La table de la salle à manger, celle de la cuisine, le canapé face à la télé, le lit, le pieu, le plumard, la moquette du salon… assis, debout, allongé, vautré…
Aurais-je ce matin fumé la moquette avant de chroniquer ?
Détrompez-vous, je n’aime pas l’herbe même si j’adore Fine la mascotte du Salon de l’Agriculture, une petite bretonne pie noire.
Rappelez-vous « en novembre 2010, lors d’une réunion qui se tient à Nairobi, au Kenya, les experts de l'Unesco examinent une demande française: l’inscription de la gastronomie du pays sur la liste du patrimoine mondial immatériel. Autour de la table, l’ambassadrice de France à l’Unesco, Catherine Colonna, explique alors:
«Les Français aiment se retrouver, bien boire et bien manger et célébrer un bon moment de cette façon. C'est une partie de nos traditions et une tradition bien vivante.»
Les experts de l’Unesco considérèrent que le «repas gastronomique à la française» remplissait les conditions.
« Il n'est alors pas tant question de la qualité de la nourriture que du repas en tant que tel, avec ses rituels, ses codes, sa présentation, son histoire: la «pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes. Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. […] Le repas gastronomique resserre le cercle familial et amical et, plus généralement, renforce les liens sociaux.»
Le 26 novembre 2010 dans une chronique véhémente et très lue je m’élevais contre la qualification « gastronomique » accolée au repas à la française :
Chère maman d’accord avec Yves Camdeborde : «enlevons le mot gastronomique» au repas à la française inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco
Et puis, patatras, voilà t’y pas qu’un beau matin je découvre que 7 ans plus tard, une enquête, menée par l'institut de sondage YouGov pour l'application de restauration à domicile Allo Resto, vient semer le doute: le repas pris en commun, à table, serait-il en voie de disparition ? Un Français sur trois prend désormais son repas ailleurs que sur une table de salle à manger ou de cuisine.
Tout fout le camp ma bonne dame, où va notre vieille France si la salle à manger est désertée !
Pour renforcer ce constat alarmant Robin Panfili, journaliste à Slate, a convoqué le ban et l’arrière-ban de la sociologie de le table :
- Le sociologue Jean-Claude Kaufmann
- Jean-Pierre Corbeau, professeur émérite en sociologie de l'alimentation à l'université François-Rabelais de Tours
- Le sociologue de l'alimentation Jean-Pierre Poulain
- Le socio-anthropologue Claude Fischler
- Olivier Arifon et Philippe Ricaud chercheurs.
«Le protocole de la table traditionnelle, le rituel avec la fourchette à gauche, le couteau à droite. On ne veut plus être prisonnier de cet espace. Ce besoin de liberté revient beaucoup dans les verbatims de l'étude.»
«L'un des reproches qui pouvait être fait au repas traditionnel "à la française", c'était qu'il était trop contraignant. On n'avait pas le droit de se lever; la sédentarité était très longue; il y avait des protocoles dans les prises de parole. Tout ça, ça reste dans l'imaginaire de la table traditionnelle». Corbeau
L'«intermittence à table».
Fischler sur la progressive «déstructuration de l'alimentation quotidienne»
«La télévision associée au repas familial n'a rien d'anecdotique. Elle joue un rôle important et est très révélatrice de ce qui se joue à en ce moment particulier. Le repas est l'architecte de la vie familiale, imposant notamment une conversation par ailleurs plus aléatoire. Mais cette conversation est difficile dans nombre de ménages, qui doivent donc s'aider de la prothèse télévisuelle, pour masquer le silence et relancer la parole. Ceci explique sa fréquente utilisation.»
Jean-Claude Kaufmann
«Le repas, la table et leurs organisations spatiales et gustatives sont donc un objet à la fois communicationnel, anthropologique et sémiotique. [Il] est mise en scène d’un pouvoir et présentation des statuts et rôles de ceux qui y siègent», écrivaient les chercheurs Olivier Arifon et Philippe Ricaud dans la revue Communication en 2006.
Lire la chronique de Robin Panfili La petite mort du repas à table ICI
La référence à la petite mort m’a fait immédiatement passer de la table au lit toujours sur Slate Le sexe est meilleur le matin
Christina Cauterucci, traduit par Peggy Sastre — 23.02.2017 - Et le sexe du soir est une arnaque !
« Nous forniquons dans des lits parce que c'est agréable, qu'il est facile de fermer la porte de sa chambre et qu'il n'y a pas à se creuser trop la tête pour laver des draps, contrairement à un canapé post-coït. Et parce que le sexe se fait généralement dans un lit, il survient en général au moment de dormir. En 2005, une petite étude menée par Roberto Refinetti, biologiste à l'université de Caroline du Sud, consignait les habitudes sexuelles de quelques dizaines d'adultes: la majorité des parties de jambes en l'air avait lieu les week-ends et juste avant l'heure de coucher des participants, soit entre 23h et 1h du matin. En 1982, une étude plus conséquente portant sur des couples mariés trouvait que, pour les deux tiers des volontaires, les activités sexuelles se déroulaient entre 22h et 1h. Interrogés sur les raisons d'un tel emploi du temps, 72% des cobayes de Refinetti avaient répondu qu'il s'agissait d'un moment de liberté pour les deux partenaires, ou tout simplement parce que le couple était d'ores et déjà au lit. Seulement 28% avaient lié le phénomène à une réelle spontanéité sexuelle. »
Quelle bien triste, absurde et ennuyeuse manière de structurer une vie sexuelle. Si le sexe était un projet de dîner et le capitalisme un convive, c'est un peu comme si les humains lui disaient «Je ne sais pas, tu choisis». Nous faisons du sexe le soir et les week-ends parce que ce sont des moments où ne nous travaillons pas. Nous baisons avant de dormir parce que nous nous sommes déjà déshabillés, que nos dents sont déjà lavées et que nous nous sommes déjà installés en position horizontale. Par paresse intellectuelle et physique, le sexe par défaut se joue le soir, parce que c'est pratique et que telle est notre petite habitude. Reste que si les humains entendent jouir du plein potentiel de leurs rencontres sexuelles, il nous faut briser les chaînes du sexe pré-sommeil, et ouvrir les bras à un moment bien plus sexuellement propice: le matin. »
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"La jouissance me paraît le but de la vie et la seule chose utile au monde", disait l'écrivain français Théophile Gautier. Malheureusement, du côté physique, tout le monde n'est pas égal face à l'orgasme. C'est en tout cas le résultat d'une étude publiée le 17 février dans le journal Archives of sexual behavior, rapporte le Guardian.
Selon les chercheurs, les femmes ont le plus de chance d'avoir un orgasme si ces trois pratiques sont présentes dans leurs rapports sexuels: "baisers langoureux, stimulation génitale manuelle et sexe oral". Si cela vous semble logique, ce ne semble pas l'être pour tout le monde.
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