouveau emplir votre valise à roulettes, monter à Paris, réduire en charpie cette chipie.
Comme vous aimez tant tout ce qui brille, cher Hubert, vous fîtes appel à un ténor du barreau de Paris qui, entre nous soit dit, se vautra dans une suffisance d’ignorant des subtilités de la gestion de nos appellations.
« À l’autre extrémité de mon appréciation l’avocat cher de ce cher Hubert a fait preuve de l’art de tirer systématiquement à côté de la plaque, questions style boomerang posées avec une forme d’ennui désabusé. Service minimum, plaidoirie poussive, conviction a minima, une arrogance masquant mal une méconnaissance des us et coutumes du petit monde du vin. Pas très convaincu, pas très convaincant, je m’attendais à mieux. »
À un tel tarif, croyez-moi cher Hubert, en l’entendant plaider je vous plaignais vous le plaignant « diffamé ».
Comme je suis charitable, séquelle d’un passé d’enfant de chœur, je vous épargne le rappel du chemin de croix que fut pour vous l’audience de la 17e Chambre. ICI
Sûr de votre bon droit, vous ne doutez de rien cher Hubert vous avez pris la poudre d’escampette, suivi de votre valise à roulettes, avant la fin de l’audience, sans doute pour répondre à l’appel pressant de votre chalandise. La Présidente, avec humour, vous avait demandé de surtout ne pas égarer votre billet d’avion, fine allusion à un pataquès à la Feydeau lors du CN de l’INAO ayant béni le classement : présent ou pas présent, parti et revenu, dans l’avion ou dans la salle… La cour s’amusait !
Et puis, nouvelle catta, « Le tribunal correctionnel de Paris a considéré que si les écrits ironiques et polémiques de la journaliste donnent du viticulteur « une image extrêmement péjorative », « aucun des propos retenus ne peut être considéré comme diffamatoire", dans une décision consultée par l'AFP. »
Justice de classe, le plus stupide de vos soutiens, un certain de Rouyn s’égosillait : « Je suis effaré de voir à quel point les insinuations les plus dégoûtantes ne trouvent pas leur fin en justice. Un juge de gauche repêche une scribouilleuse de gauche. Tout est en ordre. C'est juste dégueulasse »
Vous ne pouviez laisser passer ce nouvel affront, le rouge vous monta au front et vous fîtes appel de cette décision félonne. Je dois avouer, cher Hubert, qu’une telle ténacité de bourrique me fit, un instant, douter de vos capacités à prodiguer de judicieux conseils pour faire les vins qu’il faut comme il faut.
Orgueil, sans doute, mais aussi marque de vos limites, cher Hubert, à jouer dans la cour des Grands.
Ce qui devait arriver arriva, mon pauvre Hubert, la Cour d’Appel de Paris ces jours-ci confirma le jugement de la 17e Chambre du 22 septembre 2017.
Un truc à la Sarkozy à la Primaire, le grand vide, la défaite en rase campagne et peut-être, dans un autre volet de l’affaire du classement, de bien plus grandes blessures.
Comme je suis un vieux plaisantin je serais vous Hubert je demanderais audience au Pape pour que soit instruit un procès en excommunication de cette hérétique qui a osé salir l’Angélus béni par le cardinal Ricard grand électeur du Pape François.
Plus sérieusement, cher Hubert, s’il vous reste un sou d’amour-propre, je sais que dans cette expression il y a plus de propre que d’amour, quittez le Comité National Vins&Eaux-de-Vie de l’INAO, et ce pour de multiples raisons.
La première, la plus emblématique, c’est que vous ne pouvez continuer de vous abaisser en fréquentant un cénacle sis dans une citadelle rouge, Montreuil, aujourd’hui tenue par un maire insoumis. Horreur, pensez-donc le Mélenchon, nouveau converti, ne veut que du bio partout.
La seconde, est de moindre importance, elle est votre « faute » originelle, vous êtes cher Hubert un ardent défenseur des marques, en tout premier lieu, la vôtre, Angelus, et que ce sacerdoce est incompatible avec la sainte doctrine des AOC. En prenant une image, c’est comme si une statue de la Vierge Marie trônait dans un Temple de l’église réformée.
La dernière, est plus personnelle, ménagez votre cœur et vos artères, cher Hubert, économisez-vous, choisissez dans vos multiples activités, laissez de côté tout ce qui est subalterne, tous ces marauds qui n’ont pas, comme vous, manié le sécateur dans leur jeunesse.
Pour terminer, cher Hubert, sachez que ce mémoire ne vous coûtera pas un kopek, je suis soucieux de la bonne gestion de vos finances que vous avez quelque peu dilapidées pour la plus grande satisfaction de palpeurs d’honoraires élevés.
Enfin, je tenais, cher Hubert, à vous remercier de votre constance et de votre confiance, en effet vous continuez de m’inviter à vos cérémonies dégustatives. Sachez que, si je ne m’y rend pas, c’est pour la bonne et simple raison que j’aurais bien du mal à voisiner, non avec vous pour qui j’ai un peu de compassion, mais avec quelques stipendiés de la pire espèce, grands spécialistes de la lèche.
Fait à Paris le 27 mai 2017