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7 mars 2017 2 07 /03 /mars /2017 06:00
I love le journalisme de comptoir : Pourquoi le vin de bordeaux est-il si cher ? 0,96 € pour le bordeaux Comte de Talem de Carrefour !

Les brèves de comptoir n’étaient pas toujours drôles mais, surtout dans la bouche de Jean Carmet, elles avaient un vrai goût de populo.

 

Le journalisme de comptoir, lui, consiste à aligner quelques niaiseries enrobées dans des lieux communs pour ensuite promouvoir une opération commerciale « Carte sur table » de la maison Duclot,

 

« Célèbre maison de négoce bordelaise, lance durant tout le mois de mars l’opération « Carte sur table ». Dans vingt-huit restaurants de Paris et de province (Sud-Ouest principalement), quinze grands crus sont proposés à prix caviste. C’est presque abordable. »

 

Ce renvoi d’ascenseur étant le fruit bien sûr d’un excellent déjeuner de presse.

 

Mais pour amener l’affaire en douceur, pour faire sérieux puisqu’on signe dans un journal de référence, il faut titrer du lourd, du sérieux qui épate le petit bourgeois :

 

Pourquoi le vin de bordeaux est-il si cher ?

 

Fort bien, alors à mon tour je pose deux questions :

 

  • Pourquoi tes Nike qui reviennent à 2 roupies coûtent-elles si cher ?

 

  • Et pourquoi le tonneau de Bordeaux qui revient assez cher est-il vendu à moins de 2 balles ?

 

Première réponse :

 

Ce samedi 4 mars, les hypermarchés Carrefour ont proposé le bordeaux Comte de Talem de la maison Bertrand Ravache à 0,96 € après remise sur la carte de fidélité. Un niveau de prix historiquement bas pour un vin d'appellation.

 

« Passer sous la barre de l'euro symbolique sur un bordeaux, et qui plus sur une véritable marque et non une étiquette créée pour l'opération, est un gros coup réalisé par Carrefour, observe ce négociant bordelais. Mais ce n'est clairement pas en faveur de l'image de Bordeaux. »

 

Mais ce Bordeaux-là est l’épaisse et ténébreuse forêt qui cache des pousses de luxe et des taillis plus accessibles :

 

« Entrons dans le vif du sujet : acquérir un de ces vins fera plus ou moins chanter votre gorge et pleurer votre portefeuille. Selon sa position dans les classements des crus, selon sa ­renommée, son prix varie de 15 euros à 500 euros la bouteille. Voire 1 000 euros chez le caviste, même pour un millésime très récent. »

 

Vu ainsi il y aurait de quoi déconcerter la ménagère de plus de 60 ans que je suis ?

 

Et pourtant, il n’y a là aucun mystère mais simplement les deux faces d’une même pièce.

 

Pour dénouer cette apparente contradiction disserter sur le prix de revient d’un produit destiné à la vente ne présente strictement aucun intérêt. C’est du journalisme de comptoir.

 

Lorsque les producteurs de lait, à juste raison, se plaignent de vendre à un prix au-dessous de leur prix de revient, c’est que Lactalis et ses frères en ont décidé ainsi pour de bonnes ou de mauvaises raisons liées à leurs débouchés.

 

Le vin, n’en déplaise aux journalistes de comptoir, n’échappe pas à la dichotomie : minerai et produit de grande consommation mais y ajoute depuis cette décennie le luxe.

 

Les 2 premiers se retrouvent majoritairement dans la GD, une part d’entre-eux, de par leur antériorité, leur notoriété, leurs effort commerciaux, y échappant via des modes de commercialisation empruntant d’autres circuits. Pour eux leur place dans la pyramide des prix correspond, non à un quelconque prix de revient, mais à une adéquation entre leur image, leur qualité intrinsèque ou perçue, à leur volonté de se positionner avec la capacité de la faire accepter par les acheteurs.

 

Pour le luxe ma chronique de 2013 n’a pas pris de rides :

 

« L'indice du coût de la vie de luxe a grimpé de 800% depuis 1976 contre 300% pour l’indice des prix à la consommation... »

 

«Cette hausse des prix indique simplement la très forte et croissante disponibilité à payer des plus riches pour qui le prix n’est rien d’autre qu’un critère de différenciation et de désirabilité», analyse, Jean-Luc Gaffard, directeur du Département de recherche sur l'Innovation et la Concurrence de l’OFCE dans une note intitulée: «L’insolente santé des industries du luxe: un faux paradoxe».

 

« Un îlot de prospérité dans un océan de morosité : le luxe ne s’est jamais aussi bien porté :

 

- LVMH Louis Vuitton, Givenchy, Dom Pérignon, Bulgari + 22% du CA sur les neuf premiers mois de 2012,

 

- Hermès va dépasser pour la première fois la barre des trois milliards d’euros de ventes (+13%)

 

- Porsche vient de boucler «la meilleure année de son histoire» avec 141.075 voitures vendues (+18,7%) ou encore de Rolls Royce avec 3.575 berlines

 

- Le groupe suisse Richemont propriétaire des marques Cartier, Mont-Blanc ou encore Van Cleef & Arpels résultats de son premier semestre 2012-2013 : +52%!

 

- Montée en puissance du e-commerce à un rythme de 25% par an, et celle des ventes à prix discount des vieilles collections dans des «outlets» et autres «villages» (20milliards d’euros de recettes cette année, 30% de plus qu’en 2011);

 

- Le rajeunissement de la clientèle, dont les habitudes de consommation – achats 24 h/24, quête de l’objet unique et ludique – bouleversent les règles de marketing traditionnelles du secteur, reposant sur la mise en avant de «l’héritage» des marques; et la part en constante progression de la maroquinerie et des chaussures dans le panier moyen, au détriment du prêt-à-porter. Des accessoires dont les hommes sont de plus en plus friands, spécialement dans le haut de gamme.

 

Les Chinois représenteront en 2015 le principal débouché au monde des biens et services de luxe et de l’ultra-luxe, soit chez eux ou lors de voyages à l'étranger, selon une étude du Boston Consulting Group (BCG). Lire la chronique « Les chinois sont formidables « Comment faire l’amour dans votre Bentley ou votre Hummer ? » link

 

Les Russes sont des boulimiques de l’ultra-luxe.

 

Les Américains sont de retour : les USA sont redevenus le premier marché de Rolls Royce, reléguant les Chinois sur la deuxième marche du podium.

 

« En Europe, l’industrie du luxe compte un million d’emplois directs et la moitié indirectement pour un chiffre d’affaires global de 440 milliards d’euros, soit 3% du PIB du vieux continent. Et il prévoit de croître de 7 à 9% dans les années à venir. »

 

Selon le comité Colbert qui regroupe 75 maisons françaises de luxe, le nombre d’emplois en France a grimpé de 10% entre 2006 et 2010 avec désormais 36.000 emplois directs.

 

Selon Catherine Becker (DG de Sorgem Internationial spécialisée dans l'étude du comportement des consommateurs et la communication produits à l'international) les consommateurs de produits de luxe peuvent être classés en 4 grandes catégories :

 

- Les Héritiers : pour eux le luxe est un art de vivre et un plaisir. Ce sont souvent des connaisseurs recherchant la qualité, le savoir-faire, l'authenticité, la rareté, voire l'exclusivité.

 

- Les Accédants : le luxe permet d'affirmer son statut social et de ressentir un sentiment d'appartenance à une élite. Ces consommateurs recherchent des marques qui expriment "visiblement" le luxe.

 

- Les Extravagants : le luxe est une façon d'exprimer sa différence, de séduire. Ils aspirent à vivre une vie de VIP, voire de stars.

 

- Les Nouveaux Créateurs : une nouvelle élite : les esthètes. Le luxe doit refléter leurs fortes individualités, leurs personnalités créatives. L'objet devient une oeuvre d'art.

 

Autrefois il était conseillé de ne pas mélanger les torchons et les serviettes, mais dans le cas de certains GCC de Bordeaux ou de certains crus de Bourgogne il s’agit de ne pas agréger ceux qui pètent dans des draps de soie et s’enfilent À La Mangeoire, restaurant-club branché de la station, un mathusalem de Dom Pérignon (6 litres) vendu 75 000 euros avec les gens ordinaires de toutes conditions qui peuvent et veulent s’offrir une belle bouteille

 

Pour autant je ne tombe pas dans le panneau bien franchouillard, cher au pape de la LPV, du bon et grand vin pas cher du tout. Notre marché domestique du vin est un marché pauvre qui tire l’ensemble des vignerons vers le bas. Il est tout à fait normal que ceux des vignerons qui ne suivent pas les chemins balisés du tout AOC-IGP, qui prennent des risques, le traduisent dans leurs tarifs.

 

Lire ICI Courchevel, une avalanche de grands crus 

 

Avec ses trois palaces et ses six restaurants étoilés, Courchevel attire une clientèle de skieurs fortunée. Ici, cuvées rares, vignerons stars et châteaux prestigieux sont tous disponibles, à des prix parfois prohibitifs. C'est la RVF qui le dit.

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