« … c’est agréable de se balader à Rome en mars. C’est comme quand, petit, on attend un cadeau. On sait qu’il va arriver, et ces minutes d’attente sont les plus belles. On est couvert mais on sent dans ses os que tout va changer. Que le printemps arrive. Ensuite on se tourne et on s’aperçoit que les femmes l’ont déjà perçu. Le printemps. Elles le savent bien avant nous. Un beau jour on se réveille, on sort de chez soi et on les voit. Partout. On chope un torticolis, à force de les regarder. On ne comprend pas où elles étaient, avant. Elles sont comme les papillons. Elles sortent de leur léthargie et explosent d’un coup, à nous faire tourner la tête. Au printemps tous les schémas sautent. Il n’y a plus de maigres, de grosses, de sensuelles ni de belles. À Rome, au printemps il faut juste observer le spectacle en silence. Profiter. On s’assoit sur un banc et on les regarde passer en remerciant Dieu de nous avoir fait hommes. Tu sais pourquoi ? Parce que, nous, on n’arrivera jamais à ce niveau de beauté, et en vieillissant on n’a plus rien à perdre. Mais elles si. Un jour ces couleurs s’éteindront, s’évaporeront, comme le ciel de cette putain de ville, qu’on ne voit jamais. C’est terrible la vieillesse. La vieillesse, c’est la vengeance des moches. C’est un vernis qui tue toute la beauté et anéantit les différences. Et sur notre banc, quand on les regarde, on pense qu’un jour ces créatures ne se reconnaîtront plus dans le miroir. Tu sais quoi, Italo ? Les femmes ne devraient jamais vieillir. »
Antonio Manzini.
Le printemps je le guette sous la calotte des nuages, dès que le ciel redevient bleu de blanc le pâle soleil d’hiver me donne envie d’aimer. Et pourquoi pas, elle, sortie de nulle part ?
Ce matin-là il prit sa canne à pommeau et son chapeau et, avant de monter sur son fier destrier il mit ses pinces à vélo, et au petit trot, sa brassée de fleurs des champs en mains il fila jusque sous le balcon de la belle. Qu'allait-il faire à l'aurore sur l'autre rive ?
Rideau, vous n’en saurez pas plus, bande de voyeurs !
Et si j’écrivais : Chronique d’une mort annoncée : celle du PS de l’enfant de Jarnac.
Je n’en ai pas le courage, et puis faut-il tirer sur l’ambulance de cette primaire, bal des faux-culs, des seconds couteaux ?
Claude Askolovitch, le pote de la bande à Montebourg, Peillon, Hamon au temps de leurs amours déçus, s’en charge dans Comment se dire adieu aux éditions JC Lattès.
« La mort fut l’exactitude du quinquennat de François Hollande, son excuse et son répit. Sans le terrorisme, il ne serait rien resté de cette présidence, sinon un glissement vers la vérité du socialisme : n’être qu’une droite civilisée. Les suppliciés de Daech ont distrait le pouvoir de son indécence. Devant leurs cercueils, François Hollande s’inventa un discours, un instant fondateur, une raison d’être.
Le socialisme est devenu ceci : une adhésion salvatrice à la raison d’Etat, une adéquation avec les forces armées, une détestation des contestations, un assentiment aux banalités gestionnaires, un ralliement à l’identitarisme ambiant, tout ceci habillé et masqué de commémorations, emphases et ritournelles.
Ces hommes ne sont pas détestables. Ils font de leur moins mal. Aux prises avec un pays que d’autres poussent vers un fascisme ronronnant, les socialistes louvoient, arrangent, préservent, compromettent, et attendent de l’adversaire qu’il soit pire, pour jouir un peu plus longtemps de la morale et des palais.
L’auteur les aime, comme on aime ses semblables, et ce livre est un arrachement à lui-même. Tout ce qu’on racontait, jadis, sur les lendemains qui chantent étaient une plaisanterie saumâtre. Ce livre n’est pas d’anecdotes. Il n’y a rien à révéler. Tout est là. C’est arrivé. Ça nous est arrivé. »
L’homme écrit bien mais il se grise au seul son de ses outrances, celle d’une gauche fantasmée, celle qui ne sait gouverner, qui n’aimait rien tant que le bon temps d’opposant où l’on pouvait s’incruster dans des bastions électoraux régionaux, fabriquer des élus à la chaîne comme des saucisses, cumuler les mandats, arrondir ses fins mois, le PS quoi !
Notre maire de Paris, Anne Hidalgo, en est le plus bel exemple. Nichée sous les ailes de Bertrand Delanoë, vieil apparatchik jospinien, elle a fait son nid, prospéré. La voilà qui distribue les bons et les mauvais points à ses petits copains qui ont gouverné sous Ayrault et Valls. Elle soutient dans le barnum de la Primaire Vincent Peillon qui se veut l’héritier de Hollande alors qu’elle-même fait de celui-ci le syndic de la faillite de la Gauche. De grâce madame notre maire occupez-vous des ornières de la chaussée de Paris, de sa propreté, de ses transports indigents… votre étoile nationale nous nous en tamponnons le coquillard. Y’en a marre de vous et de vos petits marquis d’une fausse union de la Gauche rabibochée pour le 2d tour.
Que Macron vous énerve, qu’il soit l’homme qui rend fous les socialistes, j’en conviens mais à qui la faute ? Où sont les responsables ?
Dans le Monde du 9 janvier Françoise Fressoz analyse le phénomène :
« Ironie du calendrier, on n’a jamais autant parlé du bilan de la loi Macron qu’en ces temps de primaire socialiste. Le travail du dimanche ? Au terme d’un an et demi de rudes négociations, les grands magasins parisiens vont ouvrir tous les dimanches de l’année. Des contreparties en termes d’emplois, de salaires et de conditions de travail ont été trouvées qui ont singulièrement fait baisser le volume sonore des opposants à cette extension.
La carte professionnelle des salariés du bâtiment et des travaux publics ? Un premier spécimen a été remis, la semaine dernière, à un salarié de la société bretonne de maçonnerie Moullec par le premier ministre, Bernard Cazeneuve, et la ministre du travail, Myriam El Khomri. Le titre, sécurisé, va être généralisé à partir du mois de février pour lutter contre le travail illégal et les abus du travail détaché. C’est la loi Macron de 2015 qui l’a rendu obligatoire en prévoyant son extension aux intérimaires et aux travailleurs détachés d’entreprises étrangères.
La libéralisation du marché des autocars ? « 17 % des utilisateurs n’auraient pu voyager autrement », affirme l’Arafer, le régulateur du rail et de la route, dans un premier bilan publié vendredi 6 janvier.
Antisocial, l’ancien ministre de l’économie ? A l’intérieur comme hors du gouvernement, Emmanuel Macron est l’homme qui rend fous les socialistes. Accusé d’hérésie libérale lorsqu’il était à Bercy, il continue de les défier et s’ingénie à perturber leur primaire, convaincu qu’une « vague monte » dans le pays qui le portera jusqu’à l’Elysée.
Concurrence obsédante
Le 7 janvier, le fondateur d’En Marche ! était à Nevers, sur les terres de Pierre Bérégovoy. Cette semaine, il sera à Lille sur celles de Martine Aubry, qui furent aussi celles de Pierre Mauroy. A chaque déplacement, l’ancien banquier d’affaires creuse son sillon libéral. Il revendique la politique de l’offre, s’engage, au nom de la promotion du travail, à accorder de nouveaux allégements de charges aux entreprises et s’interdit de taxer davantage les riches qui, sinon, seraient tentés de quitter le territoire.
Mais il n’oublie pas le social. Après avoir promis un gain de pouvoir d’achat à la grande majorité des salariés, il double Marisol Touraine sur le front de la Sécurité sociale en promettant le remboursement à 100 % des lunettes et prothèses auditives à l’horizon 2022. Jusqu’à présent, personne n’avait osé.
Comment faire avec un pareil trublion ? En 2015, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, avait cru lui régler son compte en le déclarant indigne d’appartenir à la famille socialiste. Un an et demi plus tard, le même sommait, en vain, le franc-tireur de participer à la primaire de la gauche au motif qu’il n’avait « aucun potentiel important » pour faire gagner la gauche en 2017.
Aujourd’hui, Emmanuel Macron a atteint un tel potentiel que le premier ministre, en personne, est obligé de sortir de sa réserve pour lui faire la leçon. C’est ainsi que dimanche 8 janvier, depuis Jarnac (Charente), Bernard Cazeneuve a invoqué les mânes mitterrandiens pour condamner la « confondante immaturité » d’Emmanuel Macron, perdu dans « un ailleurs improbable ».
Pour tenter d’étouffer l’égaré, le chef du gouvernement a défendu la pertinence du clivage gauche-droite auquel François Mitterrand, l’homme qui avait fait gagner son camp en 1981, croyait dur comme fer.
Pour un premier ministre qui ne devait pas prendre parti dans la campagne de la primaire, cela ressemble fort à une opération sauvetage de Manuel Valls qui devrait, en principe, être le favori de la gauche gouvernementale et ne l’est pas à cause de la concurrence obsédante de son ancien ministre. Emmanuel Macron fonctionne en parallèle du PS avec la profonde conviction que le clivage gauche-droite est révolu. Comment dès lors le ramener au bercail ? »
Face à cette urticaire, la madone de la bravitude, la Ségolène des casseroles de la Charentitude, cultive l’ambiguïté chère au François enterré à Jarnac. Elizabeth Guigou, un des derniers avatars de Jospinerie en appelle déjà à l’union du gagnant de la Primaire avec le renégat. Et pendant ce temps-là dans son Palais, l’autre François, le tout rond, évoque avec une gourmandise carnassière le beau score, 5%, de Gaston Deferre, l’ex-Monsieur X.
La gente journalistique s’ébroue, cherche à se refaire une virginité après son flop Fillon, voit en Hamon un nouveau Fillon, surjoue Mélanchon et Macron.
EXCLUSIF - Selon notre sondage Kantar Sofres OnePoint, l'ancien premier ministre serait battu au second tour face à Arnaud Montebourg et arriverait à égalité en cas de duel contre Benoît Hamon.
Un tournant de la campagne? Une sérieuse alerte en tout cas pour Manuel Valls. Car selon notre sondage Kantar Sofres OnePoint pour RTL, Le Figaro et LCI, si l'ex-premier ministre est bien en tête au premier tour de la primaire de la gauche avec 36 % des voix contre 23 % pour Arnaud Montebourg et 21 % pour Benoît Hamon, il est désormais donné perdant au second tour face à Arnaud Montebourg, à 47 % contre 53 %, et à égalité parfaite en cas de duel avec Benoît Hamon. Ce sondage est à analyser avec prudence tant il est délicat d'anticiper ce que sera la participation au scrutin organisé les dimanches 22 et 29 janvier par le PS et ses alliés. La mobilisation sera en effet décisive. Moins il y aura de votants, plus ces derniers seraient légitimistes, donc plutôt des soutiens à l'action du chef de l'État sortant et de ses représentants, Manuel Valls en tête… Kantar Sofres table sur une participation assez large qui pourrait tourner autour de 2,6 millions d'électeurs. Selon l'institut, une participation restreinte serait limitée à 1,3 million de personnes.
Une bonne nouvelle aussi pour Emmanuel Macron
Ce sondage est en revanche une très bonne nouvelle pour Arnaud Montebourg. Le candidat du «made in France» conserve au premier tour une petite avance sur son rival de la gauche du PS, Benoît Hamon, malgré la dynamique dont bénéficie ce dernier depuis déjà plusieurs semaines. Cette étude, qui va dans le même sens qu'un sondage Ifop publié dimanche dans le JDD, est par ailleurs une nouvelle occasion de se réjouir pour Emmanuel Macron. L'ancien ministre de l'Économie mène sa propre campagne en dehors de la primaire et rêve de voir se porter sur son nom des pans entiers de l'aile droite du PS. Il juge possible un ralliement de socialistes hostiles à l'idée de faire campagne en faveur d'un frondeur qui dénonce à longueur de meeting le bilan de François Hollande et du gouvernement…
Mais laissons-là la Présidentielle, elle sera là dans 100 jours !
Intéressons-nous au cas d’Alep grâce à une chronique de Jean-Claude Guillebaud :
Le courage d'Yves Calvi
Mi-décembre, l'ancien présentateur de "C dans l'air" désormais sur LCI a fait preuve de probité journalistique, qualité moins répandue qu'on ne le croit.
C’est un paradoxe : quand un journaliste pose un acte de courage, on en parle dix fois moins que quand un autre "dérape" (comme on dit maintenant). La chose vient d'arriver au détriment d'Yves Calvi qui reprend désormais sur LCI, sous le titre "24 Heures en questions" (du lundi au vendredi, à 18h10), une émission comparable à son ancien "C dans l'air" de France 5. De quel courage s'agit-il ? On pourrait tout aussi bien parler de probité journalistique, qualité moins répandue qu'on ne le croit. L'auteur de ces lignes a d'autant plus envie de saluer cette probité que, dans "TéléObs", il a plusieurs fois dénoncé le néolibéralisme subliminal qui ressurgissait dans l'ancien "C dans l'air" dès qu'il était question d'économie.
Cet acte de courage mérite donc d'être raconté. Tout commence le 15 décembre. L'émission est intitulée "Alep seule au monde". Dans sa présentation, Calvi reprend la rhétorique en usage sur le martyre de la ville, l'agonie de sa population au milieu des ruines et l'impuissance collective. Ses quatre invités sont les suivants : Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef adjointe à "la Croix", le général Vincent Desportes, ancien patron de l'Ecole supérieure de Guerre, Frédéric Pons, journaliste et professeur à Saint-Cyr, et Frédéric Pichon, auteur d'un livre remarqué sur la Syrie ("Syrie, pourquoi l'Occident s'est trompé", éditions du Rocher, 2014).
Dès les premiers échanges, les remarques de chacun des invités ont tout pour surprendre l'animateur tant elles prennent le contre-pied des "éléments de langage" en usage, à ce moment-là, dans les médias. On explique d'abord que ces bombardements, en effet effroyables, ne concernent pas "la ville d'Alep" mais seulement deux ou trois quartiers de l'est de la cité. Un invité précise même qu'ils correspondent à un ou deux arrondissements de Paris. Le reste de la ville - Alep-Ouest - n'est pas touché, et ses habitants se félicitent ouvertement de la reconquête annoncée des quartiers Est par l'armée syrienne. Isabelle de Gaulmyn, dont le journal a suivi de très près cette actualité, ajoute qu'il fut un temps où la tragédie était dans l'autre sens. L'Ouest - notamment les chrétiens - recevait les obus et les missiles tirés par la rébellion des quartiers Est, dont les djihadistes. A ce moment-là, ajoute-t-elle, l'opinion occidentale ne s'était guère émue. Le général Desportes enfonça le clou en ajoutant qu'aujourd'hui, l'émotion — compréhensible — suscitée par les bombardements des lointains quartiers Est concernait une population civile prise en otage par les djihadistes, ces derniers, pour une bonne part, étaient les mêmes que ceux que la France bombarde avec ses avions Rafale à Mossoul, en Irak. Très vite, on sentit Yves Calvi désarçonné par la convergence de ces témoignages qui, tous, illustraient une faillite de la diplomatie française (et des grands médias hexagonaux). Laquelle diplomatie était aussi confuse et changeante que celle de Vladimir Poutine fut déterminée et constante.
Au final, répondant à la question d'un téléspectateur, Vincent Desportes rappela que, dans l'Histoire, les sièges des grandes villes furent à la fois très longs et très meurtriers : Leningrad, Stalingrad, Sarajevo, Falloujah, etc. Après avoir argumenté pied à pied avec ses invités, Calvi ne dissimula plus son embarras. Il confessa même sa crainte d'avoir organisé une émission "révisionniste". Du coup, moins d'une semaine plus tard, le 21 décembre, Yves Calvi choisit de revenir sur le sujet d'Alep avec, cette fois, un seul invité : Eric Denécé, directeur du Centre français de Recherche sur le Renseignement (CF2R). Or, non seulement ce dernier confirma les analyses de l'émission précédente, mais il en rajouta sur les médias, en parlant d'une "énorme falsification de l'information", allant jusqu'à dire crûment : "On s'est fait rouler dans la farine avec Alep."
Il ajouta bien sûr que quand nos grands médias dénonçaient dix fois par jour les crimes commis en Syrie, ils étaient moins prolixes pour parler de ceux commis au Yémen par nos "amis" saoudiens, lesquels bombardent à l'aveugle la totalité du territoire et des villes yéménites.
Précision importante, capitale même. On a réécouté ces différents témoignages recueillis par Calvi au sujet d'Alep. A aucun moment il ne fut question de trouver des excuses à Bachar el-Assad ou de minimiser les crimes commis par son régime. Lequel restera - et reste, hélas - comme l'un des plus barbares qu'ait connu le Proche-Orient depuis le coup d'Etat de Hafez el-Assad (père de Bachar) en 1970. Soit quarante-six ans d'une tyrannie abjecte. Mais pour combattre une tyrannie, il faut s'interdire de mentir ou de truquer la vérité. Pour cette raison, merci et bravo, Yves Calvi !