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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 06:00
Peut-on boire du vin le mercredi des Cendres et pendant le carême ?

François Fillon n’en rate pas une, lui le candidat d’une France aux racines chrétiennes, a prévu de se rendre au Salon de l’Agriculture, haut-lieu de beuveries et de goinfreries provinciales, ce mercredi 1er mars.

 

« C'est le jour des Cendres ! Pour un Chrétien le jeûne est de rigueur ! » s’est exclamée Christine Boutin son ancienne ministre du Logement ex-présidente du Parti Chrétien Démocrate maintenant entre les mains du bien nommé Poisson.

 

Elle lui a suggéré @FrancoisFillon mardi , c'est mieux ! C'est mardi gras !

 

Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf cas de maladie.

 

La loi du jeûne oblige tous ceux qui sont majeurs, jusqu’à l’âge de 59 ans.

 

La loi de l’abstinence oblige tous ceux qui ont accompli 14 ans.

 

Le mercredi des Cendres marque l'entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal. Il peut tomber n'importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques. Les cendres qui proviennent des rameaux de l'année précédente, brûlés pour l'occasion, sont déposées sur le front des fidèles. Cette coutume de se couvrir la tête de cendres - et à l'origine de se revêtir aussi d'un sac - est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jonas 3.5-9 : Jérémie 6.26 ; 25- 34 ; Matthieu 1 1,21).

 

Pourquoi les cendres ?

 

Se couvrir de cendres ou s’asseoir sur la cendre en signe de pénitence est une pratique souvent rapportée dans l’Ancien Testament. A la suite de la prédication de Jonas, le roi de Ninive s’assoit sur la cendre » (Jonas 3, 6). En 2 Samuel 13, 19, Tamar « prend de la cendre et s’en couvre la tête ». Le rite peut être un rite de pénitence mais aussi un rite de souffrance devant ce que l’on a vécu.

 

Deux notations personnelles :

 

  • En tant qu’éminent enfant de chœur de la paroisse St Jacques le Majeur à la Mothe-Achard, j’ai eu droit aux cendres le mercredi des Cendres. En effet, à la messe du matin le curé commençait par les épandre sur la tête de ses assesseurs avant de le faire sur celles de ses ouailles. Détail d’importance, en ce temps-là les femmes (y’avait que des femmes à la messe du matin) devaient se couvrir la tête pour entrer dans l’église ce qui ne facilitait pas l’épandage.

 

  • Étant donné mon grand âge je suis dispensé de jeûne et je peux donc faire ripailles et buvaison sans commettre un péché. Je ne vais donc pas m’en priver.

 

Mais ça ne m’empêche pas d’apprécier le jeûne mais à des temps à ma convenance.

 

Voltaire écrivait « Toujours du plaisir n'est plus du plaisir », il est une grande jouissance que de pouvoir alterner bombance et ascèse.

 

Ni carnaval le Mardi-Gras, ni austérité du mercredi des Cendres et rigueur du Carême.

 

« C'est une grande part de liberté qu'un ventre bien réglé. »

Sénèque

 

Dans son livre Les métamorphoses du gras Histoire de l’obésité, Georges Vigarello écrit :

 

« Deux problèmes de société, longtemps confondus, peuvent du coup se disjoindre aujourd’hui : la présence croissante de l’exigence du mince, la présence croissante de la dénonciation du gros.

 

La première demeure une norme du paraître social, la seconde devient un indice de menace sanitaire. Leur origine, surtout, est différente : culturelle pour la première, avec son code de silhouette et de tenue, économique pour la seconde, avec son repère de risque collectif.

 

Les inquiétudes qu’elles suscitent n’ont pas les mêmes objets. Les conséquences de leurs possibles ratés n’ont pas les mêmes enjeux. Aucun doute, bien sûr : l’exigence du « mince » fait davantage apparaître aujourd’hui la présence marquante du « gros ». Elle tend à suggérer sa plus grande fréquence, son « évidence » même. La rigueur exercée sur l’élancement du profil rend plus visible la dérive des formes, suraccentue les échecs de contour. Une disparité demeure toutefois, majeure, indiscutable : la présence marquante de l’obésité dans nos sociétés vient davantage du mode de vie et de ses effets « engraissants » que du contraste suggéré par le mince et son impact.

 

Elle s’impose surtout par le changement des comportements, moins par le changement du regard. Nuance centrale, encore : les croisades contre l’excès de lipide et de sucre, l’inquiétude accrue sur les risques et les coûts ne sont pas provoquées par la recherche du mince mais bien par la crainte d’une atteinte nouvelle, spécifiquement organique, un danger allant du physique au social. Non la vision des sveltesses autrement dit, mais celle des désordres et des disfonctionnements. »

 

À titre d’exemple de la tyrannie de la minceur, la « mutation » d’une Marlène Dietrich berlinoise à une Marlène Dietrich hollywoodienne, à la fin des années 20. Affrontement constant, affirmation délibérée, toujours renouvelée « Je suis trop grosse […] Il faut que je prenne plus de laxatifs, que je boive du café, que je fume sans plus avaler d’autre… »

 

 

Pour finir un peu d’Histoire religieuse sur le mercredi des Cendres

 

Aux commencements du christianisme ce rite des cendres n'était pas directement associé au début du Carême. Vers l'an 300, il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d'excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté. Ces personnes s'étaient rendues coupables de péchés ou de scandales "majeurs" : apostasie, hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés "capitaux").

 

Au VIIe siècle environ

 

Cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d'abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés à l'évêque et mis publiquement au rang des pénitents, ils devaient se préparer pour recevoir l'absolution donnée le Jeudi saint. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l'avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : "Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras" (Genèse 3,19).

 

Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d'où l'expression de "quarantaine"). Le "sac" qu'ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l'église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s'abstenir de viande, d'alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d'avoir des relations sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.

 

Au cours du Moyen-Âge

 

C'est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d'insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées à tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd'hui. Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l'imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : "Convertissez-vous et croyez à l'Evangile" (Mc 1,15).

 

Dans les églises de Bretagne insulaire et d'Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l'influence des moines celtes. Il s'agissait d'une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer à faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.

 

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