C’était à la une du Monde en 1981.
Dans cette campagne, le passage d’un des candidats chez Rothschild lui vaut d’être marqué au fer rouge.
Petite leçon d’histoire pour les gens de la vraie gauche.
Les nationalisations de 1981 chères aux 101 propositions de Tonton, chères aussi pour les contribuables, devaient mettre à bas le mur de l’argent symbolisé par de grandes dynasties bancaires dont les Rothschild.
La banque Rothschild en 1981 vient de connaître 10 ans d’expansion continue mais les résultats sont à la traîne. Les filiales spécialisées dans les métaux non-ferreux perdent de l’argent. À l’arrivée au pouvoir des socialistes, la situation s’est encore dégradée.
« À cette époque, beaucoup de banques étaient en difficulté. Mais les socialistes décident une nationalisation très large de 17 établissements pour des raisons idéologiques, ce qui va les conduire à payer pour le contrôle de banques qui, dès les prochaines années seront en difficulté. Exemple la banque Rothschild qu’il faudra recapitaliser, qui prendra le nom d’Européenne de Banque et qui sera intégrée au CCF pour assurer sa survie.
Certains n’hésiteront pas, alors, à affirmer que la nationalisation a sauvé Rothschild et les autres. Et sans doute aussi le Conseil Constitutionnel, qui a obligé le gouvernement à revoir à la hausse les indemnisations des actionnaires. »
Conseiller technique à la Présidence de l’Assemblée Nationale j’étais aux premières loges, je suivais avec Frédéric Saint-Geours le dossier des nationalisations. Comme Rocard et Delors nous étions contre les nationalisations à 100% mai Rocard comptait pour du beurre, Delors faisait du Delors en exhibant à tout propos sa démission et il fallait donner du symbole au peuple de gauche.
Le coût total des nationalisations, chiffré à l’origine à 29 milliard de francs, est passé à 35 milliards puis à 43 milliards. « Rothschild, Union Européenne, Worm étaient en faillite virtuelle, raconte un banquier. Tous ces gens ont fait une bonne opération. Le gouvernement était tellement pressé de faire passer sa loi qu’il n’a même pas demandé d’audit des sociétés. Certaines banques ont communiqué de faux bilans masquant des comptes débiteurs considérables où n’étaient pas provisionnées des créances perdues. Les dotations en capital qui ont été attribuées par la suite pour renflouer les établissements malades ont représenté plus de 2 fois le montant des indemnités versées. On a volé le contribuable. » Les actionnaires de la banque Rothschild ont reçu, eux, 440 millions de francs d’indemnités. »
Belle opération !
Dès mai 82, David, le fils de Guy, qui a repris les rênes décide de créer PO Gestion dont 84% du capital sont fournis par Rothschild Londres, Rothschild Zurich, la Compagnie Financière Edmond de Rothschild, des membres de la famille et par Paris-Orléans, une société holding cotée à la Bourse de Paris contrôlée par le clan.
PO Gestion prospère et en 1983 David de Rothschild parvient à obtenir le feu vert nécessaire de l’AFB et de la Banque de France pour transformer l’établissement en banque d’affaires. Le capital est porté à 60 million de francs, souscrit par la famille. « Il n’y a pas de capitaux extérieurs et il n’y en aura jamais » déclare le jeune financier qui rêve de redonner le nom de Rothschild à une banque.
Une longue bataille commence.
En attendant David reprend le célèbre blason familial : cinq flèches symbolisant les cinq fils du fondateur de la dynastie.
En 1986, l’alternance permet le 25 septembre de nommer l’établissement « Rothschild et associés banque »
La maison reste modeste en terme de capitalisation mais David joue sur la matière grise : il propose à Jean-Charles Naouri, l’ex-directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy Ministre des Finances de devenir associé-gérant. Celui-ci reprendra les rênes, à la famille Guichard, du groupe Casino.
En 1990, huit ans à peine après son retour, David de Rothschild réalise l’exploit de se classer en deuxième position des banques d’affaires.
En 2003, il prend la tête de NM. Rothschild qui rassemble les activités des branches anglaise et française.
En 2011, il est le banquier qui compte, taillant des croupière aux plus grands établissements de la place, comme la banque Lazard, en exerçant une véritable influence. Un parrain.
Au cours de ce quart de siècle parmi les associés-gérants figurent d’anciens grands patrons dont François Henrot, Compagnie Bancaire, qui recrutera un certain Emmanuel Macron.
Au fait, il faisait quoi chez Rothschild, Emmanuel Macron ?
On lui accordera le sens du timing. Emmanuel Macron devient banquier d’affaires [PDF] en septembre 2008, dix jours seulement avant la chute de Lehman Brothers. Le jeune homme n’a alors que 30 ans et va gagner en quelques années seulement, malgré les soubresauts de la crise financière, son surnom de « Mozart de la finance ».
Macron fait partie de ces énarques satinés qui décrochent très vite de jolies fonctions dans le privé, plutôt que de poursuivre dans l’administration ou les cabinets ministériels. Après sa sortie de l’Ena (Ecole nationale d’administration), il a passé plusieurs années à « l’Inspection » (générale des Finances) tout en s’attirant les bonnes grâces de l’économiste Jacques Attali, qui le recommandera à François Henrot, le bras droit de David de Rothschild.
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