Mon appartenance, revendiquée et assumée, à l’A.V.C. l’Amicale des Vieux Cons me permet, en ce jour de votation, de me livrer à un exercice jubilatoire, écrire à l’encre sympathique une chronique où, qui que ce soit, ou presque, n’y comprendra goutte, n’entravera rien, pour le fun, la célébration railleuse de l’état de décomposition de certains membres de la caste des intellectuels médiatiques...
Oui je me lâche grave !
Très clairement ces étrons me font chier !
J’en ai rien à branler de leur diarrhée dans le style de la pire droite des années 30 comme celle-ci « Pierre Bergé, locataire d’utérus d’autrui, Jacques Attali plagiaire notoire et condamné comme tel par la justice, Alain Minc, plagiaire du précédent, Bernard Kouchner, sac de riz chez les médecins et médecin chez les sacs de riz, Daniel Cohn-Bendit, pédophile au siècle dernier… »
Ça vole haut, si haut que je ne m’abaisserai pas à transcrire son nom mais je me contenterai de chanter sur tous les tons son goût profond pour le terroir profond, son ode au cervelas aiglon composé de viande de porc issue de l’épaule, aromatisée au calvados, avec de l’ail et de l’oignon, fumé au bois de hêtre, aimé du président Pompe, « amoureux de Racine et de la poésie qui soupesait la fugacité des hommes, cigarette ironique aux becs… qui avait rejoint, la banque, dirigée par Guy, petit-fils d’Alphonse… c’est en cherchant des finances pour le RPF, le parti du Général sous la IVe République, que Pompidou a rencontré la rue Lafitte. Ainsi se nouaient les carrières. Il n’y avait pas de honte ? Rothschild, quand même, posait une question. «Pompidou, il veut gagner de l’argent», avait confié De Gaulle à François Bloch-Lainé, haut fonctionnaire qui lui suggérait de prendre l’Auvergnat aux Finances. Matignon, ce serait autre chose? Pompidou était d’une solidité sans faille. Son travail chez Rothschild lui avait, aussi, servi de couverture, pour préparer les négociations du pouvoir avec les indépendantistes algériens. Il avait hésité entre «le monde des affaires», ainsi parlait-on, et le service de l’Etat. Il aurait un destin national. »
Longtemps au temps de la Rocardie je suis passé à l’Aigle pour aller disputer le tournoi de football du lundi de Pentecôte, et le soir venu, fourbus, meurtris, avec la complicité du boucher local, nous nous adonnions au plaisir du barbecue. Pendant la cohabitation 86-88, nous nous retrouvions comme des poussins égaillés, parfois Michel Rocard venait nous rendre visite sur la touche, et moi étant à la SVF je me faisais prosélyte de notre produit en organisant pendant nos grillades une dégustation, pour un groupe choisi, de grandes bouteilles. Je demande humblement pardon aux grands prêtres du vin de cette incongruité : un grand cru sur une saucisse grillée est un péché mortel que j'ai commis sans remord. Ça c'était le must. Ensuite l'ambiance festive aidant venait le temps de l'eau chaude chère à notre boucher en particulier et aux normands en général. Par bolées conséquentes, tout le petit peuple des technocrates parisiens, s'envoyaient la dite eau chaude servie par le débiteur de bovins du haut de son mètre 80 et de son double quintal. Au milieu des pommiers, dans le crépitement des braises du feu, le Calvados se noyait dans l'eau et nous préparait à une bonne nuit de sommeil peuplée de rêves de montées offensives ponctuées de passes décisives ou d'une tête plantée au premier poteau à la suite d'un corner... »
Jamais au grand jamais nous n’aurions mangé du cervelas aiglon, pure invention moderne, loin de la tradition de la charcutaille de terroir. Nous laissions ça aux petits bourgeois en mal d’exotisme rural nous bouffions du pur goret de pépés .
Comme j’ai l’esprit d’escalier, les étrons me mènent à Abel Tiffauges :
« … depuis son arrivée au camp, et malgré la nourriture chiche et médiocre, il vivait dans une béatitude fécale. Chaque soir avant le second couvre-feu – il se rendait aux feuillées pour un temps aussi prolongé que possible qui était le meilleur moment de la journée et qui le ramenait fortement à ses années beauvaisiennes. Parenthèse de solitude, de calme et de recueillement dans l’acte défécatoire, accompli généreusement et sans effort excessif, par un glissement régulier de l’étron dans le fourreau lubrifié des muqueuses. »
Le Roi des Aulnes Michel Tournier Gallimard pages 180-181