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7 mai 2017 7 07 /05 /mai /2017 08:00
CHAP.18 cabinet noir, « j'appartiens à la France qui vote Macron, je suis trop riche pour voter pour Le Pen ou Mélenchon, mais je ne suis pas un héritier, donc je ne peux pas voter Fillon » Houellebecq.

Plus Houellebecquien que moi tu meurs, bien avant qu’il soit devenu un auteur médiatique je l’avais découvert, dans ce qui est et reste son meilleur livre, Extension du domaine de la lutte.

 

« Les loupiotes jaunasses de cet autorail qui se traînait, de gare vide en gare vide, donnait à mon reflet dans la vitre piquée des contours mous, fienteux. À chaque démarrage, le diesel exhalait des remugles acides et ses gros hoquets agitaient la carlingue. Nous étions, en tout et pour tout, trois : une grosse femme sans âge qui tricotait avec une obstination mécanique, un jeune type au faciès de cheval somnolant la bouche grande ouverte, et moi bien sûr qui rêvassait. Lorsqu’il se pointa dans le compartiment, le contrôleur, qui devait avoir couché avec son uniforme, dégageait un mélange de tabac froid, de slip ancien et d'huile de friture. Sous une casquette de guingois ses cheveux gras dégoulinaient. En réclamant mon ticket il jeta sur moi un regard las agrémenté d’un rictus dévoilant une denture jaunasse et dépareillée. Son haleine fétide, ses ongles longs, bombés et incurvés, sales – on aurait dit des serres d'aigles. Ça me donnait envie de gerber. Fallait que j'en grille une. Je fourrageais dans mon sac à la recherche de ma boîte à rouler. Mes calbars et mes chaussettes se mêlaient avec tout un fatras de papiers que je trimballais en permanence. Officiellement pour écrire, des notes, ça faisait un sacré temps que je n'avais pas aligné une phrase. Le petit bouquin me tomba dans la main. Je le caressai.

 

Dans un craillement de freins notre équipage stoppait en gare d'Evreux. Les néons du quai lâchaient dans l'habitacle une lumière crue de scialytique. Deux bidasses montaient en parlant fort. La tricoteuse nous quittait. Dans ma main droite le titre du petit bouquin m'étonnait : « Extension du Domaine de la lutte », ça sonnait comme du pur jus d'intello post-soixante-huitard non révisé, prétentiard. Si je l'ai ouvert c'est qu'il était édité par Maurice Nadeau. J'ai toujours eu un faible pour Nadeau. Y’avait un nom écrit au crayon au revers de la couverture : Chantal Dubois-Baudry. Les patronymes à tiret m'ont toujours fasciné, à la manière de la transmutation d'un vil métal en or. Mon doyen de fac s'appelait Durand-Prinborgne et, comme raillait mon pote Bourrassaud, quand je m'extasiais sur un Dupont-Aignan ou une Debrise-Dulac « et mon chauffe-eau c'est un Saunier-Duval... » La Dubois-Baudry était la reine du soulignage alors j'ai survolé les phrases soulignées du petit bouquin fripé. Y'en a une que j'ai relu trois fois « Au métro Sèvres-Babylone, j'ai vu un graffiti étrange : « Dieu a voulu des inégalités pas des injustices » disait l'inscription. « Je me suis demandé qui était cette personne si bien informée des desseins de Dieu. »

 

Arrivé à St Lazare j'ai trouvé refuge dans un café crade où un garçon aux cheveux pelliculeux et aux ongles sales, c'était le jour, m'a gavé de demi de bières tiédasses. Quand j'eus fini de lire le petit bouquin au titre étrange j'allai pisser. Les toilettes étaient à la hauteur du standing de l'établissement ce qui ne m'empêcha pas de me poser sur la lunette. J'étais encore dans le petit bouquin. Le petit bouquin était sur mes cuisses. C'est alors que j'ai découvert le nom de l'auteur : Houellebecq. Étrange, ça sonnait comme un nom d'abbaye. Ce Houellebecq m'avait dérangé. Il m'énervait même si son style atone, minimal, s'élevait parfois jusqu'à devenir Bovien. Son Tisserand, l'un de ses personnages, venait de détruire mon postulat de la laideur. Ce type « dont le problème - le fondement de sa personnalité, en fait - c'est qu'il est très laid. Tellement laid que son aspect rebute les femmes, et qu'il ne réussit pas à coucher avec elles. Il essaie de toutes ses forces, ça ne marche pas. Simplement elles ne veulent pas de lui… » Ce type grotesque, lamentable, j'avais envie de tirer la chasse d'eau sur lui mais je ne pouvais pas. Que pouvait-il faire ce laid, en dehors de se résigner, d'épouser une moche, d'aller aux putes ou de devenir riche ? »

 

Lors de l’Émission politique de France 2, jeudi dernier, David Pujadas et Léa Salamé avaient convié plusieurs commentateurs et acteurs de la vie publique sur leur plateau, pour qu’ils donnent leur interprétation de la fracture entre les « deux France », mise en lumière lors du premier tour de l'élection présidentielle. Dans la dernière partie, c’est Michel Houellebecq qui a offert sa vision – préoccupée, comme souvent – du pays.

 

« Je fais partie de l'élite mondialisée. (...) J'appartiens à la France qui vote Macron ». « Moi je crois au vote de classe. (...) Je suis trop riche pour voter pour Le Pen ou Mélenchon, mais je ne suis pas un héritier, donc je ne peux pas voter Fillon », explique-t-il. Cela ne l'empêchera pas de s'abstenir, comme il a coutume de le faire (« sauf aux référendums »), dimanche prochain.

 

Pour lui la campagne de Macron est « une thérapie de groupe » Michel Houellebecq a avoué ne plus connaître la France « périphérique », des exclus. « La France de Marine Le Pen n'habite pas à Paris, elle habite dans des zones périphériques », constate-t-il « De fait j'ai perdu le contact, je ne pourrais pas écrire là-dessus », se disant fort gêné par cette évidence, qui tient selon lui de la « faute professionnelle ». Il ne s'est pas privé d'analyser les phénomènes politiques révélés – ou provoqués – par l'élection présidentielle. D'après lui, le clivage droite-gauche persiste, mais se superpose au clivage ouverture-fermeture, porté selon certains par le duel entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. « Je ne sais pas si j'ai vu des présidentiables pendant le débat », observe-t-il, avant de comparer la campagne du candidat d'En Marche! à une « thérapie de groupe, pour convertir les Français à l'optimisme ».

 

 

Si j’ai bien compris Emmanuel Macron a le nom de son Premier Ministres dans sa tête, sans avoir le pouvoir d’y pénétrer je prends le risque de vous annoncer que ce sera Thierry Breton, ancien Ministre de l’Économie sous Jacques Chirac et actuel PDG d’ATOS.

 

La passation de pouvoirs devrait avoir lieu le dimanche 14 mai « C'est l'hypothèse sur laquelle le protocole de l'Élysée travaille prioritairement, selon nos informations. Un dimanche, cela n'est pas arrivé depuis 110 ans. Des passations de pouvoir ont eu lieu le samedi, mais jamais le dimanche. Cela n'est arrivé qu'une fois en 170 ans : c'était le dimanche 18 février 1906, pour Armand Fallières.

 

Comme il l'a promis lors de ses derniers vœux, François Hollande compte présider « jusqu'au dernier jour » Et son dernier jour de mandat, comme l'atteste le calendrier du Conseil constitutionnel sur son site Internet, c'est le dimanche 14 mai. Étrangement, l'Élysée ne fait pas le même calcul et explique que trois jours sont envisagés pour l'investiture le samedi, le dimanche mais aussi le lundi. « Lundi, c'est trop tard », réplique le constitutionnalise Didier Maus, que nous avons consulté. À minuit, précise-t-il, la passation de pouvoir devra « impérativement avoir eu lieu ».

 

Quand Emmanuel Macron était banquier d'affaires : « Un élément prometteur, mais sans plus »

 

Vous est-il arrivé de taper "Macron banquier" sur Google ? Cette requête suffit à mesurer à quel point ces deux mots, accolés, suscitent les pires fantasmes. De quoi donner envie de scruter de plus près les quatre années passées chez Rothschild & Co par le futur candidat à l'Elysée. Le banquier d'affaires a-t-il été un "Mozart de la finance" ? Ou un météore de passage dans les couloirs feutrés de cette banque prestigieuse, dans l'attente d'un autre destin ? A trois jours du second tour du dimanche 7 mai, franceinfo se penche sur la précédente carrière d'Emmanuel Macron.

 

Une carrière débutée sur les conseils d'Alain Minc

 

Rembobinons le parcours du prodige. Sorti en 2004 dans la "botte" (c'est-à-dire parmi les tout premiers) de l'ENA, Emmanuel Macron rejoint à 27 ans la très élitiste Inspection des finances. Il devient rapidement le protégé de Jean-Pierre Jouyet, alors chef des inspecteurs des finances, qui le présente à Jacques Attali. De fil en aiguille, Emmanuel Macron est désigné en 2007 rapporteur général adjoint de la Commission pour la libération de la croissance. Présidée par l'ancien sherpa de François Mitterrand, ce cénacle est un vivier de patrons, d'économistes et d'intellectuels.

 

Le jeune Macron étoffe son carnet d'adresses, et croise quantité de bonnes fées qui se penchent sur sa carrière naissante. Elles l'orientent vers la banque d'affaires. "Au moins trois commissaires, Jean-Michel Darrois [avocat], Serge Weinberg [président du conseil d'administration d'Accor] et Xavier Fontanet [PDG d'Essilor International], le recommandent chez Rothschild", racontent Les Echos.

 

Pourquoi le jeune homme, déjà mû par une ambition présidentielle, selon son biographe François-Xavier Bourmaud, choisit-il le privé ? Parce que l'homme d'affaires Alain Minc lui aurait donné ce conseil, dès sa sortie de l'ENA :

 

« Pour faire de la politique aujourd'hui, il faut être riche ou ascète. Donc, commence par fabriquer de l'épargne, deviens banquier d'affaires. D'abord, tu seras libre (...) de conseiller des hommes politiques pendant cette période. Mais, surtout, tu gagneras bien ta vie pendant plusieurs années, et tu y gagneras ta liberté. »

 

Alain Minc

Cité dans le livre "Macron, l'invité surprise" (éd. de l'Archipel)

 

La suite ICI 

 

 

 

 

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