Certes je ne suis pas actionnaire du journal Le Monde comme Pigasse, Niel et Bergé mais je suis un abonné numérique : un lecteur régulier donc. De même je suis abonné numérique au Courrier International et papier à Télérama depuis une éternité.
Je contribue donc modestement à faire bouillir la marmite de ce groupe encore mon voisin pour quelques temps. Ça ne donne aucun droit particulier sauf d’avoir parfois des regrets ; l’un d’eux concerne les chroniques sur le vin qui tournent trop souvent à « je fais plaisir aux copines et aux copains, et surtout je ne fais déplaisir à personne ». Tu retrouves souvent du Gérard Bertrand, des quilles d’attaché de presse, quelques risettes aux naturistes, pour moi ça manque d’angles, d’aspérités et de sincérité.
Et puis, vendredi dernier, au milieu des turbulences du Sarthois ensablé, divine surprise à 11h44 Stéphane Davet m’envoie une chronique au titre pas très explicite « Magali et Jean Sulpice, une association de bienfaiteurs »
Comme je suis curieux j’ouvre et je lis (oui, contrairement à beaucoup de mes « amis » de face de bouc, je lis)
Et que lis-je ?
Que Magali la sommelière chante Le renouveau viticole savoyard. « Des vignerons comme Louis Magnin ou Michel Grisard ont montré que ces vins n’étaient pas destinés qu’aux fondues et raclettes des touristes, raconte Magali Sulpice. A leur suite, toute une génération a déboulé, privilégiant souvent la biodynamie, et démontrant que ces vins pouvaient permettre à la sensibilité de chacun de s’exprimer. »
Ha ! le Michel il doit être heureux lui qui m’a depuis des années attiré dans les rets des vins savoyards. (lire une chronique de novembre 2012 tout à la fin de celle-ci sur les Pétavins chers à Michel Grisard)
Le 24 novembre 2013 j’écrivais aussi :
« J’me fais sucer la friandise » l’Altesse de Savoie a amadoué le Taulier avec une génoise nature et des bulles ancestrales
Je cite le sieur Ridet qu'au passage je remercie pour son excellente chronique :
« La sommelière Magali Sulpice propose, l’air de rien, de se mettre en bouche avec une verdesse du Domaine des Rutissons, vignoble récemment relancé, dans le Grésivaudan, par deux jeunes passionnés, Laurent Fondimare et Wilfrid Debroize. Frais comme un torrent de montagne aux arômes citronnés, ce blanc tiré d’un des cépages autochtones les moins connus de la région (tenant son nom du vert foncé de son feuillage) vous ferre le palais… »
« Essayez le Vieilles Vignes 2015 de Béatrice Bernard, préférant une maturité délicate à la traditionnelle raideur. Le vin de soif se fait vin de gastronomie associé à l’œuf coque à la mousse de cèpes. »
« Transcendant lac et alpages, la touche Jean Sulpice s’affirme avec une percutante finesse. Ses écrevisses, conciliant la vivacité de la mélisse et la suavité d’une crème safranée, donnent de l’ampleur au cépage gringet, ici sublimé dans la «Cuvée Le Feu», vinifié dans des fûts ovoïdes par Dominique Belluard. »
Dès le 21 octobre 2009 je m’extasiais sur le Brut Zéro 2005 de D&P Belluard, méthode traditionnelle AOC Savoie Ayse.
Lire ICI Le Gringet : un quasi-monopole savoyard de Dominique Belluard vigneron d’Ayze
Et pour finir encore un coup chapeau au père Grisard « Rare assemblage de jacquère, roussanne, malvoisie et mondeuse blanche, la « Cuvée Schiste 2015 » est l’un des musts du Domaine des Ardoisières (classé en IGP vin-des-allobroges), qu’un collectif a créé sur le raide coteau de Cevins. Chaque cépage semble résonner avec un des éléments de la saint-jacques pochée (le léger gras de la roussanne), aux couteaux (la tension minérale de la jacquère), avec crème de livèche et sauce au pain de campagne (les plus aromatiques malvoisies et mondeuse blanche).
Comme promis ma découverte des Pétavins le 29 novembre 2012
La première fois que je suis allé déguster les vins d’une petite poignée de vignerons de Savoie c’est Raphaël Saint-Germain qui m’avait pisté. « Plutôt jeunes - ou toujours jeune ? -, nos vins nous ressemblent et nous rassemblent. Tant dans la démarche que dans le niveau de qualité produite. Et du caractère, c’est vrai ! Chacun de nous vinifie avec sa propre sensibilité, sa propre patte des Vins qui se veulent authentiques, des vins de vignerons, mais tous savoyards ! Alors… Rencontrons nous ce lundi 24 novembre de 10h à 19h autour d'une dégustation de Savoie LES FINES GUEULES ; 43 rue des Petits Champs 2 rue de la Vrillière. » C’était en 2008.
À l’époque, comme toujours aujourd’hui, j’avais commencé par décoconner en écrivant : « La Savoie ça m’inspire quoi ? Dans l’ordre : le gâteau de Savoie de maman, léger, mousseux, où parfois elle glissait de la confiture d’abricot ; mon seul et unique séjour en colonie de vacances à St Jean de Maurienne avec les enfants de marins de l’Ile d’Yeu ; l’escalade de la Dent d’Oche où je me suis offert (sic) la plus belle de mes rages de dents ; la chanson niaise d’Hughes Auffray « va doucement c’est tout bon » ; le festival du film fantastique d'Avoriaz l'année où de Niro était président du jury ; un roman de Patrick Modiano « Villa Triste » au bord du lac Léman ; le Reblochon et les cloches des vaches des alpages ; Alain Berger qui a été directeur de l’INAO ; Hervé Gaymard qui a été le locataire du 78 rue de Varenne à qui j’ai remis « Cap 2010 » et qui m’a donné du monsieur le Président avant de m’abandonner en rase campagne ; notre ministre actuel Michel Barnier qui est venu s’exprimer sur mon espace de liberté… Mais j’avoue, en me couvrant la tête de cendres, en battant ma coulpe, que je suis bien incapable de situer le vignoble de Savoie sur une carte de cette belle province. »
La suite ICI la suite Les vignerons savoyards en bon montagnards poursuivent leur ascension, même que le Wine Spectator en a placé un dans son top 100…