Nous les baby-boomers sommes poussés vers la sortie tout en contemplant avec un brin de nostalgie nos petits-enfants ; j’en ai 3 de sang et 1 dont je suis le papy d’occasion, mais je suis tout aussi attendri par les petits de mes jeunes amies : Adam, Augustin, Isidore…
850 000 bébés naissent en France en 1948, un record depuis les années 1900. Les femmes avaient en moyenne trois enfants, soit un de plus qu’avant-guerre. Nous étions pour la plupart d’entre nous nés dans un chou…
Pile poils dans la cible puisque né au beau milieu de 1948, petit dernier d’une famille de 3 enfants. Depardieu, Nathalie Baye, Charles d’Angleterre, Anne Sinclair, en sont eux aussi.
Les Américains sont encore populaires, les hommes délaissent le gris que l’on roule et la Gitanes pour les Lucky Strike, les Camel ou les Craven A, les femmes découvrent le luxe du bas nylon, et les gamins mâchouillent du « chouinegomme ».
À la ville où beaucoup de bras paysans migrent, les parents poussent leurs landaus, traversent la chaussée dans des passages piétons délimités par de vrais clous, alors qu’une nuée de vélos zigzaguent entre les grosses Traction avant et les petites 4 ou 2 CV. Même si Victor Mills aux USA a inventé la couche jetable, les bébés gaulois sont emmaillotés par leurs mères dans des langes en tissu qu’elles épinglent sur leur petit cul.
Je lis dans une publication Nous les enfants de 1948 :
« On nous immortalise dans cet état de grâce : recherchés pour leur aptitude à nous faire tenir en place, certains photographes se spécialisent dans l’enfance, et nos parents trouvent leurs coordonnées au verso des photos que leur montrent leurs amis. Quand nous ne jouons pas aux vedettes, nous agitons nos hochets et nos crécelles dans des landaus ou des berceaux. »
Là encore je suis plein centre de la cible : le photographe de la famille Berthomeau c’était Mr Ferlicot à la Roche s/Yon.
Mais ce matin ce qui motive mon retour en arrière c’est que je souhaitais tirer de l’oubli : la barboteuse.
Je n’ai pas dans mes archives photographiques de cliché de ma pomme en barboteuse afin d’illustrer mon propos ; alors je puise dans le crédit photo de la Toile.
« Avec notre petite crête ondulée sur la tête, nous remuons dans les mêmes barboteuses que nos parents. Leur popeline garantit une certaine douceur à nos derrières, tandis que la laine de la version hivernale les protège du froid. La culotte bouffante, les manches ballon et le col Claudine ne sont pas démodés, même si « pour bien habiller les enfants », la fillette Marinette recommande la culotte Petit Bateau. Blanches, parfois à smocks ou brodées, les barboteuses réussissent miraculeusement à nous donner une certaine élégance. »
Ma sainte mère étant couturière j’ai toujours été habillé comme une figure de mode mais je n’ai pas décroché le titre de « Bébé Cadum » pour la bonne et simple raison qu’il ne lui serait jamais venu à l’idée de me présenter au concours du plus beau bébé de France.
Mes couches passaient à la lessiveuse pour bouillir avant de se faire frictionner au savon de Marseille et par la brosse de chiendent. L’heure n’était pas venue d’utiliser Persil qui lavait « plus blanc » puis « encore plus blanc »
Dans nos campagnes, comme à la ville, la tuberculose sévissaient, chez les humains et chez les vaches. Le timbre antituberculeux « tôt dépisté, vite guéri » nous était apposé au bras par la médecine scolaire. Des poumons d’acier étaient installés dans des hôpitaux. Le Dr Morineau, qui fut le candidat du PSU à la Roche s/Yon était pneumologue.
En ville, la Croix Rouge française ouvre des centres de stérilisation appelés « Goutte de lait ».
Le plan Marshall aide le développement de l’industrie laitière et plusieurs coopératives fondent France Lait, qui deviendra Régilait. En l’absence de réfrigérateur, le lait en poudre est le bienvenu.
Paul Herman Müller reçoit le prix Nobel de médecine pour sa découverte du DDT, remède « miraculeux » contre les poux, la gale et la mouche tsé-tsé…
Ce petit retour en arrière qui donne un peu de perspective à certains acculturés qui sévissent sur la Toile pour qui le monde a commencé avec eux, n’avait pour seul but que de lancer un appel à mes amies mères ou futures mères : cousez votre première barboteuse pour votre bébé !
« Quoi de plus craquant qu'un bébé en barboteuse ? J’adore le côté bouffant de ces vêtements, c'est confortable à porter et ça met en valeur les petits bras et les petites cuisses potelées de bébé. »
C’est sur Petits petons à croquer
Alors Isabelle, Fleur, Justine, Lily… lancez-vous !
L’amie Marie, très couture, pourra guider vos pas ou plus exactement vos points…
Attention, mes très chères amies, ne voyez pas dans mon appel une injonction pour vous renvoyez dans l’univers confiné de la femme au foyer. Bien sûr que non, vous pouvez sans problème transmettre mon appel à vos compagnons qui pourront chausser le dé et tirer l’aiguille si vous le leur demander.
La barboteuse étant unisexe qu’importe le sexe de ceux qui exécuteront le chef d’œuvre !