Plus de 35% dans l'Aisne
C'est dans l'Aisne que Marine Le Pen fait son plus gros score : 35,7%. C'est presque 10 points de plus que lors du 1er tour de la présidentielle de 2012 où elle avait obtenu 26,33% des voix. Le taux de participation est pourtant en baisse dans ce département par rapport à 2012 : dimanche 23 avril 2017, 78,7% des Axonais ont voté contre 80,61% pour le 1er tour de 2012.
Loin derrière, Emmanuel Macron avec 17,9% des suffrages exprimés. Jean-Luc Mélenchon et François Fillon sont au coude-à-coude comme au niveau national mais dans l'Aisne c'est le candidat de la France Insoumise qui l'emporte.
L’Aisne c’est tout près de Paris, lorsque j’étais au 78 rue de Varenne deux dirigeants agricoles d’envergure nationale qui faisaient partie de mes interlocuteurs étaient issus de ce département : le président des céréaliers et celui de l’enseignement agricole privé : Henri de Benoist et Gérard de Caffarelli. J’ai habité pendant quelques années à quelques encablures de Villers-Cotterêts devenu depuis un fief du FN. Enfin, avec mon amie Claire je suis allé à Saint-Quentin la ville où elle est née et où elle a grandi fief d’un baron des Républicains, ministre et maintenant patron d’une région grâce aux voix d’une gauche dont c’était l’un des bastions.
Ce département rural, qui s'estime négligé par Paris et même Amiens, au chômage record 14% - et à la démographie stagnante - autour de 500.000 habitants depuis un siècle-, est un cas d'école.
« Le taux de RSA est l'un des plus importants, le niveau d'éducation l'un des plus faibles », note M. Lehingue.
Le département souffre d'un manque d'homogénéité, des franges périurbaines du grand Paris, autour de Château-Thierry, au sud, à La Thiérache, terre d'élevage particulièrement pauvre, à la frontière belge au nord, en passant par la grande agriculture du Laonnois et du Soissonnais.
Sa plus grosse agglomération, Saint-Quentin, --65.000 habitants-- est frappée de plein fouet par la désindustrialisation, comme le reste du département.
«Dans la continuité des élections départementales et régionales de 2015, Marine Le Pen progresse encore dans le département rural de l’Aisne.
Elle vire en tête au premier tour de la présidentielle dans la majorité des 804 communes.
Dans le Vermandois par exemple, elle fait 50,85 % des voix à Villeret, 37,50 % à Trefcon et 29,45 % à Maissemy.
Au nord du département, la candidate FN réalise 46,15 % à Fontaine-Uterte et même 51 % à Vénérolles en Thiérache. Elle culmine aussi à 50,84 % à Guny, commune proche de Coucy-le-Château.
Dans un village comme Itancourt qui a pourtant pour maire le député des Républicains, Julien Dive, proche de Xavier Bertrand, Marine Le Pen est là encore bien en tête, totalisant 220 voix, devant Emmanuel Macron (167 voix) et François Fillon (142). « Le 7 mai, c’est un choix de société qui s’impose à tous les Français et moi je combats l’idéologie du FN et je voterai pour le candidat républicain », réagit Julien Dive.
Les villages les plus isolés du département ne sont pas les seuls à porter en tête la leader FN. Des électeurs de villes ont également fait ce choix et notamment la cité préfectorale, Laon, dirigée par le sénateur maire des Républicains, Antoine Lefèvre. Marine Le Pen est, en effet, créditée de 28,84 % des suffrages exprimés avec plus de sept points d’avance sur Emmanuel Macron (21,66 %). Affront supplémentaire pour les Républicains dans la ville de Laon, Jean-Luc Mélenchon, 3e avec 19,49 % des voix, devance Fillon (15,68 %).
Après 97,24 % des résultats dans l’Aisne, Le Pen totalise 35,91 % des voix, loin devant Macron (17,88), Mélenchon (16,87), Fillon (16,22), Dupont-Aignan (5,12) et Hamon (4,22).
«Les Français en ont marre du duel traditionnel droite-gauche », analyse le député PRG Jacques Krabal, un des premiers élus de l’Aisne à avoir soutenu Emmanuel Macron. Le parlementaire de Château-Thierry salue son champion « qui donne de l’espoir et de la confiance » quand son adversaire, Marine Le Pen, « ne fait qu’agiter les peurs ». Dès hier soir, le FN a commencé à pilonner le candidat « mondialiste » et « du système »
J'aimerais que ceux qui ont fait fonds de commerce de l'abandon des zones rurales par le pouvoir central aillent au plus près de ce cas d'école pour affiner des analyses sans grandes nuances.