Le 8 août 2013, je postais une chronique :
« Mangerons-nous encore ensemble demain ? » en voilà une vraie question.
« Quand tu prépares à manger pour quelqu’un et qu’il ne veut pas en manger, c’est comme quand tu veux embrasser quelqu’un et qu’il se détourne » déclarait une Française interrogée dans une enquête (Masson 2001). Un livre très savant vient d’être publié chez Odile Jacob 24,90€ sous la direction de Claude Fischler « Les Alimentations Particulières Mangerons-nous ensemble demain ? »
« Ainsi, dans des situations et des sociétés très diverses, le refus de la nourriture offerte revient à un refus de la relation : il produit une déception, voire une blessure et une offense grave. Car ne pas accepter un aliment, un plat ou une boisson peut purement et simplement signifier la méfiance » écrit Claude Fischler. »
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Juliette Montilly le 19 mai 2017 dans Rue 89 pose la même question.
Comment l'obsession d'une alimentation saine et équilibrée peut devenir pathologique, et même dangereuse ?
« Il n'y a pas très longtemps, alors que j'étais en famille, quelque chose m'a interpellée. Qui dit réunion de famille dit grande tablée, des plats qui défilent toute la journée : un vrai marathon.
Tout le monde discutait, buvait, mangeait, rigolait. Sauf ma cousine. Ma cousine Manon et ses milles questions :
"D'où viennent les fruits de mer ? Est-ce que les légumes sont bio ? Et quand les fruits ont-ils été cueillis ?"
S'intéresser à ce qu'on a dans son assiette, c'est une bonne démarche à priori. Sauf que Manon n'a pas avalé une bouchée au cours du repas (si vous sentiez l'odeur du bœuf bourguignon de mon père, vous comprendriez que cela relève de l'exploit).
Elle a même sous-entendu qu'elle n'aurait pas dû venir, qu'elle aurait dû manger chez elle. En fait, le comportement de ma cousine n'est pas nouveau, s'énerve ma tante :
« Elle est orthorexique ! »
Le mot vient du grec : "orthos" droit, correct, et "orexis" appétit, alimentation. Il apparaît pour la première fois dans l'article de 1997 "The Health Food Eating Disorder", du médecin américain Steven Bratman, et fait son entrée dans le Larousse en 2012.
L'orthorexie est l'obsession pour la qualité de l'alimentation : celle-ci doit répondre à des exigences que le mangeur s'impose en vue d'être en bonne santé, jusqu'à être assujetti à cette idée fixe.
Cela mène à des comportements énigmatiques : mâcher 50 fois un aliment avant de pouvoir avaler, exiger que le fruit que l'on mange ait été cueilli il y a quelques minutes seulement, etc.
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Le combat le plus violent, le plus politisé, frontal, concerne la consommation de viande :
« Un monde vegan, donc ? La consommation moyenne des Français est aujourd'hui de 86 kilos de viande par an, mais elle évolue à la baisse depuis 1998, de 0,6% en moyenne chaque année. Plusieurs indicateurs montrent que même si l’homme est loin d’être prêt à rayer la viande et le poisson de son alimentation, et encore moins les oeufs ou le lait, un glissement des valeurs s'opère et une révolution est en cours. Au-delà d’un supposé effet de mode. C’est la thèse défendue par Théo Ribeton, lui-même végétarien pour des raisons éthiques (et non pas écologiques ou sanitaires), et avec « un pied dans l'ancien monde », dit-il, car pas encore vegan.
Son essai dit d’emblée ce qu’il n’est pas : une analyse des raisons pour lesquelles on choisit de devenir végétarien. Faut-il manger des animaux ? de Jonathan Safran Foer (L'Olivier, 2011) ou No Steak d’Aymeric Caron (Fayard, 2013), parmi d'autres manifestes, s’en sont chargés avant lui. »
Dans Usbek & Rica le 19 mai Annabelle Laurent donne la parole à Théo Ribeton :
«Les défenseurs de la viande vont devenir des punks de droite »
« Les steaks de soja déferlent sur les rayonnages des supermarchés. Les restaurants revoient leur carte. Les végétariens convertis en convainquent d’autres, et la minorité grossit. Pour Théo Ribeton, l’auteur de V comme Vegan, paru en avril aux éditions Nova, c’est entendu : le monde est en train de devenir vegan. Et si l’ascension ne peut être freinée, c’est précisément parce que le véganisme a dépassé sa frange militante pour toucher la société dans son ensemble, estime l’auteur.
V comme vitesse. Parce que le véganisme se répand aujourd'hui rapidement : « Le discours a vraiment basculé depuis un an, estime Théo Ribeton. « Je remarque une bienveillance nouvelle, renchérit Sébastien Arsac, de l’association L214, connue pour ses vidéos choc de l’intérieur des abattoirs et des élevages industriels, et cité en début d’ouvrage. Beaucoup autour du terme "vegan" qui, de façon inédite, se trouve très bien connoté et fait beaucoup moins peur qu’auparavant. »
Le mot « vegan » entendu au sens large
Une précision d'emblée : si le vegan va plus loin que le végétalien au sens où il refuse strictement toute exploitation animale (en plus des choix alimentaires du végétalien - pas d’oeufs, de lait, etc. - il ne porte pas de cuir et de laine, entre autres), le mot vegan s'entend ici au sens large, tel qu'il est utilisé aujourd'hui dans le marketing ou la pub. Devenu « une sorte de logo », international qui plus est, il peut offrir « un meilleur outil », estime le journaliste, comparé au lexique qui contraint à slalomer entre végétarien, végétalien, vegan, fléxitarien ou encore antispéciste, et peut désarçonner les moins avertis. »
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