Exit Juppé, les manœuvres du nabot ont fait échouer le plan B, nous ne réactiverons pas l’opération Chartrons. Je ne m’en plaindrai pas, remettre le couvert dans l’état présent du paysage politique n’aurait pas eu grand sens. Les cartes ont été rebattues mais il reste évident que seule une option centrale au second tour face à la fille de Montretout peut lui faire efficacement barrage.
Pour l’heure je me contente de cultiver mon petit jardin d’intérieur et mes amours…
JEAN TARDIEU
« IL FAUT SE MÉFIER DES MOTS… »
Les mots de tous les jours
Il faut se méfier des mots. Ils sont toujours trop beaux, trop rutilants et leur rythme vous entraîne, prêt à vous faire prendre un murmure pour une pensée.
Il faut tirer sur le mors sans cesse, de peur que ces trop bouillants coursiers ne s’emballent.
J’ai longtemps cherché les mots les plus simples, les plus usés, même les plus plats. Mais ce n’est pas encore cela : c’est leur juste assemblage qui compte.
Quiconque saurait le secret usage des mots de tous les jours aurait un pouvoir illimité — et il ferait peur.
Pages d’écriture (« La part de l’ombre »), 1967.
Je l'avais appelé Mao parce que je revenais de Chine. Je voulais qu'il règne sur moi comme le grand empereur de la nouvelle dynastie sur son peuple. Certains virent là un signe de mépris pour le vainqueur de la Longue Marche. Pour cela, il aurait fallu donner son nom à un porc ou à un veau. Mon dernier chien s'appelait César comme celui de la ferme de mes grands-parents dans la Mitidja. Ainsi à nous deux portions-nous le nom du général qui conquit la Gaule et la soumit à Rome. Dans l'idée que, ce Mao-là, du moins, je pouvais l'aimer, et qu'il m'obéissait, j'avoue qu'on pourrait discerner quelque secrète démarche ou fourberie : sans penser à ramener, symboliquement, la Chine au servage de l'Occident, j'admets que se nichait là une innocente ironie, mais quoi, j'aurais aussi bien appelé mon chien Charlie pour me gausser espièglement de notre roi, si grand, si fier et si puissant. Après tout, quand on donne aux chiens le nom d'un homme, c'est que cet homme est illustre, et l'hommage ainsi décerné flatteur pour un monarque, qu'il soit roi de France ou empereur de Chine. Et puis Mao peut s'écrire comme un vieux nom français. Un gendarme de Vézelay s'appelle Mahaut, et il eut assez d'humour pour ne pas se vexer quand il a su que mon chien portait le même nom que lui. Chaque fois que nous allions chez le menuisier, c'était des Mao par-ci et des Mao par-là. La gendarmerie est au-dessus, et le fils du gendarme Mahaut un familier de l'artisan, qui tient bistrot.
Ne devrais-je pas employer l'imparfait de l'indicatif ? A présent, la gendarmerie a été bâtie hors des murs de la ville, le menuisier s'en est allé, le bistrot a changé de propriétaire. Serais-je en vie quand ces pages paraîtront ?
Jules Roy La Mort de Mao écrit en 1969 à Vézelay et publié chez Christian Bourgois.
En France, le déclin des villes de province est celui d’un marqueur de son identité
Adam Nossiter New York Times
Délaissés au profit des périphéries, ils n'ont jamais connu un tel désintérêt de la part des commerçants. Un phénomène qui alarme jusqu'au «New York Times».
Le New York Times en a fait sa une, le 28 février. Dans un article traduit en français sur le site du quotidien intitulé «En France, le déclin des villes de province est celui d’un marqueur de son identité», le célèbre reporter Adam Nossiter, de passage à Albi dans le Tarn, rappelle une réalité peu réjouissante et classique dans l’Hexagone : le centre-ville est désert, les commerces fermés et les rues silencieuses. Plus loin, la zone commerciale des Portes d’Albi regorge de voitures, le parking est plein à craquer. La ville se meurt à petit feu, seuls les touristes slaloment dans les rues de la cité historique.
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Le meilleur d'entre nous a enterré le pire d'entre eux. En quelques minutes ce lundi matin, Alain Juppé a prononcé l'oraison funèbre d'une droite défunte, que François Fillon assassine. La droite n'est plus la droite. Le surmoi gaulliste est effacé. Le règne de la Manif pour tous a commencé, et il a tué la droite.
Il n'est pas d'autre lecture à faire de la crépusculaire déclaration d'Alain Juppé. Ce n'était pas seulement un adieu à la vie publique nationale, l'ultime acte de renoncement d'un homme à qui l'histoire aura toujours refusé un destin, c'était aussi et surtout l'adieu d'une certaine idée de la droite à la France.
D'abord le constat personnel: « Je n'ai pas l'intention de m'engager dans des tractations partisanes ni des marchandages de poste. Je ne suis donc pas en mesure aujourd'hui de réaliser le nécessaire rassemblement autour d'un projet fédérateur ».
Ensuite, le constat de l'état de la droite: « Quel gâchis ! Au lendemain de notre primaire, dont le résultat a été incontestable et incontesté, François Fillon, à qui j'avais immédiatement et loyalement apporté mon soutien, avait un boulevard devant lui. Je lui ai renouvelé ce soutien à plusieurs reprises. »
Enfin, le constat que le chemin pris par la droite n'est pas le sien: « Comme l'a montré la manifestation d'hier au Trocadéro, le noyau des militants et sympathisants LR s'est radicalisé ».
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