J’ai vécu physiquement le Congrès de Rennes en les 15-18 mars 1990, à l’époque Mélanchon et Dray faisaient cause commune au sein de la Gauche Socialiste, soufflaient sur les braises des haines ordinaires du PS. Nous les rocardiens comptions les points car c’était le camp mitterrandien qui se déchirait et dénommions les 2 larrons Gueule de Raie et Méchancon. En ce temps-là Didier Migaud, porte-serviette de Louis Mermaz au Conseil Général de l’Isère, était fabiusien. Bonjour l’ambiance dans les restaurants de Rennes devant lesquels stationnaient de grosses R25.
Belle transition avec les vannes de François Hollande, lui-même rattaché à la Cour des Comptes, sur cette vieille institution présidée par Didier Migaud nommé par Sarko. Belle carrière pour ce sombre besogneux !
La Cour des Comptes coûte très cher pour des résultats inexistants, je suis depuis toujours partisan de la supprimer pour confier ses missions à des auditeurs privés. Notre Flamby a raison « Je connais bien cette institution, aurait-il dit d’après Le Figaro qui a relaté la scène, sans être démenti. Je l’ai choisie après l’ENA [au début des années 1980] pour pouvoir trouver le temps de faire, parallèlement, de la politique… D’ailleurs, les membres y sont deux par bureau, pour que chaque personne puisse vérifier que l’autre n’est pas en train de dormir. »
Lorsque je dirigeai le cabinet du Ministre celui-ci, un beau jour, me déclara qu’il voulait accueillir un jeune conseiller de la Cour des Comptes. Je compris que c’était à la fois pour faire joli, les politiques sont fascinés par les têtes d’œufs des grands corps de l’Etat formé par l’ENA et parce que ce jeune et sémillant garçon, bien sous tous les rapports, grenouillait dans les couloirs de la rue de Solférino. Il vint donc car rien ne vaut l’épreuve des faits. Et celle-ci vint aussi, cette tête bien faite se vautra sur un dossier social et s’avéra fabiusien. Fin de la séquence.
Ainsi fonctionnait le PS, somme de haines ordinaires alors pourquoi s’étonner de ce qui se passe actuellement entre Hamon et Valls, ce n’est pas une découverte mais la révélation au grand public des mœurs de la grande famille du PS
Le Congrès de Rennes (15-18 mars 1990), s'était terminé sans synthèse majoritaire entre courants socialistes, après des affrontements féroces entre ténors du PS.
Guerre de succession
Resté comme un cauchemar dans la mémoire du parti, ce Congrès n'avait pas pu régler la guerre de succession qui opposait Laurent Fabius et Lionel Jospin, longtemps avant la fin du second mandat de François Mitterrand.
Cette rivalité se doublait d'une autre entre le président de l'Assemblée Fabius et le Premier ministre Michel Rocard pour une éventuelle candidature à l'Elysée, avec Jacques Delors en embuscade.
Devant une assistance qui huait, insultait et adressait des bras d'honneur aux intervenants, les discussions avaient été marquées par une âpreté rappelant le congrès de Metz (1979) où Mitterrand et Rocard s'étaient affrontés pour la candidature à l'Elysée.
A Rennes, le pôle Fabius recueille 30% des suffrages des militants, faisant jeu égal avec la direction sortante, empêchant tout compromis.
Problème de personnes
Le PS est alors plongé dans une crise sans précédent, condamné à prolonger les négociations à Paris, pour sortir de l'impasse créée par un problème de personnes plutôt que par un débat politique.
Outre le fonctionnement du parti, le Congrès de Rennes avait pourtant à son programme les relations avec le gouvernement et la politique sociale.
Mais au dernier jour du Congrès, une nuit entière de négociations n'avait pas permis de régler la répartition des postes de direction. Les Fabiusiens estimaient avoir fait une concession majeure en renonçant au poste de premier secrétaire et s'opposaient aux Jospiniens qui exigeaient plusieurs secrétariats nationaux clés du parti.
Dans la désolation des 7.000 participants face à la foire d'empoigne - un cadre du PS parlant même de "haines" - le Congrès de Rennes s'était terminé sans accord entre motions, ni composition de la direction, ni orientation politique.
Le président Mitterrand, le premier jour, avait demandé aux socialistes de rester « unis » et « fidèles à l'oeuvre entreprise en commun ».
Quand la Cour des comptes s’émeut d’une plaisanterie du chef de l’Etat
LE MONDE | 28.03.2017 par Bertrand Bissuel
Un président ne devrait pas rire de ça. Surtout lorsqu’il s’agit d’institutions qu’il est censé protéger. Pour avoir pris des libertés avec cette règle, François Hollande s’est attiré les foudres de la Cour des comptes qu’il avait brocardée en petit comité. Un accroc supplémentaire avec la haute juridiction et, plus largement, avec la magistrature.
Révélés par le magazine Acteurs publics sur son site Internet, les faits remontent au pot organisé, en février, à l’Elysée, à l’occasion du départ de plusieurs collaborateurs du chef de l’Etat, parmi lesquels Vincent Feltesse. Jusqu’alors conseiller politique de M. Hollande, celui-ci venait d’être nommé conseiller-maître à la Cour des comptes. Une prestigieuse « maison » que le président de la République a intégrée au tout début de sa carrière et à laquelle il reste lié puisqu’il est toujours conseiller référendaire, en « service détaché ».
Prenant la parole durant les libations, M. Hollande a évoqué, de façon moqueuse, son passage à la Cour : « Je connais bien cette institution, aurait-il dit d’après Le Figaro qui a relaté la scène, sans être démenti. Je l’ai choisie après l’ENA [au début des années 1980] pour pouvoir trouver le temps de faire, parallèlement, de la politique… D’ailleurs, les membres y sont deux par bureau, pour que chaque personne puisse vérifier que l’autre n’est pas en train de dormir. »
La boutade n’a, bien sûr, pas été tellement appréciée, rue Cambon, où siège la Cour des comptes. Son premier président, Didier Migaud, l’a dit, dans une lettre datée du 16 mars : « Si vous les avez bien prononcés, vous comprendrez que ces propos ne peuvent qu’être mal interprétés », constate-t-il, en soulignant, au passage, que la plaisanterie porte « préjudice à une juridiction à laquelle » M. Hollande appartient. Un quasi-rappel à l’ordre, en somme… M. Migaud fait également remarquer que, si lui et ses pairs roupillaient, « certains de [leurs] interlocuteurs, parmi lesquels des ministres, ne seraient pas amenés à regretter la fréquence ou la sévérité de [leurs] travaux. » Allusion explicite au fait que la Cour a froissé, à maintes reprises, le gouvernement en jugeant exagérément optimistes ses prévisions budgétaires.
« NATURE » PROFONDE
Le chef de l’Etat s’est empressé de répondre à M. Migaud pour exprimer, par courrier, « le plus grand respect » qu’il éprouve à l’égard de cette « grande institution ». « Je sais l’importance et le dévouement des magistrats qui [la] composent », assure-t-il dans cette correspondance en date du 20 mars. Il félicite même la Cour qui s’est « modernisée au point qu’elle [constitue] une référence pour nos administrations ». Un éloge trop appuyé pour être complètement sincère ? Peu importe : « Pour Didier Migaud, l’incident est clos », indique-t-on rue Cambon, où l’on parle désormais de « malentendu, qui avait été provoqué par une phrase malencontreuse sortie de son contexte, et qui a été vite dissipé ».
La saillie de M. Hollande évoque d’autres déclarations, qu’il avait faites, il y a très longtemps, sur un ton beaucoup plus sérieux. C’était en 1989, pour le magazine télévisé « Edition spéciale » : il expliquait en substance qu’il était possible de peu travailler à la Cour tout en touchant une rémunération confortable. De telles considérations correspondent « à une situation qui, à l’époque, n’était pas rare », confie un magistrat financier en disponibilité. « Mais la Cour a beaucoup changé depuis, poursuit-il. Je crains que le président n’ait pas résisté à la tentation de faire une blague. Une mauvaise blague, en l’occurrence. » Une de ses paires y voit la énième illustration de la « nature » profonde du chef de l’État : « Il ne peut pas s’empêcher de faire un bon mot, c’est du François Hollande dans le texte. » Et d’ajouter : « Un président de la République n’a pas à dire des choses pareilles en tant que garant des institutions. »
L’épisode a suscité un certain « agacement », rue Cambon. On est loin, toutefois, de l’émoi que le chef de l’Etat avait causé en nommant au rang de conseiller-maître Etienne Champion, l’ex-directeur de cabinet de la ministre de santé, Marisol Touraine, malgré l’avis défavorable de M. Migaud (Le Monde du 24 février). Et on est encore plus loin du tollé soulevé par sa petite phrase sur la justice, cette « institution de lâcheté », rapportée dans le livre des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Un président ne devrait pas dire ça…, Stock, 2016). La galéjade sur la Cour n’est pas ressentie comme une « attaque » contre elle, rapporte un conseiller-maître. Mais à ses yeux, elle s’inscrit dans un air du temps, une sorte de climat de « décomposition institutionnelle » où les piliers de la République sont tournés en dérision ou cloués au pilori.