Je ne suis ni désabusé, ni même étonné, ainsi va le monde, ainsi sont les hommes, le XXe siècle, dans sa première moitié nous a « gratifié » de la boucherie de 14-18, de la shoah, d’Hiroshima et Nagasaki, pour ensuite cantonner les conflits dans certaines zones du monde, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, l’Irlande du Nord, l’Afghanistan, le Proche-Orient, les Balkans, l’Angola… Dans notre réduit de l’Union Européenne nous nous sentions protégé tout d’abord, au temps du rideau de fer, par le bouclier nucléaire, le nôtre et celui de l’Otan, puis lorsque le mur s’ébrécha le grand vent de la liberté, des droits de l’Homme semblait balayer définitivement sur notre continent les dictatures.
Réveil difficile, la peur de l’autre revient en force, à nos portes des « hordes » se pressent, se bousculent, nous bousculent, des fous de Dieu sont prêt à s’immoler partout pour aviver nos peurs, attiser les rejets. Monte le repli sur soi, le populisme ravageur, les murs de la honte, les démagogues qui comme Trump s’emparent du pouvoir et semblent vouloir tenir leurs promesses. Chez nous, la vieille classe politique nécrosée, s’effrite, se délite, ouvrant un boulevard aux craintes, parfois justifiées en ce qui concerne les ravages de la mondialisation, à la vindicte du petit peuple qui se sent oublié, rejeté.
Que dire ? Que faire ?
Assumer ses propres responsabilités dans l’état de délabrement de notre paysage politique, cesser de tout attendre du pouvoir, le reprendre au plus près de chez soi en des actes citoyens, n’être ni naïf, ni prisonnier de ses peurs. En dépit des fractures, des inégalités qui se sont creusées, nous restons un pays où il fait encore bon vivre, où il est encore et toujours possible d’envisager l’avenir sans craindre pour l’avenir de ses enfants. D’ailleurs, les jeunes français continuent de faire des enfants et estiment dans la sphère privée être heureux. Alors pourquoi tant de pessimisme, d’aquoibonisme, face à la chose publique dévoyée ? Nos élus sont les reflets de nos contradictions, de notre incapacité à les assumer, à choisir. Il n’est pas interdit de rêver, mais la cause politique n’est en rien le support des rêves, c’est le réceptacle d’ambitions individuelles qui rejoignent de moins en moins la gestion désintéressée du bien public. Se dévouer, servir la chose publique, aujourd’hui ça prête à rire. Chacun pour sa peau, le changement, la réforme c’est toujours pour les autres.
Revenons à notre fichu monde :
Dimanche dernier, un jeune Gambien assis sur les marches de la gare Sainte Lucie à Venise s'est levé pour se diriger vers le Grand Canal. Il est monté sur un ponton en bois, avant de sauter dans l'eau glacée, rapporte le Corriere del Veneto. Il s’agissait de Pateh Sabally, un jeune homme de 22 ans, originaire de Gambie, qui bénéficiait depuis deux ans d’un titre de réfugié, qui s’est jeté dans le Grand Canal de Venise le dimanche 22 janvier, probablement dans le but de se suicider. Il s’est noyé sous les regards des passants et des voyageurs d’un bateau de transport en commun, sans que personne ne tente de le sauver.
Plusieurs vidéos montrant la noyade du jeune homme devant des centaines de personnes, indifférentes à son sort, ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant la polémique. On y voit un homme qui tente difficilement de garder la tête hors de l’eau alors que plusieurs personnes assistant au drame sortent leur téléphone pour filmer.
Alors qu’il se noyait, plusieurs personnes l’ont insulté depuis les bateaux : « C’est une merde », « Allez, rentre chez toi », « Laissez-le mourir ! », « Il est stupide, il veut mourir ». Dans une autre vidéo, on entend les touristes discuter : alors que certains veulent aller à l’eau, d’autres les en empêchent, estimant que c’est trop dangereux.
Sur l’une des vidéos, on entend un homme crier en italien « Afrique ! Afrique », puis « Lancez-lui des gilets de sauvetage ». Trois bouées sont alors lancées à l’eau mais le Gambien ne les attrapera jamais.
Le directeur local de la Société nationale de sauvetage a expliqué au journal Corriere del Veneto qu’un maître-nageur était sur le point de sauter mais qu’il avait été «distrait par une femme qui criait depuis le bateau que le jeune homme faisait semblant. Le temps de vérifier, il avait disparu».
«Quelle disgrâce de penser que cet homme n'est pas mort dans un naufrage en mer, mais dans un canal face à des centaines de personnes», a réagi l'ancienne présidente de la province de Venise, Francesca Zaccariotto.
Mikhail Gorbachev: 'It All Looks as if the World Is Preparing for War'
Jan 26, 2017
“The world today is overwhelmed with problems. Policymakers seem to be confused and at a loss.
But no problem is more urgent today than the militarization of politics and the new arms race. Stopping and reversing this ruinous race must be our top priority.
The current situation is too dangerous.
More troops, tanks and armored personnel carriers are being brought to Europe. NATO and Russian forces and weapons that used to be deployed at a distance are now placed closer to each other, as if to shoot point-blank.”
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J’ai acheté Jean-Edern Hallier, l'idiot insaisissable, Jean-Claude Lamy, Albin Michel, 600 p., 26 euros.
« Laissons à Jean-Claude Lamy le dernier mot : "Une extrême intelligence, des dons exceptionnels, le courage du pamphlétaire, un sentiment d'intense solitude n'auront pas suffi à en faire ce grand écrivain que Jean-Edern Hallier a lui-même détruit par désespoir et narcissisme. »
La chronique livres de Bernard Pivot
« Dans Jean-Edern Hallier, l'idiot insaisissable, son biographe, Jean-Claude Lamy, qui, comme tous les journalistes littéraires des années 1960 à 1990, a bien connu le "Breton mégalo", le "Celte borgne", le cite abondamment. Et c'est l'un des plaisirs de ce livre. Retrouver la verve satirique, le style assassin, les méchantes formules, l'humour ravageur d'un écrivain taillé pour le pamphlet. François Mitterrand, très admiratif, le tenait pour un nouveau Chateaubriand. De son grand style, en effet, il s'inspirait dans ses premiers livres, Le Grand Écrivain, La Cause des peuples… Il avait aussi le génie des titres : Le premier qui dort réveille l'autre, Chaque matin qui se lève est une leçon de courage, L'Évangile du fou… Mais, poivre et Celte, il avait surtout le don d'assaisonner. De fulminer, de brocarder, de blesser, jusqu'à l'odieux, l'insupportable. François Mitterrand s'est trompé : Hallier n'était pas un académique Chateaubriand, c'était un dangereux Paul-Louis Courier. De son élection à l'Élysée jusqu'à sa mort, il eut à supporter l'irrévérence, la causticité, le chantage d'un loustic pervers, bien informé, qui connaissait la partie cachée de la vie du président (Anne Pingeot, Mazarine) et qui entendait en faire la révélation aux Français dans L'Honneur perdu de François Mitterrand. »
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Dans mon petit roman du dimanche, le 7 septembre 2008, j’avais écrit :
Anna, l’épouse d’Edern, nous reçut avec beaucoup de gentillesse. Italienne comme Chloé, riche héritière, elle se mouvait dans cette étrange assemblée avec un détachement amusé. Elle complimenta Chloé pour sa tenue et s’attira cette répartie : « Chère Anna, il me voit belle, il me veut belle, alors il me fait belle, il est exceptionnel mon beau légionnaire… » Avec mon Perfecto et mon jeans je faisais un peu tache à côté d’Edern qui lui arborait ce soir-là une chemise blanche à jabot très Mick Jaeger sous une veste en soie jaune canari, mais ça excitait plutôt la concupiscence d’un cheptel féminin tendance Simone de Beauvoir non révisée, bandeau et morgue incorporée.
Le champagne coulait à flot et c’est la première fois de ma vie où j’ai mangé du caviar. Jean Edern proclamait à la cantonade que nous pouvions nous goinfrer sans remord puisque les fameux œufs d’esturgeon lui avaient été offert par un hiérarque du PC à son retour de vacances dans une datcha des bords de la Mer Noire. Avec son intonation si caractéristique et son rire nasillard le grand escogriffe vilipendait les petits maquignons du Bureau Politique qui allaient faire bronzer le gros cul de leur bobonne aux frais des cacochymes du Kremlin et qui en profitait pour se faire sucer le membre pendant la sieste par des jeunes beautés slaves. « Des porcs ! » La cour riait. La cour l’entourait. La cour se bâfrait. Moi je commençais à m’ennuyer. Tout ce champagne me donnais envie de pisser. Un larbin m’indiquait que c’était au premier. Je me paumais. Poussais des portes. M’esclaffait soudain : à quatre pattes sur un tapis de la Savonnerie une quadragénaire, cul à l’air, se faisait tringler par un gros type futal sur les chaussettes. La représentante du « deuxième sexe » approchait de l’extase et le proclamait d’une voix haletante. Le gros boutait ce qui donnait à ses fesses poilues des ressauts ignobles. « T’inquiète pas ma grosse vache quand ça va gicler t’en auras pour ton taf ! J’chui même capable d’en garder un litre pour t’en mettre aussi plein la rondelle… » La voix de l’ignoble Gustave, et surtout son putain d’accent, ne me laissait aucun doute sur l’identité de l’usineur de celle qui se révéla être par la suite une ardente militante du droit des femmes à disposer de leur corps. »
Le manège continue :
Un second tour Le Pen-Macron à la présidentielle, le scénario se précise par Gérard Leclerc (le frère de Julien).
« Marine Le Pen, l'assure dans La voix du Nord: c'est Emmanuel Macron qu'elle affrontera au second tour de la Présidentielle, dans un duel "entre patriotes et mondialistes".
Au-delà des fanfaronnades habituelles du Front national et de l'escroquerie des tenants de l'anti-système dont ils sont tous les deux des dignes représentants – une héritière et un énarque – la prédiction, encore abracadabrantesque il y a quelques mois pourrait bien devenir réalité tant les représentants des partis de gouvernement s'échinent à se saborder.
A droite, François Fillon s'est brillamment fait élire en développant un programme qui allait droit au cœur de la "vraie" droite: libérale sinon revancharde en économie, conservatrice voire réactionnaire sur les questions sociétales, autoritaire sur le régalien. Pourquoi pas... Sinon que cette droite bourgeoise n'est pas la seule à voter à la présidentielle, et qu'elle n'est pas majoritaire en France.
Et là-dessus tombe l'affaire Pénélope. Et notre incrédulité: comment une fois encore une telle mésaventure peut-elle surprendre un politique qui brigue la plus haute fonction? François Fillon crie son dégoût et assure avec panache qu'il défendra, qu'il aime et qu'il protègera son épouse. Il peut faire valoir que rien n'interdit à un parlementaire de faire travailler sa femme comme collaboratrice, ce qui est impossible au Parlement européen ou au Bundestag. Plus d'une cinquantaine de députés le font, à commencer par le président de l'Assemblée Claude Bartolone. Encore faut-il prouver qu'elle a vraiment travaillé pour lui – elle-même semblait assurer le contraire! – et justifier d'un salaire payé par le contribuable beaucoup plus généreux que celui touché par les assistants parlementaires.
Et il reste le malaise face à un candidat héraut de la rigueur et de la sobriété, qui veut supprimer 500.000 fonctionnaires, les faire travailler 39 heures par semaine et lutter contre l'assistanat...
Les meilleurs arguments n'empêcheront pas les humoristes d'en faire des gorges chaudes, et les politiques d'embrayer cruellement : "imagine-t-on le général de Gaulle employer tante Yvonne?" a tweeté méchamment François de Rugy, en référence aux propos de François Fillon sur les affaires de Nicolas Sarkozy.
Pour se savonner la planche et courir au suicide, la gauche fait aussi preuve de talents insoupçonnés. Jamais elle n'a été autant divisée, avec l'objectif affiché des deux francs-tireurs Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron de tuer le parti socialiste. Mais celui-ci y apporte pleinement sa contribution, en sélectionnant pour le second tour de sa primaire deux caricatures de candidats : Benoit Hamon qui a le mérite de soulever des thématiques d'avenir – révolution numérique, nouveaux emplois, transition énergétique – mais en y apportant des réponses illusoires ou dangereuses: revenu universel non financé, déficits, dettes... Et de l'autre côté Manuel Valls qui défend la culture de gouvernement mais qui, victime de "la malédiction Matignon", n'a pas l'ombre d'une idée nouvelle, sinon le rétablissement de la défiscalisation sarkozyste des heures supplémentaires, qui coûte cher à l'état et joue contre l'emploi...
Et voilà comment Emmanuel Macron, qui a au moins pour lui d'être nouveau dans le paysage, d'assumer l'Europe, les entreprises, la mondialisation, et qui peut se prévaloir de quelques actions concrètes (les cars qui roulent, les magasins qui ouvrent le dimanche) peut se retrouver face à une Marine Le Pen qui se vante, à juste titre, d'avoir son "socle électoral solide et fidèle".
Le Pen-Macron le scénario paraissait invraisemblable il y a peu... Oui, comme le Brexit ou l'élection de Trump ! »
Décret sur décret... l'étourdissante première semaine de Donald Trump à la Maison-Blanche
« Obamacare", environnement, avortement… depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump signe frénétiquement "executive order" sur "executive order" (l'équivalent du décret présidentiel en France). Désireux de marquer la rupture, il a d’abord symboliquement expédié les rideaux ocres du Bureau ovale pour les remplacer par d’autres, d’un or criard. Puis il a commencé sourire aux lèvres, à détricoter sous l’œil des caméras, plusieurs mesures clé de l’ère Obama.
Mais derrière les effets d'annonce et son slogan-punchline phare "Repeal and Replace" -"abroger et remplacer"-, certains garde-fous demeurent. Quels effets concrets vont avoir ces décrets chocs ? L'Obamacare peut-il réellement être abrogé ? Le mur entre les Etats-Unis et le Mexique verra-t-il vraiment le jour? Jour après jour, retour sur l'étourdissante première semaine de Donald Trump à la Maison-Blanche. »
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