Les seconds rôles n’ont pas vraiment disparu mais, sans tomber dans la nostalgie, il fut un temps où le cinéma français regorgeait d’un vivier de très grands seconds rôles qui avec leur humour, leur humanité, leur gouaille, mettait en scène le peuple avec une forme de génie.
J’ai toujours eu un faible pour les seconds rôles dans le cinéma français et à mon Panthéon j’inscris en tête :
Jean Bouise, Charles Denner, Georges Géret, Bernard Fresson, Marcel Bozzufi, Maurice Biraud, André Pousse, Hubert Deschamps, Robert Dalban…
Ils avaient des gueules de populo, ils avaient des voix reconnaissables entre toutes…
Pourquoi j’évoque soudain les seconds rôles aujourd’hui ?
Tout bêtement parce qu’ils ne meurent jamais.
Pour preuve, je me suis fait piéger sur la Toile par l’annonce de la mort de l’acteur Julien Guiomar « qui s’est éteint le matin à l’âge de 82 ans. Originaire de Morlaix (Finistère), il a joué dans une centaine de films pour le cinéma et la télévision. Souffrant de problèmes cardiaques, il est décédé chez lui, à Monpazier en Dordogne.»
Sauf que je n’ai pas vérifié la date de la parution de l’article et j’ai posté «la nouvelle» sur mon mur Face de Bouc.
Et puis, pris d’un doute je suis retourné voir et l’article datait du 27/09/2013.
Mais la machine à chroniquer était lancée et comme la disparition du peuple des écrans radars politiques est d’actualité je n’ai pas coupé mon élan.
Julien Guiomar, fils du dentiste morlaisien n’a pas suivi les traces de son père. «Quand on était jeunes, on allait beaucoup au cinéma. Et dès que j’ai pu, je suis monté à Paris suivre les cours Simon et ceux de la Rue blanche, comme tout le monde (!) » déclarait-il dans nos colonnes en 1985. »
C’était dans Ouest-France ICI
Ha ! Monter à Paris, ses chambres de bonne, ses petits boulots, manger des nouilles, les copains, les petits rôles…
Il y avait une floppée de Jacques : Dufilho, Legras, Monod, François, Fabbri, Jouanneau, Marin, Morel…
Des Marcel : Bozzufi, Dalio… Des Maurice : Biraud, Baquet, Barrier… Des Robert : Dalban, Le Vigan… Des Paul : Crauchet, Frankeur, Le Person… Des Pierre : Vernier, Mondy… Des Michel : Constantin, Beaume, Duchaussoy… Des François : Chaumette, Maistre… Des Charles : Denner, Gérard…
André Pousse, Roger Carrel, Henri Garcin, Claude Pieplu, Daniel Ceccaldi, Jean-Pierre Darras, Daniel Ivernel…
Et beaucoup d’autres ICI
« Tu seras toujours un second, un brillant second certes, mais un second. Repère bien tes limites. Et n’en sors pas. C’est comme ça qu’on dure. » - réplique de Julien Guiomar dans Mort d’un pourri.
« Ses paupières tombantes sont surmontées de lunettes à large monture. L’irrégularité de ses dents se laisse deviner sous l’épaisse moustache noire qui s’étend au-delà de la commissure des lèvres. Il ne quitte jamais son costume terne, le plus souvent gris ou noir, qui lui donne l’air affable d’un notable de province. Posé et terre-à-terre, à la démarche sûre et contrôlée, Jean Bouise impose cette image auprès du grand public dans Le Retour du Grand Blond (1974), Le Vieux fusil (1975) et Le Juge Fayard dit Le Shérif (1977). Couronné d’un César pour sa performance dans Coup de tête (1979), l’acteur excelle lorsqu’il joue avec retenue et ambiguïté, sans laisser transparaître ses pensées, en déployant une gestuelle et une voix très maîtrisées qui forgent sa présence à l’écran. Du début des années soixante à la fin des années quatre-vingt, il incarne une grande variété de personnages qui ne le figent jamais dans un caractère unique. Son visage évolue d’un film à l’autre, barbu, moustachu, glabre, sans ou avec lunettes, et se modèle selon les professions qu’il interprète : ministre ou député, directeur d’usine ou garagiste, gangster ou homme d’église, magistrat ou commissaire, etc. Ce second rôle brillant est un professionnel, un homme de métiers, qui dévoile rarement son intimité et sa vie privée. Enfin, les rôles de Jean Bouise sont souvent connectés, de près ou de loin, à des événements sociopolitiques de premier plan, qui structurent profondément la filmographie de l’acteur. La révolution cubaine, la dictature franquiste, les scandales de la Vème République, le régime de Vichy, la société post-Mai-68 et l’héritage colonialiste contraignent directement ou indirectement l’action de ses personnages. »
« Dans Les Granges brûlées (1973) qui prend pour cadre un petit village enneigé du Jura, l’acteur défend ce territoire sauvage, déserté par les jeunes qui s’en vont vers les villes. « Notre beau pays du Haut Doubs est calme, traditionnellement tranquille, et ses paysans sont peut-être les derniers à pouvoir porter avec fierté ce qualificatif », dit-il à Alain Delon »
« Il est également admirable dans Coup de tête dans la peau de l’inoubliable Sivardière, directeur d’usine et président du club de foot de Trincamp. Malgré son influence dans les décisions politiques et la législation de cette petite ville imaginaire, il se retrouve piégé par la soudaine popularité de Patrick Dewaere, érigé en dieu du foot par la population locale. »
« Je fais ce que je crois pouvoir faire. Et tout se fait en se faisant. C’est souvent en regardant les autres qu’on apprend le mieux. En se taisant. Je ne sais jamais rien au moment où je vais jouer. J’ai une vague idée mais je me méfie des indications trop précises. Un seul mot parfois me met bien mieux sur la voie : l’exemple d’une couleur, d’un son... Jouer c’est aussi mystérieux, aussi indicible que lire un poème. On ignore pourquoi ça vous touche tant, mais on devine que c’est essentiel... »
Portrait de Jean Bouise ICI
Plateau Claude BERRI , Jean BOUISE
Léon ZITRONE et France ROCHE interviewent le comédien Jean BOUISE (meilleur second rôle) et Claude BERRI (César du meilleur producteur hier soir).Jean BOUISE évoque ses débuts, sa rencontre a...