Je suis un nostalgique des préaux sous lesquels mon père m’emmenait pour écouter les candidats se présentant aux suffrages pour se faire élire au Conseil Général. Je n’y comprenais goutte mais ce qui me plaisait c’était la césure visible sur les bancs entre les pour et les contre. Aucun débat, aucune question, chez nous on était taiseux, l’important pour le candidat c’était de jauger son potentiel de voix. Le parti des maîtres et de la calotte, les indépendants&paysans chers à Antoine Pinay, trustaient les sièges jusqu’au jour où la vague gaulliste d’après 58 les balayerait pour les envoyer définitivement dans les ténèbres d’un monde dépassé.
Paradoxalement cette absence de débat, cette sourde opposition des gueux, m’ont fait aimer la confrontation directe, le débat d’idées sans filtre. À contrario, les meetings à grand spectacle où les militants braillent comme des supporters de foot, les débats télévisés ne m’ont jamais passionné.
Hier au soir je suis donc allé sagement me coucher plutôt que de regarder sur TF1 la confrontation des 5 les plus capés. Je me serais endormi. Pour autant, dans mon sommeil, en souvenir de la « vraie gauche » défunte, le souvenir de Jean Poperen est remonté de ma mémoire. Pour les jeunes pousses qui datent le début de l’histoire au carbone 14 de leur entrée en 6e, le dit Poperen s’apparente au Mammouth de l’Holocène.
Et pourtant, Jean-Marc Ayrault, dont tout le monde a oublié qu’il fut le premier Premier Ministre du septennat d’un futur autre disparu, François Hollande, fut au sein de la maison socialiste : Popereniste.
Pour compléter le tableau des futurs disparus j’évoque aussi le sort d’un grand brûlé du hollandisme : Stéphane Le Foll.
Enfin, pour conforter mon peu de goût pour les matchs de boxe à 5 sur le ring, l’Obs., descendu bien bas, compte les pichenettes, gifles et uppercuts… du fameux débat.
« Homme de convictions dont le goût du débat d'idées allait souvent avec celui de la polémique: à l'égard de ses adversaires de droite, vis-à-vis de ses anciens camarades communistes, mais aussi à l'encontre de ses amis du Parti socialiste qu'il avait rejoint en 1971, au moment du congrès d'Epinay. Ne lança-t-il pas un jour le célèbre «Rocard d'Estaing» quand, en 1979, ses options le conduisirent à en découdre avec celui qu'il avait pourtant longtemps fréquenté dans des combats communs, depuis la création du PSU? »
« Né à Angers, le 9 janvier 1925, «né à gauche» comme il aimait à le dire - son père, instituteur, se revendiquait de la culture anarcho-syndicaliste - Jean Poperen participa aux combats de la Résistance et donna alors son adhésion au Parti communiste français. Agrégé d'histoire en 1947, passionné de Révolution française - il signa notamment un ouvrage sur Robespierre - il fut dirigeant des Etudiants communistes, avant de prendre, petit à petit des distances avec le PCF - notamment à partir de 1956, lors de l'intervention soviétique à Budapest: il le quitta en 1958, déclarant alors: «J'ai adhéré au PC parce que j'attendais le grand chambardement. La façon dont le PC a avalé le coup de force de De Gaulle m'a guéri à jamais»...
« Pour Jean Poperen, la gauche est un tissu unitaire qui s'étend du coeur du Parti communiste au vieux jacobinisme républicain de la SFIO en passant par la nouvelle gauche née de la guerre d'Algérie. Dans ce tissu unitaire, un fil rouge : la refondation du rôle central de la démocratie. Cette intuition l'aura conduit à une longue odyssée dans le mouvement socialiste. Mais elle se fondait d'abord sur l'Iliade d'un jeune résistant communiste fidèle à la tradition française du pluralisme et intransigeant dans sa défense du respect des autres.
C'est ce qui fait le legs si précieux de Jean Poperen aujourd'hui : on aimerait savoir ce qu'il aurait pensé d'une époque de si grande confluence ou, précisément, parce que les cartes se redistribuent, la première exigence du politique devrait résider dans l'absolue rigueur des choix et la recherche de ce langage pédagogique, celui-là même qu'avaient inventé nos instituteurs et qui est l'enveloppe nécessaire de l'idée démocratique dans notre République.
« Nous ne pouvons qu'être frappés par la rapide dissolution des identités politiques dans les démocraties de l'Occident »
Alexandre Adler le 22/10/2007 ICI
Le porte-parole du gouvernement revient sur la soirée du 6 mai 2012, le jour de la victoire de François Hollande. Stéphane Le Foll, qui est à ses côtés depuis le début de la campagne, raconte qu’il comprend alors que « plus rien ne sera jamais comme avant ».
Avant de monter sur scène pour prendre la parole, le président, tout juste élu, salue « distraitement » celui qui est aujourd’hui porte-parole de son gouvernement. Les soutiens sont priés de quitter la scène pour la laisser à François Hollande. Stéphane Le Foll s’exécute, tandis que certains restent, malgré les instructions, et se pressent autour du vainqueur.
« Je suis le con de service » raconte Stéphane Le Foll au journaliste du Monde. « Je vois tous ces crapauds, dont certains n’ont jamais été hollandais, se coller à François. Et moi, je ne suis pas sur la photo. Trop bon, trop con ! ». Un récit qui est décrit comme « l’un des pires souvenirs de sa vie politique ».
Même que, ce pauvre Stéphane, fut à deux doigts de ne pas toucher un maroquin, le pressenti était « le veau sous la mère » Jean-Michel Baylet mais devant la levée de boucliers de la FNSEA, il fut repêché à la dernière minute.
« Dans son bureau, une dizaine de photos aux murs ou disposées sur la cheminée. François Hollande et lui figurent sur la quasi-totalité des clichés, dont certains ont plus de vingt ans. Le ministre fait la visite guidée de ce petit autel privé avec un empressement et une tendresse qui tranchent avec sa coupe argentée et son imposante silhouette carrée.
Autant de souvenirs dans l’ombre d’un homme qui ne s’est pas toujours montré reconnaissant avec son plus fidèle lieutenant, qui a dirigé son cabinet au PS, rue de Solférino, de 1997 à 2008. En décembre, François Hollande lui a préféré Bernard Cazeneuve pour Matignon, dont il rêvait.
Mais il y a pis. Dans le livre des journalistes au Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme (« Un président ne devrait pas dire ça… », Stock, 2016), le président explique qu’il n’a pas de « relation intime » avec Stéphane Le Foll, dont il dit connaître « à peine » l’épouse. Le ministre fait mine d’avoir oublié ce propos désobligeant, préfère se rappeler que le chef de l’Etat, dans le même ouvrage, a dit de lui qu’il était le seul à savoir garder un secret. »
Le clashomètre du débat présidentiel : qui a été le plus attaqué, le plus offensif ?
Le format était inédit : pour la première fois sous la Ve République, les 5 candidats en tête dans les sondages ont débattu en direct lundi soir sur TF1 à cinq semaines du premier tour. Et la principale inconnue résidait dans la façon dont François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon interagiraient sur un plateau délibérément conçu pour faciliter les échanges et les affrontements.
Face à quatre adversaires déjà rompus aux débats télévisés, la prestation du candidat d'En Marche!, dont la participation a été longtemps incertaine, était attendue. Mais c'est Marine Le Pen qui a semblé le plus subir les feux croisés de ses quatre adversaires, qui affichent tous son élimination comme une priorité.
format était inédit : pour la première fois sous la Ve République, les 5 candidats en tête dans les sondages ont débattu en direct lundi soir sur TF1 à cinq semaines du premier tour. Et la principale inconnue résidait dans la façon dont François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon interagiraient sur un plateau délibérément conçu pour faciliter les échanges et les affrontements.
Face à quatre adversaires déjà rompus aux débats télévisés, la prestation du candidat d'En Marche!, dont la participation a été longtemps incertaine, était attendue. Mais c'est Marine Le Pen qui a semblé le plus subir les feux croisés de ses quatre adversaires, qui affichent tous son élimination comme une priorité.
Qui a été le plus attaqué ce soir ? La réponse avec notre compteur de pichenettes, gifles et uppercuts…
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