Là je fais connexion entre Bruno Retailleau, le croisé de François Fillon.
Le p’tit Bruno de Saint-Malô-du-Bois dans la Vendée militaire ICI , l’ex porte-flingue du ricaneur du Puy-du-Fou, en a bien besoin pour se remonter le moral.
Imaginez le chemin de croix de son mentor, ce pauvre François Fillon se rendant au déjeuner qu’il a sollicité chez son ancien maître Don Sarkocorleone, l’abomination de la désolation, ce n’est pas des couleuvres qu’il a dû avaler mais un boa constrictor.
« Faire accepter n’importe quoi à n'importe qui comme une vérité. Infliger des humiliations, des désagréments à longueur de temps à quelqu’un… »
Devoir accepter de subir des choses désagréables sans rechigner était autrefois le lot de toutes les personnes en position d'infériorité (comme le personnel de maison, par exemple).
Tel fut le lot de François Fillon Premier Ministre tout au long du septennat du parrain de la Droite dure. Alors qu’il tenait sa revanche en ayant renvoyé sèchement son maître, le collaborateur pris dans la tourmente judiciaire se voit obligé de revenir, la queue entre les jambes, plier le genou et faire à nouveau bonne figure.
« L'essentiel dans cette manière d'arriver est d'agréer maints soufflets et de savoir avaler une quantité de couleuvres : M. de Talleyrand faisait grand usage de ce régime des ambitions de seconde espèce. »
Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe.
Mais accordons à François Fillon, comme à tous ceux qui exposent leur vie dans le domaine public, un peu d’indulgence. Qui de nous peu lui jeter la première pierre ? En effet, bien hypocrites ceux qui se targueraient de n’avoir jamais avalé des couleuvres dans leur vie privée ou professionnelle.
Indulgence ne signifie pas absolution, simplement un rappel à celles et ceux qui sur les réseaux sociaux se drapent dans des postures de redresseurs de torts.
Sur Face de Bouc ça dézingue sans sommations mais beaucoup de ces snippers avancent masqués ou se fabriquent un beau profil.
C’est facile.
C’est commode.
Ça permet de laver plus blanc que blanc en planquant ses petits ou grands accommodements, toutes ces couleuvres, plus ou moins grosses, avalées dans le secret de son métier ou de sa vie privée.
Libre à eux de faire la Révolution en affichant une photo de profil en tee-shirt Che Guevara même si ça ne les empêche pas de faire commerce avec le bourgeois, qu’il soit bobo ou de l’ancienne espèce. Faut bien vivre !
Libre à eux de ne pas être très regardant sur le profil de leurs amis, ça peut toujours servir.
Mais de grâce cessez de nous la jouer les pères la morale du haut de votre mince bagage de la vie. Un chouïa d’humilité vous permettra d’avaler votre lot de couleuvres.
Ainsi va la vie que l’on vit, l’important c’est de ne pas se renier, de nous vendre de la soupe pas fraîche, de pratiquer le copinage avec des gratte-papier stipendiés.
Et là y’a du ménage à faire, du balayage devant sa porte avant de s’autoproclamer nettoyeur des écuries d’Augias.
Vous allez me dire tout cela est bien obscur et bien lointain du monde du vin.
Pas si sûr, ma chronique, sans nommer qui que ce soit, touche le cœur de la critique du vin, de ses relations, de ses pratiques, qui font que trop souvent les gens se tiennent par la barbichette, que tout le monde avale des couleuvres.
Sur les réseaux sociaux, comme dans la vie, c’est trop souvent le bal des faux-culs et des hypocrites.
Mais revenons à la Vipérine de Vendée !
Au café d’Aubigny, on assurait dans les années 80 qu’il s’agissait d’une recette traditionnelle du haut-bocage vendéen, mais aux Essarts, au cœur même de ce bocage on affirme que c’est un usage propre à Vieillevigne au confit du département et du pays du Muscadet.
Ange Bastiani raconte que Jean Cettour, le patron du bar, Bar des BOF (Beurre-Œuf-Fromage), au 7 rue des Innocents, à Paris, avait toujours en bonne place une bouteille d’alcool de vipères, en principe non destinée à la consommation courante.
Sa recette « Capturer une vipère vivante dans les collines de Chainas… les murs des restanques des vignobles sont truffés de ces reptiles. Enfermez-là dans une bouteille vide close par un bouchon coupé en biseau. Laissez jeûner l’animal durant 2 ou 3 jours puis emplissez le flacon de marc de beaujolais et bouchez-le cette fois avec un bouchon plat. Vous n’avez plus ensuite qu’à laisser macérer pendant 6 mois au bout duquel le breuvage sera à point. »
L’introduction de la vipère vivante dans la bouteille fait que le reptile s’enroule dans la bouteille, essaye de remonter et que lorsqu’on l’occis avec l’eau-de-vie elle reste enroulée la tête en eau.
»
Pour J. Luneau de Vieillevigne c’est un élixir de jouvence, il précise qu’il faut que ce soit une vipère femelle. »
Dans les 101 Conseils de Médecine Naturelle du Dr Jean-Yves Péron-Autret :
« Qui n’a vu dans les vitrines des apothicaires de province, le flacon d’alcool où une vipère capturée vivante est immergée (dans une bouteille contenant de l’alcool de fruit porté à ébullition) ? On boit un petit verre à alcool de cette préparation chamanique et magique tous les matins. Le roi François 1er la jugeait indispensable au maintien de sa souveraine santé contre les rhumatismes. »
Une recette italienne du XVIIe siècle :
« Beaucoup pour prolonger la jeunesse et retarder la vieillesse, utilisaient le vin de vipère et la chair de la vipère préparée et assaisonnée avec d’autres aliments. »
Pour clore cette chronique politico-gastro-vino… il semble que l’expression « avaler des couleuvres » trouve son origine d'une ancienne signification de 'couleuvre' qui désignait aussi une insinuation perfide, le genre de chose à laquelle il n'est pas toujours simple de répondre et qu'on doit alors subir sans piper mot.
Ce sens du mot était bien entendu lié au comportement du serpent, cet animal qui a convaincu Ève de croquer la pomme.
Cet emploi aurait été renforcé par la confusion avec 'couleur' qui, du XVe au XVIIe siècle désignait une fausse apparence, encore symbole de perfidie (une bonne couche de peinture peut dissimuler bien des défauts).
Si le cœur vous en dit vous en prendrez bien une larme… de crocodile...