Le jour où j’ai pris la décision d’ouvrir ce journal d’un chroniqueur de campagne j’étais loin de me douter qu’il allait être alimenté par des histoires de couple, de costards à des prix du caviar, des mises en examen… On se croirait dans Closer ou Voici, c’est de la folie.
Les caricaturistes s’en donnent à cœur joie, sur Twitter un ami belge Éric Boschman nous vanne en retwittant « J'ai l'impression que Fillon c'est un calendrier de l'avent: chaque jour t'ouvres une case, et tu découvres la petite surprise du jour. »
Bref, je ne vous fait pas un dessein c’est le souk et, en dépit de giclées de sondages nous sommes dans le potage.
Mais les affaires sont-elles une nouveauté dans notre doulce France ?
Les « chéquards » de l'affaire de Panama, l'affaire Stavisky où Léon Daudet polémiste d’extrême-droite dénonça en Chautemps le chef d'une bande de voleurs et d'assassins, sous la Ve l’affaire de la Garantie Foncière…
Dans une chronique Pourquoi je ne crois pas à une sélection « éthique » en mai 2017 ! Michel Santo écrit le 22 mars 2017.
« À lire et écouter certains commentateurs, ce matin, je me demande si l’on vit dans le même monde. Ils semblent en effet découvrir que la violence et les affaires « pourrissent » la vie politique, délégitiment leurs acteurs et, conséquemment, mettent en danger la République et ses institutions. Comme si les cinq qui ont précédé celle ouverte par l’actuelle Constitution n’avaient jamais été souillés par des conflits d’intérêts, des emplois fictifs familiaux, des financements occultes, des cadeaux d’amis, des costumes, des « voyages culturels », etc. Il suffit de lire nos grands classiques : Maupassant et son « Bel Ami », par exemple, pour en comprendre, mieux que dans des essais politiques contemporains, – mal écrits souvent –, les ressorts psychologiques, sociaux et politiques. Ces liaisons dangereuses où se croisent financiers, politiques et journalistes, ont toujours existé, en effet. Ce petit rappel, non pour minorer la gravité des affaires en cours, en pleine campagne présidentielle, ni pour contester le rôle des médias dans leur exploitation quotidienne, ou pour négliger leur impact sur l’opinion que se font les Français de leur classe politique, mais pour signaler un phénomène malheureusement constant dans la longue histoire de notre pays. »
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Et puis hier matin encore une histoire de costards offerts, à Pierre Moscovici commissaire européen, avant 2012, par un ami de longue date, présenté par Moscovici, comme 1 négociant en vins fournisseur de l'Elysée et de Matignon.
« Il m'est effectivement arrivé dans le passé de recevoir des costumes en cadeau de la part de Laurent Max », un "ami d'enfance », a réagi mercredi Pierre Moscovici, précisant qu'il s'agissait « de vrais cadeaux entre vrais amis ». « Il n'a jamais existé aucun lien entre ses activités professionnelles et mes fonctions politiques », a-t-il ajouté.
Vous me connaissez, la maison Louis Max je connais ICI mais de Laurent Max je n’en voyais pas dans mon périscope. Alors, contrairement au ragotier de Barcelone qui fait dans l’à peu près, je suis allé aux nouvelles sur la Toile.
Et bien sûr j’ai trouvé le sieur Laurent Max-Starkman, à l’extrême-droite sur la photo, le fameux acheteur de costumes de Pierre Moscovici, qui fut témoin à son dernier mariage à la mairie de Paris, Anne Hidalgo officiant, le 13 juin 2015, qui est propriétaire d'immeubles et dirigeant de 3 entreprises dont Louis Max Père et Fils à Beaune, ainsi que président du conseil d'administration de l'École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
Pas sûr que notre Laurent bichonne ses ceps, manie avec autant de dextérité qu’Hubert le sécateur, ou vente beaucoup de belles boutanches « Louis Max ». En effet, je lis dans les gazettes que « Jean-François Joliette avait repris l’entreprise en difficulté en 2007. Ce fils de vigneron beaunois, ex-Laroche et Mumm, s’était acoquiné pour cela avec un mécène genevois, passionné de vins, pour racheter la société nuitonne. L’an dernier, Joliette a repris en main l’opérationnel après le départ du directeur Philippe Bardet. Il s’est offert les services de David Duband, propriétaire du domaine éponyme de Hautes Côtes de Nuits (17 ha) mais également vinificateur de talent qui en fait profiter d’autres raisins que les siens. »
Manifestement Laurent Max-Starkman fait plus dans les Beaux-Arts que dans les ares et les centiares, plus communément dénommées ouvrées en cette Bourgogne en danger où le grand capital les croque à coup de milliards.
Cette campagne est formidable, je peux même étaler ma science du négoce bourguignon grâce à elle.
L’humour n’en est pas non plus absent grâce à Mélenchon qui a de la répartie, il a même séduit Hervé Lalau des 5 du Vin, pourtant pas très porté sur l’extrême-gauche, « Qui parle le mieux du vin dans la présidentielle? Mélenchon, bien sûr ! » ICI
1er acte : Macron-Mélenchon: coup de foudre en direct
Nathalie Segaunes 22 mars 2017
2e acte : Mélenchon publie avant l'heure une anti-déclaration de patrimoine pleine d'humour
Geoffroy Clavel
Enfin pour terminer sur le chapitre bonne humeur une photo-culte : Dimanche, arpentant le marché Mouffetard, Xavière Tibéri, en militante pro-Macron, pas peu fière (sic)
Pour terminer je vous propose deux fulgurances à la Jean-François Khan
- Du stalinisme de gauche au stalinisme de droite
Au nom d'une culture nationale identitaire, il faudrait bannir tout multiculturalisme, c'est-à-dire toute diversité culturelle, ce que les staliniens qualifiaient de "cosmopolitisme"? Comme en Union Soviétique.
Imaginons, comme Montesquieu, un Martien sinon un Persan qui débarque en France pour étudier les caractéristiques de notre campagne électorale présidentielle. Il s'informe. Il lit les journaux, il écoute les radios, consulte les réseaux sociaux. Et, que constate-t-il? Que la confrontation électorale en cours est submergée par un discours qui consiste à stigmatiser la banque et les banquiers, la haute finance, le grand capital, le capitalisme déchaîné et sauvage, le libéralisme, l'argent, les riches, les grandes écoles...
Concevez alors sa surprise quand il découvrira que les diffuseurs de cette musique ne sont ni le trotskiste Philippe Poutou, ni le marxiste Jean-Luc Mélenchon, ni le tenant d'une gauche radicale Benoît Hamon, mais les partisans chauffés à blanc de l'homme aux costumes caviar: François Fillon. François Fillon que notre Martien pourrait donc prendre pour un candidat communiste stalinien de la grande époque, si, en lisant par pure curiosité son programme, il ne constatait que rien, absolument rien, bien au contraire, n'y est prévu contre les banques et les banquiers, le grand capital et le capitalisme fut-il déchaîné ou sauvage, la haute finance, les riches, l'économie libérale... les grandes écoles. Soulagement !
Musique marxisto-stalinienne sur paroles écrites par Milton Friedman en somme.
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- Le centrisme faux-nez ou le pire de la politique
Dans les démocraties populaires, il y avait des partis dits "libéraux" ou même "démocrates chrétiens" qui n'étaient, en réalité, que des supplétifs ou des faux-nez des partis communistes au pouvoir. De simples alibis pour gogos en somme.
La fonction de cette chose qui s'appelle l'UDI et que les médias désignent mécaniquement comme "centriste" est-elle radicalement différente? Ne s'agit-il pas, en fait, d'une escroquerie politique ou idéologique du même tonneau?
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