C’est une bouteille à la mer, une bouteille de vin ancien, que je jette dans le flot ininterrompu de la Toile, en espérant que, sur le flamboyant paquebot de l’Académie des Vins Anciens, son pacha François Audouze, me déniche un flacon introuvable.
Je m’explique :
- je publie mardi dernier une chronique « Le menu de ma Communion solennelle le 5 juin 1960 à la Mothe-Achard »
- un lecteur attentif me pose la question à propos des vins accompagnant les mets de ce repas cérémoniel : l’Alrokan c’est quoi ?
- ignorant je me précipite sur la Toile et là c’est la diète, sauf qu’en fouinant je découvre ce texte de François Audouze :
Académie des vins anciens
mardi, 8 août 2006
Jean-Philippe Durand, invité à passer quelques jours dans notre maison du Sud, décide de prendre en mains le dîner de ce soir. Ma femme a dû regarnir la maison d’une tonne de nouveaux matériels sophistiqués pour mixer, mélanger, hacher, concasser. Entre deux séances de tennis, Jean-Philippe prépare ses sauces, hume les évolutions. La cuisine d’été est envahie d’assiettes diverses garnies d’ingrédients qui auront, à l’heure prévue, leur utilité. Mon gendre prépare le barbecue qu’il va faire fonctionner au petit bois, sans autre apport.
« Dans les grands dîners, j’aime toujours ajouter des vins inconnus. Plus inconnu que celui-là, je ne vois pas, car imaginez ce nom : Alrokan grand vin moelleux, Bordeaux 1964, Mr Bossetti à La Rochelle. La bouteille est belle, avec une étiquette sobre passe-partout. Le liquide est joliment doré d’un jaune discret. Le nez est calme. La bouche est prudente. Je ne m’attendais évidemment pas à trouver un goût d’Yquem. Mais sur un roquefort artisanal, le vin s’ébroue avec intelligence, et sur une poêlée de mangues au gingembre, le vin devient charmant. Mission accomplie. »
Rien d’autre !
C’est frustrant, pas de photo, et bien sûr pas de possibilité de trouver un flacon de cet Alrokan qui manifestement n’est plus sur le marché.
Après une nuit de réflexion je me suis dit : puisqu’en 1960, vu ton âge : 12 ans, tu n’as pu goûter cet Alrokan, alors si tu veux tremper tes lèvres dans ce nectar il ne te reste plus qu’une seule solution, te tourner vers le sieur Audouze afin qu’il te le déniche.
Comme je me doute bien que, chaque matin, Françoise Audouze, avant son petit déjeuner, ne se précipite pas sur son ordinateur pour « déguster » mes chroniques, c’est pour cela que je lance cette chronique sur la Toile.
Bien évidemment, si l’une ou l’autre de mes fidèles lecteurs peut me dénicher une bouteille d’Alrokan grand vin moelleux, Bordeaux… je suis preneur.
Merci par avance… à tous…