J’ai adhéré à l’A.V.C : l’Amicale des Vieux Cons dont font partie José Bové, Robert Badinter, Daniel Cohn-Bendit, Ariane Mnouchkine, Yanis Varoufakis… et bien d’autres qui voteront Macron dimanche prochain.
Je m’abstiendrai ici de m’exprimer sur le ni-ni de ceux qui se sont autoproclamés « insoumis » car mes mots seraient trop durs pour eux. Dans la vraie vie j’en croise tant et tant que je connais leur capacité à penser que l’Histoire commence avec eux et à s’exonérer de leur part de responsabilité dans la faillite du fameux système.
Ils sont aussi le système et ils ont eux aussi contribué, peut-être à leur corps défendant, à recruter des électeurs pour MLP. À force de ressasser des Si, de ne pas analyser les raisons pour lesquelles les électeurs n’ont pas placé leur champion à la seconde place, ils se réfugient dans une étrange posture de contorsionnistes.
Libre à eux, mais pourquoi tant de mots de justification, d’autojustification, de leur attitude, que je respecte en la contestant aujourd’hui, et pas avant, sur les réseaux sociaux.
Face à un choix binaire, s’en exonérer c’est se dérober, se laver les mains à bon compte.
Les militants, comme les supporters, m’ont toujours insupporté par leur incapacité à sortir de leur enfermement et leur capacité à gober et à répéter la vulgate rigide de leur parti. Avec eux le chef à toujours raison, il faut le suivre aveuglément jusque dans ses petits calculs.
Dans ma vie civique, lors des élections présidentielles où je n’ai pu voter qu’à partir de 1974, en 69 j’ai raté le coche d’un petit mois, mon vote du deuxième tour a toujours été un vote de raison et non de totale adhésion.
1974 -1981-1986 Mitterrand
1995 Jospin
2002 Chirac
2007 Royal
2012 Hollande
2017 je récidive avec Macron
Toujours du deuxième choix !
J’assume !
«Curieuse impression, avec l’âge, de comprendre de + en + de choses et de se sentir de + en + con»
Antoine Blondin
Bien conscient d’être arrivé de plus en plus près du bout de ma route, me souvenant que j’ai été un jeune con, je constate avec horreur que beaucoup de jeunes cons d’aujourd’hui sont souvent des ignorants diplômés. Faillite de notre système éducatif, triomphe de l’ignorance crasse, de la reprise de slogans, du triomphe de la forme sur le fond.
Le tribun triomphe, ça me fait penser à Doriot électrisant ses auditoires pour passer du PCF, maire de l'emblématique St Denis, à la collaboration la plus noire avec la LVF.
J’ai toujours cru au triomphe de l’intelligence mais, avec ce qui se passe, je doute de plus en plus. Intelligence n’égale pas diplôme, mon père qui n’avait aucun certificat en poche aurait mieux argumenté que bien des bardés de diplômes.
« L’ignorance du peuple nous garantit sa soumission »
Catherine II impératrice de Russie.
Je sais d’où je viens, je ne l’ai jamais oublié, mais ma « méritocratie » républicaine n’a rien à voir avec une quelconque morgue de l’élite.
Je doute, j’écoute, je réfléchis et tout au cour de cette campagne je n’ai à aucun moment craché du venin, participé au simplisme ambiant, je me suis tu, j’ai respecté les opinions sans pour autant cautionner celles de la haine et de l’exclusion.
Insensible à l’esbroufe, aux mouvements de menton, je suis et reste mendésiste !
Trouvé sur Face de Bouc :
« Me font marrer les gens… si demain leurs gosses brillent dans les études, vont-ils les traiter d'enculés de banquiers ou d'intellos ? Aujourd'hui être un con inculte c'est devenu cool je crois ... quelle tristesse »
J’ai toujours revendiqué et assumé mon parcours aux côtés de Michel Rocard, toujours minoritaires, toujours vilipendés par celui qui aujourd’hui, enfant de Mitterrand, se proclame chef des insoumis. Apparatchik de la plus belle espèce, opportuniste et calculateur, révolutionnaire en siège premium sur Air France.
La morale de l’attitude du bal des hypocrites, dont beaucoup sont bien au chaud dans la Fonction Publique, c’est que ma voix ils ne l’auront pas lors la bataille décisive du deuxième tour des législatives, là où tout se jouera, je les laisserai à leur véritable poids électoral et à leur intransigeance sectaire. Je n’irai pas à la pêche car je n’aime pas la pêche mais goguenard je me contenterai de constater : vous l’avez bien mérité.
Même si je partage certaines de leurs analyses je me souviendrai de votre absence en un moment décisif, dans ce que les sportifs appellent le money time. Moi j’ai choisi, j’ai utilisé mon seul pouvoir de citoyen, le bulletin de vote pour contribuer à écraser la tête du serpent venimeux.
Mon vote de dimanche n’est pas un blanc-seing mais un simple acte de résistance citoyen, propre et efficace
Pour conclure cette chronique j’avoue être, dans sa démarche, très Yannis Varoufakis :
« Marine Le Pen est-elle vraiment une option moins inacceptable que son père ? Emmanuel Macron est-il pire, du point de vue de la gauche, que Jacques Chirac en 2002 ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi certains leaders de la gauche refusent-ils aujourd’hui de soutenir Macron contre Le Pen ? C’est pour moi une véritable énigme. »
Et, cela étant donné, je refuse de faire partie d’une génération de progressistes européens qui auraient pu empêcher Marine Le Pen de gagner la présidence française mais ne l’ont pas fait. C’est pourquoi j’écris cet article : pour soutenir sans équivoque la candidature de Macron au deuxième tour. Le Front national ne peut pas s’emparer de l’Elysée par surprise, du fait d’une indifférence tactique fautive de notre part.
Bien que cela aurait été ma position, qui que soit celui qui se serait présenté contre Le Pen sur la base d’un projet non raciste, il y a quelque chose de plus dans mon soutien à Emmanuel Macron : au cours de mon mandat en tant que ministre des finances de la Grèce au début de 2015, Emmanuel m’a révélé un côté de lui que peu de progressistes connaissent.
Alors que la « troïka » des créanciers de la Grèce et le gouvernement de Berlin étranglaient les tentatives de notre gouvernement de gauche nouvellement élu pour libérer la Grèce du carcan de sa dette, Macron a été le seul ministre d’Etat en Europe à faire tout son possible pour nous aider. Et il l’a fait en prenant un risque politique personnel.
Je me souviens très clairement de l’après-midi du 28 juin 2015, ce terrible dimanche, lorsque l’Eurogroupe avait décidé de fermer nos banques pour punir notre gouvernement de résister à un nouveau prêt prédateur et à d’autres attaques austéritaires antisociales et récessionnaires affectant les Grecs les plus faibles.
C’est vers 18 heures que j’ai reçu un SMS d’Emmanuel, par lequel il m’informait qu’il avait du mal à convaincre le président Hollande et Sigmar Gabriel, le vice-chancelier d’Allemagne, de trouver une solution : « Je ne veux pas que ma génération soit celle qui aura été responsable de la sortie de la Grèce de l’Europe », disait-il.
Moins d’une minute plus tard, j’ai répondu : « Mais bien sûr. Il suffit de savoir que nous avons besoin d’un accord qui offre un répit à long terme et la perspective que cette situation ne se répétera pas dans quelques mois. » Emmanuel était d’accord. Il allait parler à son président et reviendrait vers moi : « Une solution durable est la clé, je suis d’accord avec vous », écrivait-il, en proposant de se rendre incognito à Athènes le lendemain, de dîner avec moi et Alexis [Tsipras], et de forger un accord entre Athènes, Berlin et Paris.
Après minuit, alors que nous étions en pleins préparatifs pour les fermetures de banques, Emmanuel m’écrivit à nouveau pour m’informer que le président Hollande envisageait de faire une déclaration le matin pour rouvrir les négociations. Je l’ai remercié et j’ai attendu. « Bien, a dit Emmanuel un peu plus tard, je suis prêt et je suis sûr qu’Alexis, vous et moi pourrons trouver un accord… Je vais convaincre le président demain. Nous devons réussir ! »
Le lendemain matin, le lundi 29 juin, le jour où il devait venir à Athènes, Emmanuel a appelé pour demander un service : Alexis pouvait-il contacter le président Hollande pour confirmer qu’il était prêt à recevoir Emmanuel à Athènes, comme émissaire du président français ?
J’ai appelé Alexis, expliqué l’occasion qui nous était proposée, et il était d’accord. Une heure plus tard, cependant, Alexis m’a rappelé, en colère, ce qui était compréhensible. « Qu’est-ce qui se passe ?, demanda-t-il. Le bureau de Hollande répond qu’ils n’ont aucune idée d’une éventuelle mission de Macron à Athènes. Ils nous ont renvoyés vers Michel Sapin. Est-ce qu’il te fait marcher ? »
Quand j’ai fait part de cet échange à Emmanuel, il a eu l’air en colère. Son explication m’a choqué : « Les gens de l’entourage de Hollande ne veulent pas que je vienne à Athènes. Ils sont proches de la chancellerie de Berlin. Ils ont clairement bloqué la démarche d’Alexis. Mais donnez-moi son numéro de téléphone portable personnel [celui de Tsipras]. Je vais aller à l’Elysée personnellement dans une heure pour lui parler [à Hollande] et lui demander d’appeler Alexis directement. »
Quelques heures passèrent, mais Hollande n’appela jamais Alexis. J’ai donc envoyé un SMS à Emmanuel : « Si j’ai bien compris, il n’y a pas eu de progrès ? Et votre voyage a été annulé ? » Un Macron abattu m’a confirmé qu’il avait été bloqué – par son président et son entourage. « Je vais encore insister pour vous aider, Yanis, croyez-moi », a-t-il promis. Je l’ai cru.
Trois mois après ma démission, en octobre, j’ai rencontré Emmanuel à Paris. Il m’a dit que lors d’une réunion au sommet avant sa tentative infructueuse de médiation avec Alexis, il avait relayé mon avis : que l’accord de la « troïka » pour la Grèce était une version moderne du Traité de Versailles. Merkel l’avait entendu et, selon Emmanuel, avait ordonné à Hollande d’écarter Macron des négociations avec la Grèce.
En écrasant le printemps grec, la « troïka » a non seulement porté un coup à la Grèce, mais aussi à l’intégrité et à l’esprit de l’Europe. Emmanuel Macron a été le seul membre du système qui a essayé de s’y opposer. Je pense qu’il est de mon devoir de faire en sorte que les Français progressistes, sur le point d’entrer (ou de ne pas entrer) dans le bureau de vote au second tour de l’élection présidentielle, fassent leur choix en ayant pleinement conscience de cela.
Pour ma part, ma promesse à Emmanuel est la suivante : je vais me mobiliser pleinement pour vous aider à battre Le Pen, et je me joindrai avec la même force aux prochaines Nuits debout pour m’opposer à votre gouvernement lorsque – et si – en tant que président, vous tentez de poursuivre la mise en œuvre de votre néolibéralisme qui est déjà un échec. »
Résultats du 1er tour XIVe arrondissement
37.19%
Emmanuel Macron, En Marche!
22.28%
François Fillon, LR
19.27%
Jean-Luc Mélenchon, La France Insoumise
11.52%
Benoît Hamon, PS
5.34%
Marine Le Pen, FN
1.92%
Nicolas Dupont-Aignan, DLF
0.82%
François Asselineau, UPR
0.66%
Philippe Poutou, NPA
0.53%
Jean Lassalle, Indépendant
0.3%
Nathalie Arthaud, LO
0.17%
Jacques Cheminade, Solidarité Et Progrès
Nombre d'inscrits :
83 195
Taux de participation :
84.67%
(70 443 inscrits)
Taux d'abstention :
15.33%
(12 752 inscrits)
Votes exprimés :
98.61%
(69 461 votes)
Votes blancs :
1.02%
(718 votes)
Votes nuls :
0.37%
(264 votes)