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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 17:50
Journal d’1 chroniqueur de campagne (8), la jurisprudence Balladur pour les mis en examen, Le Maire fors l’honneur, mais où sont Juppé et NKM ?

La question posée jusqu’à ces derniers jours était : Un ministre mis en examen doit-il démissionner ?

 

La présomption d’innocence, marque de notre État de Droit, ne permettait pas de trancher, ce qu’arguait Nicolas Sarkozy face à Léa Salamé :

 

- Si vous êtes réélu président de la République, est-ce que vous appliquerez la jurisprudence Balladur - tout ministre mis en examen devra démissionner ?

 

- Non, non non non non. Je crois beaucoup à l'État de droit comme vous et à la présomption d'innocence. J'ai trop vu ce qui s'est passé avec monsieur Baudis [voir ici, ndlr] - paix à son âme - qui a été insulté, bafoué à longueur d'émissions de télévision, y compris sur le service public [...] pour s'apercevoir six mois après que c'était que des mensonges et que l'innocence... L'innocence, le respect de la présomption d'innocence, ça compte. Vous devriez considérer que c'est un principe absolu.

 

François Fillon, se range à l’avis de son ancien mentor en inaugurant une nouvelle ère dans l’affaiblissement de la morale publique en maintenant sa candidature à la Présidence de la République.

 

C’est son droit et je ne lui conteste pas. Il est présumé innocent sauf que, s’il est élu, son impunité présidentielle renverra la procédure aux calendes grecques.

 

La jurisprudence Balladur ne s’appliquait donc qu’aux lampistes.

 

Ces vingt dernières années, douze ministres français ont démissionné à la suite d'un scandale. Neuf sont de droite, un du centre, et de deux de gauche.

 

Le dernier en date fut Jérôme Cahuzac, ministre du Budget, a présenté sa démission du gouvernement après l'annonce d'une ouverture judiciaire à son encontre pour des faits présumés de blanchiment de fraude fiscale.

 

• 29 mai 2011: Georges Tron

 

Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron (UMP), visé par une enquête judiciaire après des accusations d'agressions sexuelles, présente sa démission du gouvernement, tout en clamant son innocence. Il a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles mais aucun renvoi devant un tribunal n'a encore été décidé à ce jour.

 

• 27 février 2011: Michèle Alliot-Marie

 

La ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie (RPR, UMP) annonce sa démission, tout en affirmant n'avoir "commis aucun manquement". Depuis le début de l'année, elle avait accumulé les maladresses à propos de ses vacances fin 2010 en Tunisie, alors que la révolte y avait commencé.

 

• 4 juillet 2010: Alain Joyandet et Christian Blanc

 

Le secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie Alain Joyandet (RPR, UMP) et le secrétaire d'Etat chargé du développement du Grand Paris Christian Blanc (Nouveau Centre) démissionnent du gouvernement de François Fillon. Le premier a été épinglé par la presse pour avoir utilisé un jet privé coûteux pour se rendre dans les Caraïbes, puis à propos d'un permis de construire illégal pour agrandir sa maison dans le Var. Christian Blanc, lui, s'est vu reprocher des achats de coûteux cigares réglés à partir de fonds publics.

 

• 25 février 2005: Hervé Gaymard

 

Le ministre de l'Economie Hervé Gaymard (RPR, UMP) démissionne du gouvernement Raffarin à la suite d'une polémique sur son luxueux et spacieux logement de fonction.

 

• 21 janvier 2004: Pierre Bédier

 

Le secrétaire d'Etat aux programmes immobiliers de la justice Pierre Bédier (RPR, UMP) démissionne du gouvernement Raffarin après sa mise en examen pour "corruption passive et recel d'abus de biens sociaux" dans l'enquête sur des marchés publics dans les Yvelines. Il sera condamné à 18 mois de prison avec sursis.

 

• 17 juin 2002: Renaud Donnedieu de Vabres

 

Le ministre des Affaires européennes Renaud Donnedieu de Vabres (UDF, UMP), mis en examen dans une affaire de financement illégal du défunt Parti Républicain (PR, aujourd'hui fondu dans l'UMP), quitte le gouvernement Raffarin où il ne sera resté que cinq semaines. Il est relaxé des faits de "complicité d'infraction à la législation sur le financement des partis politiques", mais déclaré coupable de blanchiment et écope d'une amende.

 

• 2 novembre 1999: Dominique Strauss-Kahn

 

Le ministre de l'Economie DSK (PS) du gouvernement Jospin, impliqué dans l'affaire de la MNEF, présente sa démission. Il sera relaxé.

 

• 12 novembre 1994: Michel Roussin

 

Le ministre de la Coopération Michel Roussin (RPR), du gouvernement Balladur, démissionne deux jours avant d'être mis en examen pour "recel d'abus de biens sociaux" dans l'affaire des fausses factures des HLM de Paris et des Hauts-de-Seine. Il bénificiera d'un non-lieu pour cette affaire.

 

• 14 octobre 1994: Gérard Longuet

 

Le ministre de l'Industrie Gérard Longuet (UDF, PR, UMP), du gouvernement Balladur, donne sa démission, après des enquêtes préliminaires sur sa villa de Saint-Tropez, et l'ouverture d'une information judiciaire sur le financement du PR. Il bénéficiera d'un non-lieu.

 

• 17 juillet 1994: Alain Carignon

 

Le ministre de la Communication Alain Carignon (RPR, UMP), dans le gouvernement Balladur, présente sa démission peu avant sa mise en examen pour "recel et complicité d'abus de biens sociaux" dans une affaire liée à la Lyonnaise des Eaux. Il sera condamné à cinq ans de prison dont 1 avec sursis et passera 29 mois en prison.

 

• 23 mai 1992: Bernard Tapie

 

Le ministre de la Ville Bernard Tapie (PRG), du gouvernement de Pierre Bérégovoy, démissionne une semaine avant son inculpation dans l'affaire Toshiba-France, un litige privé et commercial qui aboutira à un non-lieu.

 

Dans un communiqué, Bruno Le Maire rappelle cruellement à François Fillon son engagement pris le 26 janvier au journal de 20 heures de TF1 : s’il était mis en examen, il se retirerait de la course à l’Elysée. Depuis, le candidat a fait marche arrière, et martèle désormais qu’il ira « jusqu’au bout ». Mais - même s’il se trouve que Fillon n’est pas (encore) mis en examen - Bruno Le Maire ne le suit plus. « Je crois au respect de la parole donnée », écrit le député de l’Eure. « En accord avec mes principes, je démissionne donc de mes fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales de la campagne de François Fillon. » Et que va donc faire Bruno Le Maire, alors ? « Je poursuis le combat politique au service de la France et des Français », élude-t-il en conclusion de son communiqué.

 

Dans la foulée, plusieurs élus proches de Bruno Le Maire ont apporté leur soutien à cette décision sur Twitter comme Laure de La Raudière, députée d’Eure-et-Loir et membre de l'équipe projet de François Fillon, mais aussi Franck Riester, député-maire de Coulommiers, ou Arnaud Robinet, député-maire de Reims. Parmi les « lemairistes » haut placés dans l'organigramme de François Fillon, Thierry Solère, porte-parole, et Sébastien Lecornu, directeur adjoint de la campagne, n'ont en revanche pas annoncé leur retrait à l'heure actuelle.

 

Reste une double inconnue non encore levée à l’instant où j’écris cette chronique : que vont faire Alain Juppé et celle qui s’est ralliée à lui, avec un beau score à la Primaire, NKM ?

 

Le premier se devrait, eu égard à ses prises de position et à ses électeurs de la Primaires, d’adopter a minima une position très en retrait du maintien de Fillon. Sa raideur coutumière lui a interdit de se positionner en recours, ce fut une erreur stratégique qui a ouvert un large boulevard à Macron. Boulevard sur lequel s’est engouffré son soutien de la première heure Bayrou.

 

Du côté de NKM, même si elle doit une circonscription en or massif de François Fillon, rester accrocher à l’ambulance obérera son avenir de représentante d’une droite décomplexée à cent lieues des partisans de la Manif pour tous…

 

L'UDI « suspend » sa participation à la campagne de François Fillon, a annoncé le président du mouvement, Jean-Christophe Lagarde.

 

Les fillonistes organisent une grande marche « anti coup d'état des juges » à Paris dimanche. 300 000 personnes espérées.

 

Nous ne sommes pas au bout de nos peines car la MLP est-elle aussi dans les rets de la justice…

 

Pauvre France !

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commentaires

1
Les violentes attaques verbales proférées par M.Fillon contre la justice (relevant de l’ « outrage à magistrat »)et les médias sont indignes d'un candidat à la présidence de la République.Ces attaques en disent long sur la « moralité »,l’« honorabilité » de cette figure incontournable de la sarkozie.Le président de la République,conformément à la constitution,se doit d'être le gardien des institutions.Les propos de M.Fillon (« coup d’Etat institutionnel », « assassinat politique », « guerre civile »…etc)témoignent d'une absence totale de maîtrise de lui-même comme d'un rapport perverti à la LOI (notamment constitutionnelle).La dangerosité du personnage pour la stabilité du pays ne peut plus être ignorée,niée.Notons enfin que M.Macron a fait preuve,en la circonstance,d'un réel sang-froid et d'une hauteur de vue qui l'honore:tolérance zéro pour les délinquants.M.Macron a marqué un point comme l'on dit dans une société politique qui est traversée par de fortes turbulences.
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P
Décadence ! Mais pour qui se prennent-ils ? ils aspirent à la magistrature suprême et piétinent les institutions en en retenant que ce qui les arrange. À l'aune d'Ivan Audiard ce n'est qu'une bande de con, vous savez ceux qui osent tout et c'est à cela justement qu'on les reconnaît. Le palmarès présenté par notre Taulier chroniqueur ce coup-ci au sens de Commynes fait état de « non-lieu ».C'est le moment de rappeler que non-lieu ne veut pas dire ni même sous-entendre innocent mais constate simplement qu'il n'y a pas assez d'éléments ou de droit ou de fait ou des deux pour envoyer le mis en examen devant un tribunal. Le célèbre « il n'y a pas de fumée sans feu ! » prend ici tout son sens loin de la mère Michu et son compère qui d'ordinaire rient sous cape avec l'air de « moi on ne me la fait pas. » On ne peut que se désoler avec toi cher Taulier, quand tu conclus Pauvre France ! Ces outres de suffisance, incapables de prendre le moindre recul par rapport à leurs comportements et à leur discours, sont totalement inconscient de l'image de la France qu'ils envoient dans le monde. Il va falloir guetter les numéros de Courrier International, pour lire, le cœur serré, les billets étrangers.
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J
Sans partis pris sur la question, je reconnais une grande maladresse dans les arguments de défense de Mr Fillon. Mais ce qui me scandalise le plus ce sont les fuites de la magistrature. Il me semble que certains juges ou procureurs commettent des actions qui mériteraient enquête et forte sanction. Ce sont eux qui discréditent la fonction. Me semble-t'il ;-))

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