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27 mars 2017 1 27 /03 /mars /2017 06:00
Il souffle un vent mauvais sur les vignes de l'Aude. Du vin importé, ils en ont fait couler, des camions, des trains, des bateaux, dans les supermarchés…

Souvenir d’un atterrissage, en 1984, sur l’aéroport de Béziers en compagnie de Michel Rocard, alors Ministre de l’Agriculture, lors d’une de ses toutes premières visites dans les départements du gros rouge : « C’est une mer de vignes ! »

 

Était venu le temps des choix douloureux, pas toujours compris par les viticulteurs coopérateurs ou individuels, le bouc-émissaire italien, qui n’était pas exempt de reproches loin de là, n’expliquait pourtant pas tous les maux du Midi Viticole.

 

Je ne vais pas remonter le fil de l’Histoire, j’en étais un tout petit pion, les accords de Dublin qui permirent à l’Espagne et au Portugal d’entrer dans l’Union Européenne qu’on dénommait encore Marché Commun. Ceux qui posaient des mèches lentes, faisaient sauter des péages d’autoroutes, déversaient du vin sur la chaussée, mazoutaient des bateaux pinardiers à Sète, criaient à la mort du pays ressassaient une Histoire usée jusqu’à la corde, se mentaient à eux-mêmes pour mieux se protéger de la colère de leurs troupes.

 

Gouverner c’est choisir, nous avons choisi et nous avons eu raison !

 

Au basculement du siècle j’ai commis un Rapport qui m’a valu dans le Grand Sud les inimitiés des deux camps : celui de la Coopération arcqueboutée sur ses vieilles lunes et celui de la vague montante des vins de Pays d’Oc, emmenée par Jacques Gravegeal, attentive à préserver sa pelote de cotisants. Bien évidemment, les deux conservatismes se sont entendus pour bloquer toute décision sur les grands choix qui se présentaient au vignoble mixte languedocien.

 

Alors, avec les manifestations du jour contre les importations de vins espagnols, l’Histoire ne bégaie même pas, elle sanctionne les non-choix de ceux qui se disent les patrons du vignoble. Le tout AOP-IGP porte ses fruits, le refus d’une réelle politique de Vins sans Indication Géographique laisse la porte grande ouverte aux vins espagnols.

 

Démonstration :

 

« Ce matin, dans les Celliers de l'Aussou, la cave coopérative de Bizanet, à 10 km de Narbonne. «À fin mars 2017, il nous reste 3 200 hectolitres de 2015, des vins vendus mais non retirés, donc pas payés soit 300 000 € gelés», résume Patrice Godel, carrure de pilier et président de cette structure qui réunit 60 viticulteurs.

 

Carignan, grenache, syrah en principaux cépages… ici, «on produit 1/3 de vin de table Pays de l'Aude, un 1/3 d'appellation d'origine protégée (AOP) Corbières et 1/3 de Vins de Pays d'Oc pour un total de 20 000 hectolitres par an dont 2 000 partent en vente directe et 18 000 sont achetés par le négoce», précise Fabien Pradal, le trésorier, tandis qu'au pied d'une cuve, Sabine remplit une poche de 5 litres, façonne un carton puis empile ce «bib» (bag in box) sur la pile pour une nouvelle palette qui elle aussi restera là, en stock, symbole d'une filière prise dans l'étau ou plutôt dans un entonnoir dingue, à double entrée. »

 

« Les viticulteurs du Midi ont d'autant plus un sentiment de frustration qu'ils ont fait leur propre aggiornamento ces dernières décennies: longtemps terre du vin de table bon marché, la filière s'est largement recentrée vers la qualité. Une grande partie des vignes les moins qualitatives ont été arrachées: la moitié des surfaces dans l'Aude entre 1995 et 2012. Sur le marché international, les Corbières et autres La Clape sont aujourd'hui reconnus et la région exporte environ 35% de sa production. Mais de nombreux vignerons souffrent encore, en particulier ceux qui continuent à produire du vin de table, qui est directement concurrencé par l'Espagne, meilleur marché. »

 

Ce choix au cep préconisé en l’an 2000, loin du principe des vases communicants chers aux dirigeants coopératifs, n’est du goût de personne, à la fois des défenseurs d’une viticulture vigneronne qui redoutent le développement d’une viticulture productiviste, comme de ceux qui nous font accroire que leur modèle, où certains font pisser la vigne, y compris dans les vins de Pays d’Oc, permet à tout le monde de vivre.

 

Choisir donc ! Ne pas se cacher derrière son petit doigt, ce que l’on appelait le basic wine en l’an 2000 existe encore : soit on souhaite l’occuper avec des vins made in France, soit on estime que nous ne pouvons être compétitifs et nous l’abandonnons à nos concurrents.

 

C’est aussi simple que ça et les têtes d’œufs de l’ex-Val d’Orbieu, devenu Vinadéis, qui ne rêvent que de développement d’une grande marque de vin à l’International, avec leur partenaire grand vendeur de pesticides In Vivo, au travers In Vivo Wine, sont à la manœuvre de l’importation au travers de Trilles et de l’ex-Uccoar.

 

Mais Dieu qu’il est plus simple d’en appeler au bon vieux rapport de forces, la manif ! Aux vieux de la vieille survivants, ou au roi du double langage Joël Castany, un jour président de la petite cave de Leucate, le lendemain grand visionnaire à la tête du groupe In Vivo Wine.

 

 

 

 

 

 

 

Jean Huillet, leader viticole héraultais des années 70, et son homologue audois Jojo Fabre, dans le défilé de Narbonne, qui vient de s'achever sur la promenade des Barques

 

 

 

 

« Car là est l'arme, désormais… À 83 ans, Jacques Mestre, de Laure-Minervois, a été autrefois de toutes les actions, à 67 ans, le Monzois Jacques Serre, président des anciens exploitants audois qui se bat pour la revalorisation des retraites agricoles (782 € par mois…) aussi. Du vin importé, ils en ont fait couler, des camions, des trains, des bateaux, dans les supermarchés, non sans résultats. «Mais à l'époque, on partait à 5 et au moindre problème, même sans portable, on était 600, 1000, jusqu'à 100 000, à Montpellier», disent-ils.

 

Sauf que depuis, Monze est passé de 20 à 4 vignerons, Laure, d'une centaine à une quinzaine. «En 30 ans, la viticulture a connu pire que les mineurs gallois avec Thatcher», résume Joël Castany, président des Vignerons du cap Leucate, personnalité forte, voire clivante, qui se joint à la manifestation. «Mais aujourd'hui, le rapport de force n'y est plus», constatent les trois. «La solution, c'est donc aussi le consommateur qui l'a et c'est pour ça qu'il faut exiger la transparence pour qu'il sache ce qu'il achète vraiment». 110 ans après Marcelin Albert, des mots qui feront écho devant la statue de Ferroul, à Narbonne. »

 

Si ce n’était à pleurer j’en rirais.

 

Ressortir le CRAV de la naphtaline pour péter les bureaux d’un courtier ça fait bander toute cette bande de « gastro-couillard »

 

Le comité régional d'action viticole (CRAV) a revendiqué l'incendie des locaux d'un négociant en vin à Béziers vendredi soir, a constaté un correspondant de l'AFP.

 

Cet incendie, qui n'a pas fait de blessé, intervient à la veille d'une importante manifestation prévue samedi à Narbonne de viticulteurs, qui protestent régulièrement contre l'importation de vins espagnols à bas prix sous des étiquetages trompeurs qui laissent penser que ce sont des vins français.

 

La porte d'entrée des bureaux de Vergnes et Passerieux, l'un des plus grands courtiers en vins en France, a été enfoncée et les auteurs ont incendié les locaux.

 

Ils ont également tagué sur les murs extérieurs des insultes contre le chef d'entreprise et sa société, des écrits se revendiquant du CRAV, une organisation qui a souvent mené des actions violentes par le passé.

 

Vergnes et Passerieux gère un volume de 1,5 million d'hectolitres de vins dont une partie, moins de 10%, en provenance d'Espagne.

 

René Vergnes, le directeur général de la société, a dit vendredi soir ne pas comprendre pourquoi il a été ciblé. "Certes, je travaille avec l'Espagne, mais aussi énormément avec les caves et les viticulteurs de la région", a-t-il réagi.

 

Les pompiers sont intervenus et l'enquête a été confiée à la SRPJ de Montpellier, ont indiqué des policiers sur place. »

 

Pour terminer, un petit mot à ceux qui se proclament journalistes du vin et qui, bien évidemment, ne trempent leurs lèvres que dans les beaux nectars du Languedoc, que savez-vous des 80% restants ?

 

RIEN !

 

Alors de grâce épargnez-nous vos analyses de journalistes de comptoir, elles sont à côté de la plaque, une part du vignoble languedocien peut, s’il choisit le modèle économique ad hoc, produire des vins d’entrée de gamme de manière compétitive. Si le problème était structurel pourquoi l’irruption des importations espagnoles arrive dans le paysage du grand Sud 30 ans après l’arrivée de ce pays sur le marché ? Tout bêtement parce qu’on lui a fait un appel d’air en refusant une production spécifique de VSIG.

 

C’est un choix politique, tout à fait défendable mais qui a des conséquences qui doivent être assumées par les dirigeants professionnels et politiques.

 

Tout le reste est pur poujadisme, le meilleur lit pour les démagogues à la tête desquels se place la fille du borgne.

Vin : InVivo met le cap sur les Etats-Unis
 

Le groupe coopératif veut commercialiser des cépages dans dix Etats américains. Soit le marché le plus rentable au monde pour les vins et spiritueux.

Quinze mois après avoir précisé son intention de créer la première marque de vin française et de l'internationaliser, l'union de 223 coopératives InVivo annonce l'ouverture avant l'été d'une filiale aux Etats-Unis. Le marché le plus rentable au monde pour les vins et spiritueux. « Notre filiale aura son siège sur la côte est », explique Bertrand Girard, directeur général du pôle vins. L'opération n'est pas tout à fait finalisée. « Nous sommes en train de réaliser une petite acquisition dans la distribution ». D'autres suivront.

 

L'objectif est de commercialiser dans dix Etats américains des cépages nationaux et internationaux à 12 dollars la bouteille sous la marque Cordier, du nom du négociant bordelais acquis en 2015. Ces dix Etats consomment 80 % du vin aux Etats-Unis. « Nous avons déjà une certaine connaissance du marché pour y exporter du bordeaux, des grands crus sous la marque Mestrezat et des vins de cépage étiquetés Cordier », ajoute Bertrand Girard.

 

Le vin est une nouvelle activité pour InVivo. Thierry Blandinières, le directeur général, a souhaité créer ce pôle en 2015 pour combler un vide. « La France a l'un des plus grands vignobles de la planète mais n'a aucune marque internationale, ni aucun groupe de négoce de premier plan », expliquait-il alors.

 

Outre Cordier, Mestrezat Grands crus, InVivo a pris une participation de 21% au capital de Vinadeis, premier groupe coopératif viti-vinicole français, avec plus de 1.600 vignerons. Vinadeis, dont le chiffre d'affaires s'élève à 310 millions d'euros, commercialise plus de 2,5 millions d'hectolitres de vin, soit 6 % de la production française. L'Union de coopératives a également acheté la société de négoce de vin en vrac Vignoble du Soleil International basée à Saint-Gilles (Gard).

 

Au cours des douze derniers mois, InVivo a organisé ces sociétés et convaincu des coopératives viti vinicoles d'entrer dans l'union InVivo. « Nous avons ainsi une offre variée provenant de la plupart des vignobles français», indique Bertrand Girard.

 

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commentaires

J
Un de ces responsables c'est-il préoccupé de valider que les consommateurs Français ne veulent pas de ces vins de table espagnoles (et donc qu'il y a abus de confiance) ? qu'ils veulent impérativement des vins français plutôt qu'un prix ?<br /> Les non AOP progressent désormais en GD. La valorisation n'est pas suivie par des consos dont le pouvoir d'achat augmente moins vite que les cours. En 2016, la bière passe pour la 1ère fois en volume devant les vins sur ce circuit.
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