Aujourd’hui, 31 décembre, nous allons vivre les dernières heures du millésime 2016 et à midi pile l’enterrer en nous souhaitant une bonne année 2017. Sur Face de Bouc la tendance sera Happy New Year, ça fait plus chic… Les SMS vont enrichir les opérateurs.
J’avoue que j’ai toujours eu du mal avec ce moment de l’année, et cette année plus encore.
Sans jouer les rabat-joie je n’ai pas vraiment le cœur à faire la fête et banqueter avec confettis et serpentins.
Alors je me suis dit mon gars mets-toi dans la peau des gus payés à la ligne pour vanter un millésime de vin qui n’a pas très bonne mine.
Ça donne ça :
Chanter les louanges du millésime ça fait des années que nous nous échinons, qu’il vente, gèle ou pleuve, à faire de belles phrases qui donnent envie, à aligner des jolis mots qui vous plaisent, à élaborer du prêt-à-porter singeant le cousu-main, à vanter, à enjoliver, à coucher le tout, pour les seniors, sur du beau papier glacé, pour les adeptes de Face de Bouc sur notre Page, liker braves gens, pour Twitter on fait plus court, pour Instagram avec seelfies de nos belles vignes sans un brin d’herbe. Nous garantissons même l’utilisation des fautes d’orthographe, des expressions à la mode, des hashtags et autres émoticônes.
Comme nos collègues des autres comités interprofessionnels qui sévissent dans le monde du vin nous sommes, par notre cahier des charges, astreints à l’extraordinaire, à l’exceptionnel, aux superlatifs, en un mot comme en cent, à vous vendre un millésime à nul autre pareil.
Alors, de grâce, en ce début d’année, nous vous prions de ne pas nous enguirlander à propos de nos communiqués passés, nous vous implorons de ne pas nous demandez de battre notre coulpe parce que vous qualifiez les millésimes 2015 et 2016 de pourris, et que vous jugez que nous nous sommes trompés, que nous vous avons trompés.
Sachez, comme le disait le père Chirac, qui vous balancé une flopée de vœux à la Télé, que les promesses n’engagent que ceux qui les entendent.
Comprenez-nous, comme le notait avec pertinence un éminent dégustateur français qui enrage d’être si peu connu : « Certains vins sentent le vinaigre, certains écrits le nègre. »
Il va falloir une bonne fois pour toute que vous vous fourriez dans votre petite tête que nous vivons dans le temps des éléments de langage, du toc, du faux, de l’ersatz, des community-manager, du copié-collé, de l’insincérité, du foutage de gueule promu au rang de succédané à la propagande, et pire encore de la propagation de fausses nouvelles.
Je reprends la main pour vous dire que les seules balises qui surnagent dans cette médiocrité, qui sont les derniers à dire les choses sans fard, en quelques traits avec peu de mots, ce sont les dessinateurs de presse…
J’ai toujours été sensible à la force du dessin de presse mais j’ai découvert la jeune génération suite à l’horreur de Charlie-Hebdo.
Alors la fournée de disparus de 2016 qui mêle les deux générations : Gotlib, Chimulus, Hervé Baudry, Mix & Remix… m’a touché au cœur et je me sens orphelin comme je l’avais été à la disparition de Coluche et Desproges.
À l’année prochaine…