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20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 10:00
Des hélicoptères survolent la vallée de la Soummam en Mai 1956. / AFP

Des hélicoptères survolent la vallée de la Soummam en Mai 1956. / AFP

Afin de mieux coller à l’actualité de la campagne électorale j’ai choisi de publier mon journal d’un chroniqueur de campagne sans m’en tenir à un calendrier précis.

 

À chaud !

 

Ainsi ce matin dans mon courrier un lecteur m’écrit (vous pouvez le faire via en cliquant sur CONTACT tout en bas du blog).

 

Fillon, Macron, la presse et la colonisation

 

Comment dans un débat politique d’un tel niveau, où l’un des concurrents fait campagne pour se blanchir (il s’en remet au suffrage universel pour être jugé, quand même) et dessoudant la presse, les discours de macron et les cris d’orfraie qu’ils suscitent, j’ai cette phrase d’Albert Londres qui remet tout le monde en phase.

 

Elle conclut la post face qu’il a écrite pour Terre d’Ebène : «Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie»

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Terre d’Ebène : après l’avoir lu, personne ne peut affirmer à moins de s’aveugler, que la colonisation a été seulement un bienfait. Ce qui une fois de plus ne fait pas de tous des criminels, mais l’ensemble est un monstre. Crime contre l’humanité n’est choquant que si l’on ne veut pas savoir.

 

D’autre part, pour la presse : elle doit effectivement porter la plume dans la plaie. Mais la maturité d’un citoyen électeur est de faire la part des choses, et d’accueillir les informations pour les traiter pour ce qu’elles sont : des données nouvelles.

 

Le politiques aiment trop les cireurs de bottes pour ne pas qu’ils soient suspects. Fillon, comme les autres.

 

Mais pourquoi Macron a-t-il choisi l’Algérie ?

 

1/12/1954, «L'Algérie, c'est la France et la France ne reconnaîtra pas chez elle d'autre autorité que la sienneFrançois Mitterrand, ministre de l'Intérieur…

 

Son discours ICI

 

Un demi-siècle après la décolonisation et la fin de la guerre d'Algérie, l'exercice de mémoire autour de ces sujets demeure profondément conflictuel, comme otage des idéologies et des clivages politiques.

 

« La France aurait tout intérêt à faire la lumière sur son passé et cesser de fermer les yeux sur ce que fut réellement cet épisode de l'histoire. La colonisation fut longtemps au centre de l'idéal républicain, dit de gauche - au même titre que la laïcité et la conquête des libertés - portée par des grandes figures du Panthéon de la gauche française, Léon Gambetta ou Jules Ferry qui déclarait à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885: «Je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, avec grandeur et honnêteté, de leur devoir supérieur de civilisation!» Cette approche avait alors un caractère quasi officiel, «politiquement correct» dirions-nous aujourd'hui.

 

Quant à l'Algérie, elle fut pendant plus d'un siècle considérée, non pas comme une colonie mais comme une fraction du sol national. A l'exception du parti communiste, et de quelques individualités isolées, l'ensemble de la classe politique, jusqu'à la fin des années 1950 - y compris la SFIO et le parti radical, ancêtres du parti socialiste actuel, le MRP centriste - considérait les trois départements algériens comme faisant partie intégrante et intouchable du territoire Français. »

 

Maxime Tandonnet le 18/03/2016

Adolescent, la guerre d’Algérie, faisait partie du quotidien de nos familles, nos grands-frères y étant appelés sous les drapeaux en tant que soldat du contingent. Mon frère aîné Alain en était, il a passé 18 mois de sa vie sur un piton rocheux à la frontière de la Tunisie « protégée » par ligne électrifiée dites ligne Morice. Sa base arrière était à Guelma.

 

J’ai vu aussi débarquer à la Mothe-Achard, après les accords d’Evian, les Pieds Noirs désemparés avec leur petit balluchon.

 

Jeune homme j’ai choisi de faire mon service national en tant que coopérant (VSNA) et j’ai été affecté à l’Université de Constantine en tant que maître-assistant. C’était au temps de Boumediene. J’y ai passé 2 années de ma vie. Parmi mes étudiants j’avais de nombreux quadragénaires ayant participé à cette guerre et qui venaient acquérir une formation juridique nécessaire aux postes qu’ils occupaient.

 

Avant de partir j’avais lu La Guerre d'Algérie (4 tomes parus chez Fayard) d’Yves Courrière

 

Les Fils de la Toussaint, 1968

Le Temps des léopards, 1969

L'Heure des colonels, 1970

Les Feux du désespoir, 1971

 

Mais aussi, entre autres, Les Damnés de la Terre de Frantz Fanon

 

Je vous conseille d’offrir à vos jeunes l’admirable Histoire Dessinée de la Guerre d’Algérie de Benjamin Stora et Sébastien Vassant au Seuil.

 

« La guerre d’Algérie fut le grand épisode traumatique de l’histoire de la France des Trente Glorieuses et les blessures ouvertes alors ne sont pas encore refermées, comme en témoignent les polémiques mémorielles récurrentes qu’elle continue de soulever. En 250 pages, Benjamin Stora et Sébastien Vassant retracent en textes et en images les moments-clés de cette guerre longtemps restée « sans nom », avec ses épisodes majeurs et ses acteurs principaux, français comme algériens.

 

À partir d’archives, de portraits et de témoignages, Benjamin Stora et Sébastien Vassant donnent à voir et à comprendre la guerre d’Algérie comme on ne l’a jamais fait. La bande dessinée restitue cette histoire dans toutes ses dimensions tout en intégrant les acquis de la recherche historique la plus récente, et en faisant place à la diversité des mémoires. »

Journal d’1 chroniqueur de campagne (5), Macron, la colonisation, pourquoi l’Algérie ?

Je propose à votre lecture 4 articles :

 

  1. Colonisation. Macron « a des arrière-pensées pas seulement humanistes » le 17/02/2017 Ouest-France.

 

Emmanuel Macron a profité d’un voyage de deux jours en Algérie pour répondre aux questions d’un journaliste d’une chaîne de télévision algérienne. Certains de ses propos ont fait mouche. «La colonisation est un crime contre l’humanité», a-t-il lancé, adoptant une ligne opposée à celle de certains de ses adversaires de la présidentielle. Olivier Lecour Grandmaison, politologue spécialiste d’histoire coloniale, enseigne à l’université d’Évry-Val d’Essonne et au Collège international de philosophie. Auteur de plusieurs ouvrages, il a publié, en 2014, L’empire des hygiénistes. Vivre aux colonies, aux éditions Fayard. Il est aussi à l’origine d’un récent appel pour la reconnaissance des crimes coloniaux commis par la France. Pour Ouest-France, il réagit aux déclarations du candidat d’En Marche, qu'il a assumé sur Facebook.

 

- À la télévision algérienne, Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de crime contre l’humanité. Qu’en pensez-vous?

 

Il est tout à fait possible de considérer la colonisation comme un crime contre l’humanité dès lors que l’on s’intéresse de façon précise aux modalités de la colonisation. Il s’agissait de guerres de conquête et de guerres coloniales dont l’une des caractéristiques, et pas seulement en Algérie, est d’avoir été des guerres totales, où l’on a assisté à une militarisation complète de la population et du territoire. Ce qui veut dire que la distinction entre civil et militaire s’effondre, celle entre sanctuaire et champ de bataille également.

 

Par ailleurs, et là ça ne concerne pas uniquement l’Algérie, autre particularité, et aujourd’hui reconnu comme un crime contre l’humanité, le fait que les populations civiles, sans avoir eu un comportement délictuel, ont été soumises au travail forcé. Lequel a été extraordinairement criminel.

 

- Il y a eu des massacres aussi…

 

Oui. À ce propos, la qualification employée par Emmanuel Macron est partagée par des historiens, des avocats. Je pense notamment à celui de Sétif, Guelma et Kherrata, le 8 mai 1945. Entre 35000 et 40000 morts. Un massacre qui court du 8 mai à la fin août, début septembre, qui implique l’ensemble des forces armées (Terre, Air, Marine), plus des milices coloniales. Eu égard aux modalités de ce massacre, à ses mobiles, un certain nombre de contemporains aujourd’hui considèrent, en effet, qu’il s’agit de crime contre l’humanité.

 

- Dans l’interview, après ces propos forts, il tente: «La France a installé les droits de l’homme mais a oublié de les lire»

 

La suite ICI 

 

  1. La colonisation "crime contre l'humanité": pourquoi Macron a raison le 16.02.2017 Bruno Roger-Petit

 

Interrogations. Emmanuel Macron a juridiquement tort, mais a-t-il politiquement raison? Le pénal suffit-il à caractériser le moral? Une définition juridique, pour aussi parfaite qu’elle puisse être considérée suffit-elle à enfermer le politique, convoqué au chevet de l’histoire? Évoquant ce que fut la colonisation française en Algérie (ce qui vaut pour tant de terres où elle sévit) Emmanuel Macron a parlé de crime contre l’humanité. En droit, c’est discutable, mais au regard de la morale de l’histoire, qu’en est-il?

 

Relisons Bel ami, ces pages d’introduction où Maupassant campe le personnage de Georges Duroy, déambulant dans Paris en quête de destin: "Et il se rappelait ses deux années d’Afrique, la façon dont il rançonnait les Arabes dans les petits postes du Sud. Et un sourire cruel et gai passa sur ses lèvres au souvenir d’une escapade qui avait coûté la vie à trois hommes de la tribu des Ouled-Alane et qui leur avait valu, à ses camarades et à lui, vingt poules, deux moutons et de l’or, et de quoi rire pendant six mois. On n’avait jamais trouvé les coupables, qu’on n’avait guère cherché d’ailleurs, l’Arabe étant un peu considéré comme la proie naturelle du soldat".

 

« L'Arabe étant un peu considéré comme la proie naturelle du soldat ». Maupassant livre une anecdote. Que l’on devine vraie. Que l’on sait ordinaire, dans le sens où elle est répétée à l’infini depuis que la France s’est emparée de l’Algérie. Et que cela va encore durer soixante-dix ans. Comment dire mieux la colonisation française, sa violence et son injustice? Comment ne pas comprendre les traces laissées dans la conscience d’un peuple? Comment nier l’indélébile empreinte mémorielle?

 

« Anonyme ou pas, l’ordure provient toujours de l’extrême droite »

 

La suite ICI 

 

  1. « Certaines pages de l’Histoire de la colonisation sont de l’ordre du crime contre l’humanité » La Croix

 

Après les déclarations d’Emmanuel Macron sur la colonisation, Pascal Blanchard, historien, chercheur au laboratoire communication et politique du CNRS*, et spécialiste du fait colonial, revient sur les enjeux qui entourent cette question historique.

 

- La Croix : La colonisation peut-elle être considérée comme un crime contre l’humanité ?

 

Pascal Blanchard : La colonisation en soi n’est pas juridiquement un « crime contre l’humanité », ce n’est pas le même phénomène que l’esclavage. Même si les textes internationaux énoncent que « les crimes contre l’humanité doivent être commis par une puissance étatique qui pratique une politique d’hégémonie idéologique ». Par contre, certaines pages de l’Histoire de la colonisation, comme la conquête de l’Algérie, de 1830 à 1842, celle de l’Indochine, ou encore la grande révolte et sa répression en Nouvelle-Calédonie en 1878 et la guerre au Cameroun dans les années 1950, ont été de l’ordre de l’inacceptable, et donc du crime contre l’humanité au regard des « faits ». Y compris au regard du droit français, depuis la loi du 26 décembre 1964 où la notion de crime contre l’humanité fait son apparition dans le code pénal.

 

On est dans un pays paradoxal avec 12 744 musées, mais il n’y en a aucun qui traite, parle ou appréhende l’Histoire coloniale. Quand l’Histoire ne peut pas rentrer au musée, c’est qu’elle est encore brûlante, manipulée aussi ou qu’elle n’a pas trouvé le temps de l’apaisement des mémoires. Elle reste donc dans le champ du politique, des manipulations de l’histoire et des mémoires en conflit.

 

La suite ICI 

 

  1. POINT DE VUE

 

« Oui, la colonisation est un crime contre l’humanité » par Hamidou Anne (chroniqueur Le Monde Afrique, Dakar)

 

Qu’Emmanuel Macron provoque une polémique en affirmant, lors d’une visite à Alger, que la colonisation est un crime contre l’humanité témoigne d’un profond malaise français sur le sujet. Mais en dépit des éructations de certains, le bilan est sans appel : oui, la colonisation est un crime contre toute l’humanité, dont le résultat fut d’imposer la domination de la barbarie contre la civilisation.

 

Les peuples d’Afrique ont vécu une terrible violence du fait colonial avec des morts, des expropriations, des privations de liberté et surtout une négation profonde de la dignité humaine par la domination politique, économique et culturelle. Les chiffres de cette période sont éloquents d’horreur. Pour procéder plus facilement au pillage systématique des ressources du continent africain, les colons ont soumis des populations civiles aux travaux forcés avec à la clé des milliers de victimes. Par exemple, l’historien Antoine Madounou établit un bilan entre 15 000 et 30 000 personnes mortes sur le chantier du chemin de fer qui devait relier Pointe-Noire à Brazzaville, au Congo.

 

Des morts, il y en a eu aussi à chaque fois que les populations ont tenté de se libérer du joug colonial. A Madagascar, en mars 1947, l’armée coloniale française a massacré les populations malgaches, avec un bilan compris entre 20 000 et 100 000 morts, selon les sources. Ou encore en Algérie où la révolte partie de Sétif le 8 mai 1945 fut matée dans le sang, laissant près de 45 000 victimes selon les nationalistes algériens.

 

Une barbarie intolérable

 

Sans oublier les tirailleurs sénégalais tués à Thiaroye en 1944 ou encore le sombre épisode du Cameroun, avec une répression des populations qui s’étaient soulevées à l’appel des militants de l’Union des populations du Cameroun (UPC) dans les années 1950 et 1960. Là, on oscille entre 60 000 et 120 000 victimes. La puissance coloniale a aussi assassiné les charismatiques dirigeants indépendantistes camerounais Um Nyobe et Moumié.

 

Les blessures que la colonisation a infligées à l’Afrique sont douloureuses et rendent tellement pitoyables les évocations de routes et d’hôpitaux censés extirper des aspects positifs d’une horreur. Je partage l’avis de l’historienne Sylvie Thénault qui juge « indécent » de mettre sur une même balance, d’un côté, les massacres, exécutions sommaires et tortures, et, de l’autre, des routes jugées comme un bilan positif d’un asservissement abominable des peuples d’Afrique. A ceux qui, souvent issus des rangs de l’extrême droite française, trouvent des vertus à la colonisation, Césaire avait anticipé la réponse, dès 1955, avec son monumental Discours sur le colonialisme (Présence africaine, 1955). D’ailleurs, en ces temps de polémiques et de libération de la parole raciste en France, les hommes politiques de ce pays devraient tous lire ce texte intemporel.

 

Aimé Césaire disait donc : « On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de chemin de fer. Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse. Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. » La colonisation, comme le soulignait le même Césaire est une « négation de la civilisation ». En cela, elle est un crime, une barbarie intolérable.

 

Sur le sujet de la colonisation, jamais un homme politique français sous la Ve République n’est allé aussi loin, et c’est à saluer, indépendamment des motivations électorales du candidat Macron. Mais il convient de souligner que sa déclaration gêne beaucoup de gens en France, de la gauche à la droite du spectre politique du pays. Officiellement, le Parti socialiste, dans sa récente histoire, a toujours fait la politique de l’autruche sur ce sujet, refusant de l’affronter en face. Quant à la droite, elle fait preuve d’une crispation identitaire très forte. C’est d’ailleurs l’un de ses principaux candidats à la présidentielle, François Fillon, qui a récemment considéré la colonisation française comme un « partage de culture » à d’autres peuples. A ce niveau, il s’agit au mieux d’une méconnaissance de l’histoire, au pire d’un révisionnisme abject.

 

Un pan peu glorieux de son histoire

 

Je n’attends pas de la France une repentance, ni une réparation financière, mais une reconnaissance de faits têtus et un exercice de dignité en faisant face à un pan peu glorieux de son histoire. N’en déplaise à ceux qui critiquent la position de M. Macron, l’histoire de la « patrie des droits de l’homme », c’est aussi une sombre période de meurtres et de négation de la simple dignité humaine. Affronter le bilan de la colonisation – ce moment d’« ensauvagement » du continent européen, selon Césaire – requiert du courage mais nullement une fierté mal placée.

 

De notre part, il ne s’agit pas d’expliquer tous nos maux par le seul fait de la colonisation, loin de là, mais de reconnaître qu’elle constitue une cause importante du retard de l’Afrique. Nous sommes encore dans ce que l’économiste Felwine Sarr appelle dans son essai Afrotopia « l’hystérèse », ce moment post-traumatique (esclavage, colonisation, néocolonialisme) que vit l’Afrique, et dont elle doit se sortir enfin pour affronter son destin.

 

Notre génération n’a pas connu ce douloureux épisode et tente de nouer d’autres rapports avec l’Europe en empruntant un tournant dé-colonial. Nous offrons ainsi au Vieux Continent une chance d’affronter son histoire et enfin, ensemble, de tourner la page.

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