J'ai recueilli ce titre, en avril 2007, veille d’un autre scrutin présidentiel, sur un mur de Paris, je lui trouve des accents 68 huitard.
Ceux qui me suivent sur mon espace de liberté savent que j'avais 20 ans en mai 1968 et que, contrairement à Paul Nizan dans Aden Arabie, aujourd'hui je n'écrirai pas « J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie ».
De ce temps je ne suis ni fier, ni repentant, il reste pour moi le moment où la société française, sa jeunesse tout particulièrement, dans l'un de ses spasmes violents dont elle a le secret, explosaient les coutures d'un habit trop étroit. Nous pensions sincèrement faire la Révolution, renverser la table alors qu’en fait la société de consommation avait besoin qu'on brise des tabous pour prospérer, et nous lui avons grande ouverte les portes.
Ne me dites pas qu’il faut que jeunesse se passe, nous étions dans un monde dur et dangereux, la guerre du Vietnam, la guerre froide, les répressions sociales et sociétales… nos copines avortaient clandestinement, la peine de mort existait, et nous osions écrire « nous ne voulons pas d'un monde où la certitude de ne pas mourir de faim s'échange contre le risque de mourir d'ennui. »
C'est vrai que nous n'étions guère préoccupés par nos retraites, nous étions des enfants de la Paix et, tout au fond de nous, sous notre épaisse couche de connerie verbale, la certitude d'un monde meilleur ne souffrait d'aucun doute.
Bravaches nous proclamions « élections, piège à cons » mais nous votions.
Ce matin, sans faire de longs discours, le vieil homme indigne que je suis qui, oui a vécu une très belle vie, contemple avec effroi le triste spectacle de spectres resurgi des poubelles de l’Histoire.
Face à eux, puisque nos démocraties permettent à ceux qui les gangrènent de s’exprimer en toute légalité, il nous reste pour leur faire obstacle, les confiner dans leurs outrances, notre bulletin de vote.
S’abstenir ou même voter blanc c’est favoriser l’extension de leurs idées graves, c’est mettre le doigt dans un engrenage fatal.
L’offre politique de cette présidentielle n’est pas aussi calamiteuse que beaucoup le proclament, même morcelées toutes les sensibilités y sont représentées et il est possible de choisir en fonction de ses convictions en excluant je l’espère les idées de haine et d’exclusion.
Il n’y a ni vote utile ou inutile, mais certains candidats du premier tour devraient peser leurs mots s’ils veulent rassembler au second.
2002 plus jamais !
Allez voter pour faire barrage aux idées graves !
Le Larousse
* Qui peut avoir des conséquences fâcheuses, qui peut entraîner des suites dangereuses : Commettre une faute grave.