Lundi 11 h, faisait encore frisquet, je filais vers le nord à grandes pédalées. Mon fidèle destrier répondait présent en dépit d’une chaussée digne du Moyen-Âge. Notre maire ne fait pas de vélo sinon il y aurait moins d’ornières dans les pavés de Paris. Destination les Bouffes du Nord, un théâtre où je vais faire Buvette.
J’entre dans l’antre, une charmante jeune fille me demande :
- Vous êtes restaurateur ?
- Non, je suis agent double…
Blague à deux balles à part, mais saillie qui colle bien au petit monde des vins nus où l’agent est un personnage clé du biseness. C’est lui qui prospecte, place les vins des vignerons dans la restauration ou chez les cavistes, parfois les livre et assure l’encaissement. Pas de tout repos comme job.
Bien sûr, ma pomme n’en est point un, mon truc à moi c’est l’espion modèle guerre froide qui mange à tous les râteliers. Foin de l’idéologie, pour quelques dollars de plus changer de camp au gré du vent. C’est toute l’énigme de l’agent double : qui trahit-il vraiment ?
À ce stade vous allez penser que je suis totalement déconnant ?
La réponse est OUI,
en effet les jours coulent, s’écoulent, tranquilles, plus de ponts, de week-end prolongés, de réveil qui sonne, de lundi pourris, de vendredis interminables, de réunions vaseuses… ainsi va la vie d’un désœuvré qui vient d’adjurer sa foi en la politique.
Pour autant, personne ne peut me dire : « Tu t'laisses aller » comme le chantait en 1966, pas très charitablement pour sa moitié, Charles Aznavour.
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