Je suis né dans un ancien relais de Poste, au Bourg-Pailler, il était adossé à un grand jardin que cultivait le pépé Louis avant qu’il n’eut son attaque, puis par le cousin André Neau et enfin par mon frère Alain.
Dans ce jardin potager et fruitier ma sainte mère s’était réservée aux abords de la maison une plate-bande où elle cultivait des fleurs : des œillets, des zinnias, des soucis, des rosiers, des reines-marguerites, des dahlias, etc. Au perron de la maison trônaient deux grands camélias, qui craignaient le gel mais quand il y avait échappé étaient des splendeurs.
Vous vous en doutez nous ne mangions pas de fleurs !
Seuls les boutons d’or des prés nous indiquaient si nous aimions le beurre.
Je n’ai pas la main verte. Mon truc à moi c’est le labour à la fourche à 5 dents (je devrais écrire c’était car je ne suis plus en état de la manier.
Rat des villes depuis bien longtemps je mets à profit mes vacances éternelles pour donner la main à l’association Veni Verdi où sur le toit d’Émilie, rue d’Aboukir, poussent un jardin à la Pascal Garbe
Celui-ci écrit dans son livre Tout se mange dans mon jardin L’alliance du beau et du bon : « Ma vision du jardin reste simplissime, voire simpliste : un bel endroit où l’on peut profiter de la vie : quoi demander d’autre ? »
« Observer, toucher, sentir, goûter : tous les sens doivent être mis en avant dans le jardin. »
« Le jardin doit, pour moi, être simple et efficace. Les plantes qui se ressèment seules comme les ancolies ou les aulx d’ornement sont des espèces que j’apprécie tout particulièrement.»
« Profiter, pendant de longues heures des parfums, des floraisons sans avoir d’autres envies. Regarder les plantes, les fleurs s’épanouir, picorer là quelques framboises, plus loin quelques baies d’amélanchier. Cueillir quelques feuilles d’agastache ou quelques fleurs de capucine (Trapoleum majus) pour agrémenter une salade qui sera dégustée le soir même avec des copains. Ramasser des fleurs pour composer une vasque fleurie, faire découvrir aux amis qui me rendent visite la saveur piquante du Rau Ram (Polygonum odoratum) ou celle étonnante de la plante aux huîtres (Mertensia maritima).
Dans un jardin ou même dans la nature l’un des grands plaisirs est celui de la cueillette et, croyez-moi, ce n’est pas si simple que cela de bien cueillir.
On peut cueillir pour soi, juste le nécessaire, ou cueillir pour une vente mais pourquoi aussi cueillir des fleurs pour les manger ?
Bien évidemment l’homme qui a mis des fleurs dans ses plats c’est Michel Bras sur les hauteurs de Laguiole.
Pascal Garde nous donne la marche à suivre « J’essaie de cueillir le plus tôt possible dans la journée. Les fleurs sont encore très fraîches et se gardent mieux […] Je les prélève avec des ciseaux ou un petit sécateur. Comme je n’ai pas besoin d’une grand quantité, un petit plateau suffit généralement, sauf quand je prévois de faire un mélange une salade. Je lave délicatement les feuilles et les fleurs les plus grosses puis je les laisse sécher sur un papier absorbant et je les garde jusqu’au moment de servir dans une barquette fermée hermétiquement que je place au frais. Quant aux petites fleurs, comme la bourrache, les sauges, les œillets, j’ai pris le parti de ne pas les laver. Je n’utilise pas de produits phytosanitaires, je n’ai donc pas de réelles raisons de les laver si ce n’est pour retirer les impuretés. »
Plus elles sont jeunes, meilleures elles sont !
Pour Pascal Garde c’est vrai aussi pour la cueillette des légumes « cela ne sert à rien de laisser grossir des haricots, des fèves ou encore des courgettes ! De nombreux légumes seront beaucoup plus savoureux si vous les cueillez quand ils sont jeunes. En les laissant vieillir, vous risquez d’obtenir des légumes durs, voire filandreux. »