Ce qui me surprends c’est d’être lu attentivement par certains d’entre vous, ce qui me vaut parfois des volées de bois vert comme celle-ci au bas de ma chronique 12 :
« Je suis scié.
Vous êtes dans ce tableau totalement désespérant d'un cynisme et d'une franchise épaisse. Mon dieu comme la gauche n'a pas arrêté de se faire avoir dans sa construction: des gens qui se passent la main dans le dos par devant mais qui se crachent à la figure par derrière. Pour les seuls rocardataires (d'aujourd'hui) vous plaidez la naïveté. Vous êtes très adroit dans vos baskets. »
J’adore !
Évidemment je m’étonne, qui peut encore imaginer que la vie dans un parti politique est un long fleuve tranquille, que les chefs s’adonnent aux bisounours, que les électeurs militants sont dupes : le fameux Congrès de Rennes fut un vrai carnage que le public put contempler ; plus récemment la bataille Copé-Fillon pour la prise de contrôle de l’UMP fut d’une violence inouïe.
Jouer au St Jean bouche d’or, parler de cynisme parce que j’expose crûment la réalité, c’est se moquer du monde. Les politiques ne détiennent pas le monopole de ce type de vivre ensemble, dans les grandes entreprises où j’ai bossé ce même type de comportement pour la prise du pouvoir est, là aussi, une réalité. Et que dire du couple, de la famille, bref de la nature humaine.
Oui je suis monté sur la galère Mitterrandienne avec Rocard, je l’assume sans problème et ne revendique aucune naïveté : nous étions minoritaires rien de plus, rien de moins.
Mais ce matin je tombe sur un titre provocateur qui rejoint mes réflexions sur « la vraie gauche » :
Jean-Luc Mélenchon est-il encore de gauche ?
Ancien ministre de Lionel Jospin, fondateur du Parti de gauche, soutenu par le parti communiste, Jean-Luc Mélenchon est un homme venu de la gauche mais dont la campagne dérive vers le populisme.
L'ÉDITO POLITIQUE par Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
Jean-Luc Mélenchon en meeting à Marseille, sur la plage du Prado, ouvrant les bras à l’autre rive de la Méditerranée. "Notre chance c’est le métissage !", lance-t-il à la foule sous les youyous. À la tribune, il célèbre "les arabes et les berbères" qui ont apporté en Europe "la science, les mathématiques ou la médecine" au temps où "l'obscurantisme jetait à terre l'esprit humain". Ça, c’était Jean-Luc Mélenchon en campagne présidentielle version 2012. En 2017, il n’ouvre plus les bras, il déclare, ce sont ses mots : " Une fois que les gens sont là, que voulez-vous faire? Les rejeter à la mer? Non, c'est impossible. Donc il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux."
L’attachement à la patrie et au drapeau. Ses alliés communistes s’étranglent et avec eux une partie des écologistes. Jean-Luc Mélenchon a changé. Il met en avant, aujourd’hui, non plus les valeurs internationalistes et d’ouverture de la gauche mais l’attachement à la patrie et au drapeau.
"L’ère du peuple". On lui reprochait en 2012 ses accents populistes, aujourd’hui, il a totalement basculé. Lui-même théorise ce glissement dans un livre écrit en 2014, L’ère du peuple. "L’ère du peuple", ça rappelle "Au nom du Peuple", le slogan de campagne de Marine Le Pen, celle qui l’a devancé à la présidentielle de 2012, qui l’a étrillé à Hénin-Beaumont la même année et qui a poursuivi son ascension alors que le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon stagne.
Des propositions communes avec le FN. Mettre le peuple en avant permet de transcender les clivages politiques et de dissoudre les étiquettes droite/gauche. Marine Le Pen applique cette méthode avec succès depuis des années, Jean-Luc Mélenchon s’y est converti sur le tard. Je ne dis pas que Jean-Luc Mélenchon est "égal" à Marine le Pen. Il n’est pas xénophobe, il ne vient pas de l’extrême-droite, mais il joue le peuple d’abord comme Marine Le Pen. Au point d’ailleurs que l’on retrouve des propositions communes chez l’un et chez l’autre, sur la retraite à 60 ans, la défense des services publics, le protectionnisme et l’europhobie.
Populiste tous les deux, mais avec, si on en croit les sondages, des fortunes diverses. Jean-Luc Mélenchon ne décolle pas des 12-13% d’intentions de vote, loin, très loin, d’une place qualificative pour le second tour et de la présidente frontiste qui fait la course en tête.
Du côté du petit François de la Sarthe, avec son air de cocker triste, je ne lui taille aucun costar, bien au contraire, le déroulement judiciaire doit suivre son court et libre à lui et à ses amis politiques d’estimer qu’il est le meilleur d’entre eux pour les représenter.
Ce qui me pose question c’est, comme le dit Alain Duhamel qui se lâche: « Fillon est intelligent et compétent, mais il a une relation assez pathologique à l'argent ».
Il fait rembourser ses enfants et rembourse dare-dare le prêt que lui avait généreusement accordé son mécène, qu’il avait oublié de déclarer.
Pour se rattraper François Fillon a refusé de répondre aux juges, mais il leur a déclaré ceci :
Le Figaro s'est procuré la lettre que le candidat de la droite a lu devant les magistrats au lieu de se soumettre à l'interrogatoire.
«Mesdames les Juges,
Monsieur le Juge,
Il est de mon devoir de répondre à la convocation que vous m'avez adressée. Quels que puissent être mes désaccords sur la méthode qui a présidé à la détermination de la date de cet interrogatoire, le respect dû à l'autorité judiciaire s'impose à chacun d'entre nous.
Il est également de mon devoir de venir aujourd'hui devant vous afin de vous affirmer: oui, j'ai employé mon épouse et la réalité de son travail est indéniable.
Cette réalité a été confirmée dans le détail par plusieurs personnes qui ont travaillé à ses côtés durant de nombreuses années.
Il est faux de prétendre que tout le monde ignorait que mon épouse était collaboratrice parlementaire. Plusieurs témoins vous confirment la réalité de ce travail, qui correspond en tous points aux déclarations de mon épouse devant les enquêteurs. Il est tout aussi faux de prétendre que son emploi à La Revue des Deux Mondes n'avait aucune réalité. La seule personne qui l'affirmait a été contredite. En définitive, depuis l'origine, la charge de la preuve a été renversée, me mettant dans l'obligation, contrairement à la règle, de démontrer mon innocence, c'est-à-dire l'effectivité du travail de mon épouse, quelles qu'en aient été les formes.
Pendant toutes ces années, mon épouse a travaillé à mes côtés et aux côtés de mon suppléant pour assurer une parfaite continuité entre lui et moi.
De la gestion de mon courrier en lien avec ma secrétaire à la tenue de l'agenda, mon épouse était présente aux événements locaux, aux inaugurations, manifestations sportives et culturelles dans la Sarthe, aux remises de décorations, son travail a pris de nombreuses formes. Pour citer l'un des témoins entendu par les enquêteurs, “sa force c'était d'être un relais au quotidien accessible et direct à tout moment”.
Nous avons versé de nombreux messages électroniques qui prouvent la réalité du travail réalisé et confirment point par point ce que mon épouse déclarait aux enquêteurs lors de son audition.
Nous avons versé la preuve des réunions auxquelles elle assistait, sa présence indéniable et fondamentale à mes côtés dans l'exercice de ma vie d'élu et la conduite de mes activités politiques.
Nous avons versé des attestations précises et circonstanciées.
La réalité de ce travail est établie, l'emploi de mon épouse comme collaboratrice parlementaire n'était pas fictif et il n'appartient pas à l'autorité judiciaire de porter une appréciation sur la qualité ou la teneur de ce travail.
Entendons-nous bien et dissipons tout malentendu. Les élus ne bénéficient pas d'une immunité absolue confinant à l'impunité dans l'emploi des ressources mises à leur disposition par le Parlement. Bien entendu, ce n'est pas le cas.
Les mots, cependant, ont encore un sens. “Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.” L'article 16 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen a gravé dans le marbre la séparation des pouvoirs, fondement même de nos institutions, de la démocratie et donc de l'autorité judiciaire elle-même.
Dès lors que l'emploi de mon épouse n'était pas fictif, ce que démontre le dossier, il n'est pas possible, sans violer cette séparation des pouvoirs, de porter un jugement sur le travail d'un parlementaire et la manière dont celui-ci s'organise avec ses collaborateurs parlementaires.
Je vous renvoie à cet égard à la réponse faite par le Président de l'Assemblée Nationale aux enquêteurs le 13 février 2017. Interrogé par réquisition des enquêteurs sur les niveaux de rémunération des collaborateurs parlementaires bénéficiant d'un lien familial avec un élu, mon collègue Monsieur Claude Bartolone a refusé de répondre “au nom du principe de séparation des pouvoirs”.
Je ne demande ni dérogation, ni faveur, mais simplement le respect du Droit. Je m'inquiète d'ailleurs que vous n'ayez pas pris connaissance de deux notes sur les faits et sur le droit applicable que mon avocat avait déposées auprès du Procureur national financier et que celui-ci ne vous a pas transmises. Est-il conforme aux principes que de mener un interrogatoire dans de telles conditions? J'ai le droit de me défendre sur toutes les preuves en possession de la justice, sur le fondement d'une analyse exhaustive des éléments saisis et sur un travail d'enquête complet. On ne lutte jamais à armes égales avec le soupçon.
Vous avez décidé de me convoquer de façon précipitée pour des faits remontant pour certains à près de vingt ans. Vous savez que je consacre mes journées à faire campagne pour l'élection présidentielle qui aura lieu dans quarante jours. Je respecte les institutions judiciaires et la charge que la loi vous confie. J'attends d'être traité comme tous les citoyens de notre pays, sans précipitation et avec le seul souci que la justice soit rendue en toute impartialité. Le code de procédure m'offrait le choix de répondre à vos questions, de me taire ou de faire une déclaration. C'est le calendrier de cette procédure, en plein cœur de la campagne présidentielle, qui m'impose le choix de cette déclaration.»
Et puis, pour la chute de cette chronique, n’y voyez aucune allusion au film « Et plus dure sera la chute. », je vous propose à votre réflexion la définition de L’honnête homme… par Le Larousse
Homme du monde accompli, d'un esprit cultivé mais exempt de pédantisme, agréable et distingué tant dans son aspect physique que dans ses manières, idéal de l'époque classique (XVIIe XVIIIe s.).
Déjà présent chez Montaigne, la figure de l'honnête homme prit son expression définitive dans les œuvres classiques de la seconde moitié du XVIIe s. Il représentait l'idéal d'une société éprise d'ordre et d'équilibre, influencée par le cartésianisme, à l'époque de l'absolutisme monarchique et du classicisme.
Doué d'intelligence, mais aussi de courage et de générosité, l'honnête homme devait rester maître de lui-même, ne pas faire étalage de son savoir et se conformer aux bienséances. Dans son Honnête Homme ou l'Art de plaire à la cour (1630), qui s'inspire du Courtisan (1528) de B. Castiglione, N. Faret en brosse le portrait exemplaire : l'homme de cour cherche à gagner la faveur d'un prince et le sert, manifeste de la prudence, est à la fois galant et élégant. Parmi les autres théoriciens de l'«honnêteté », citons Guez de Balzac ou encore le chevalier de Méré (De la conversation, 1677).
Être « honnête homme » au XVIIe siècle -
L'honnête homme : combien de fois trouve-t-on cette expression sous la plume des écrivains du XVIIe siècle, en particulier dans les ouvrages de Nicolas Faret ...
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Enfin, comme c’est la journée Bashung : - Résidents de la République La Nuit je mens