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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 06:00
J’en ai assez des mariages arrangés, je suis pour l’union libre entre la côte-rôtie et le rôti de veau…

Le dernier mariage arrangé qui m’est passé sous le nez consistait à trouver le bon conjoint aux poissons fumés. Exercice de haute voltige certes un peu moins compliqué que d’apparier une boulette d’Avesnes avec un GCC.

 

À l’approche des réveillons de fin d’année, les grands classiques ressortent des tiroirs : les incontournables comme disent les marieurs : le foie gras, les huîtres, la volaille…  C’est simple, les accordeurs ne prennent guère de risques puisque lorsque le mariage sera consommé ni la séparation de  corps, ni le divorce ne seront à l’ordre du jour.

 

Un chroniqueur notait à propos de cette profession qui fut remplacé par les agences matrimoniales puis par les sites de rencontres sur le Net :

 

« Tout concourt à faire de la marieuse un personnage ambivalent : elle vit de son commerce mais pour ce faire doit prendre grand soin à faire oublier cette dimension mercantile de son activité. De la même façon les rencontres qui se tiennent chez elles sont tendues d’ambiguïté. »

 

Celle-ci, l’ambiguïté, est bien évidemment la marque de fabrique des marieuses et marieurs modernes. Les accordailles permettent de faire de la promotion, parfois désintéressée, pour une appellation, un vigneron, un domaine, un château…

 

Lisez-moi bien, je ne jette point l’opprobre sur ces unions de circonstance, elles ne sont que la marque d’une époque où les conseilleurs, les qui bourdonnent autour, les qui patronnent les foires aux vins de la GD, s’évertuent à démontrer leur utilité.

 

Là encore ne prenez pas mon ironie à la lettre, demander conseil lorsque l’on se trouve à table au restaurant ou chez un caviste me va bien. Tout simplement parce c’est naturel et non une forme d’obligation au nom de ce qui se fait ou de ce qui ne se fait pas.

 

Ce qui me chagrine ce sont les figures imposées, l’impératif  du sachant, comme si mon marchand de cravate, au temps où j’en portais, m’avait déconseillé d’apparier une cravate à motifs avec une chemise à rayures ou que je devais nouer mes cravates club avec un col blanc sur une chemise bleu ciel.

 

Ce que je revendique c’est la liberté de choisir, de choisir de se faire conseiller ou  de choisir en fonction de son humeur, des convives, de l’air du temps. Le monde du vin, avec ses codes, ses initiés, son vocabulaire fleuri mais abscons, dresse des obstacles qui rebutent le commun des mortels.

 

Dans mon long parcours professionnel l’instant que je redoutais le plus au restaurant c’était le moment où les convives se tournaient vers moi en me confiant la carte des vins en affirmant « Toi qui t’y connais, choisis-nous la bonne boutanche ! » J’avais beau protester du fait que remuer les dossiers du vin auprès du Ministre de l’Agriculture ne faisait pas de moi une référence. Ils n’en démordaient pas et je suais sang et eau pour tenter de satisfaire la tablée.

 

L’irruption du vin au verre, en dépit de son coût prohibitif (un sommelier facétieux me confia un jour qu’il était la machine à cash de la maison), permet à chacun de prendre ses responsabilités quitte à demander conseil.

 

En effet, le conseil c’est au plus près et non le mariage arrangé sur papier glacé qui a pour moi la même valeur que l’horoscope du jour…

 

Le choix du vin qui va avec c’est au bonheur du jour, l’imagination, la transgression parfois, la paresse aussi de confier sa destinée à un sommelier ou un caviste avisé qui vous connaît, vous ressent. C’est aussi un excellent moyen d’engager la conversation avec des amis, de briser la glace avec une belle, d’expérimenter, de découvrir… en un mot la liberté d’emprunter soit un chemin de traverse ou un sentier bien balisé d’un GR ! On peut s’y perdre mais aussi le seul moyen de se donner de vraies émotions !

 

«Mme Subières développe, rue de Prony, son commerce de mariages. Elle y tient salon de littérature et d’art. C’est une façade honorable. Ceux qu’elle a attiré écoutent volontiers M.le docteur René Lierre accuser de pourriture la vieille société/ Sa voix coupante n’est pas sans émouvoir beaucoup Mrs Galdys Corry, de San Fransisco, une milliardaire tout à fait séduisante, qui peut tout acheter. Libre maintenant par un second divorce, elle rêve d’un mari, sous la direction souple, mais très efficace de Mme Subières qui a passé l’âge d’aimer elle-même et se passionne pour le bonheur d’autrui – en artiste – afin de mêler un peu d’idéal à son négoce.  »

 

La Marieuse, p. 158 Charles-Henry Hirsch, 1925.

 

Au hasard du fil Twitter : Quels vins avec un Bleu de Gex ? ICI

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commentaires

P
Pour ceux qui démarrent les conseils, certes un peu stéréotypés pour ceux qui ont déjà une bonne approche dans la connaissance " du monde du vin" peut être utile.Mais après, comme le souligne le Taulier, à chacun de faire ses gammes en se laissant guider par le moment, aidé par la folle du logis. Sans risque, inutile de penser faire des découvertes et d'en régaler, par la suite, proches et amis ! Pour pousser le bouchon un peu plus loin on peut essayer de sortir du strict monde du vin. Par exemple : Saumon fumé et Single malt des Isles type Talisker ou Laphrohaig - Huitres et Stout . Pour les fromages on peut les marier avec l'alcool régional : Epoisses et marc de bourgogne - livarot et calvados etc.etc. La question finale est mariage du Bleu de Gex. En sortant du cadre de l'épure on peut essayer le Macvin, vin de liqueur du Jura. La proposition faite dans l'article du Vin de Paille est assurément un mariage harmonieux mais pour ma part je préfère des mariages de contraste d'ou cette proposition. Le taux d'alcool du Macvin suave par ailleurs donnant un peu plus de piquant à la dégustation. Mais ce que j'en dit...
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