Ceux d’entre vous qui ne le sauriez pas encore, depuis plus d’une semaine victime d’overdose je me suis placé volontairement en cellule de dégrisement politique… je me suis donc mis en mode avion … je vis comme 1 réfugié en Corée du Nord… sauf que, dès que je sors je suis libre car, contrairement au bon vieux temps des démocraties populaires chères au cœur des communistes français, ma prison n’a pas de mur.
Vous ne pouvez pas savoir comme ça fait du bien, je ne suis pas en manque, bien au contraire je jouis laissant aux excités de tous bords le soin de se crêper le chignon.
Étonnés par mon mutisme, mon indifférence sans arrogance, mes amis, après quelques vaines tentatives, du même tonneau que celles des piliers de bar « tu prendras bien un petit verre », me fichent une paix royale. Une jeune amie s’est exclamée :
- Tu iras voter tout de même ?
- Oui, bien sûr.
Nous entamons la dernière semaine de ce marathon électoral commencé dès les Primaires de la Droite et la folie sondagière exacerbée par les médias surexcités nous prédit une arrivée au sprint dans un mouchoir de poche de 4 des candidats.
Ça va bouillir comme le disait Zappy Max !
Bouillir est une notion qui a quasiment disparue au XXe siècle :
- On ne fait plus bouillir le linge dans une lessiveuse en tôle galvanisée…
- On ne fait guère bouillir du pot-au-feu…
- On ne boit plus du café qui avait bouillu toute la journée sur le coin de la cuisinière…
- On ne fait bouillir le lait pour occire les microbes vu qu’on achète du lait mort.
Séquence souvenir du Bourg-Pailler :
Le matin, avant de partir à l’école, alors que je trempais mes tartines de beurre dans ma tasse de cacao, les bonnes défilaient devant moi avec leur bidon de lait en métal muni d’une poignée en bois. Ça caquetait, ça cancanait, le lait tout juste sorti du pis des vaches du pépé Louis était tout chaud et tout moussu dans le grand seau.
Avant l’aire des Frigidaire il fallait vite le faire bouillir !
C’est alors qu’une fois refroidi il se couvrait d’une épaisse croûte jaune (plus ou moins jaune selon la saison) : la peau du lait.
Mais faire bouillir le lait c’était prendre le risque de son débordement, c’était la terreur des plaques bien lustrées de la cuisinière et l’odeur de lait brûlé n’était pas du meilleur effet pour les ménagères pas encore libérées.
Sauf qu’il y avait l’anti-monte-lait !
« C’était une sorte de soucoupe ourlée d’un rebord, avec, sur chaque face, une sorte d’encoche. Les plus anciens étaient en porcelaine, les modernes, en verre estampillé « Pyrex ». Comme on ne sait pas trop bien pourquoi le lait déborde si généreusement à l’ébullition (les protéines qui s’enroulent autour des bulles ? La tension de surface qui est perturbée par les lipides ?), il est vain d’imaginer que l’anti-monte-lait, dans sa grande simplicité, ait pu avoir des vertus physiques capables de conjurer la soudaine éruption. Non, l’anti-monte-lait, secoué par les tourbillons du lait près à bouillir s’agitait au fond de la casserole. Freinait-il le débordement ? D’aucuns l’affirment – sans preuve. En tout cas, il faisait cloc-cloc-cloc et, alertée par ce bruit caractéristique, une main venait couper le gaz. Sans elle, la catastrophe était inévitable. »
Qu’il était beau mon Meccano Jacques Gaillard
Mots-clés de la parabole :
- débordement
- éruption
- tourbillons
- casseroles
- catastrophe
Suggestions à l’attention des candidats : distribuer des anti-monte-lait à leur effigie