Comment parler d’Alep par-delà notre impuissance de citoyen et sans entrer dans les affrontements idéologiques qui ne sont que trop souvent le reflet de notre inhumanité et de notre confort.
Halap : le lait frais, nom sémitique, Alep représente le poste avancé des Sémites.
Dans sa plus ancienne histoire d’Alep le R.P Dhorme écrit en 1927 :
« Alep ! Il est peu de cités, dans tout le Proche-Orient, qui produise sur le voyageur une plus forte impression. Ses admirables bazars voûtés, où le passant circule à l’abri des pluies d’hiver et de l’ardent soleil d’été, ses khans somptueux, où s’amoncelle toute la Syrie, l’Anatolie, la Mésopotamie produisent de plus précieux ; ses places larges et bien aérées, où se coudoient les échantillons les plus purs de nomades et de citadins de toutes races ; autant d’attraits qui retiennent l’étranger et lui font apprécier, comme il convient, l’hospitalité légendaire des habitants. Ceux qui ont visité cette ville n’hésitent point à prendre à leur compte ce qu’écrivait, en 1848, Jules David dans l’Univers Pittoresque : « Contrairement à ce qui arrive d’ordinaire en Turquie, on n’éprouve aucun désenchantement en pénétrant dans Alep. »
La situation de la ville est l’une des raisons de sa prospérité et de son charme. C’est là que confluent les caravanes qui viennent de la Mer Noire ou de l’Euphrate. C’est là que le monde méditerranéen rencontre les avant-gardes de la Mésopotamie, de la Perse et des Indes, qui choisissent ce chemin pour éviter le désert syrien qui barre l’accès à Damas. Les eaux du Koweik permettent à une grande agglomération de cultiver la campagne aux alentours, cependant qu’un tell majestueux, surmonté encore d’une citadelle incomparable, pouvait servir d’acropole, surveiller la plaine environnante, défendre la cité contre les invasions. Pareil site interdit à ceux qui, de tous temps, l’occupent, d’être de ces peuples heureux qui n’ont pas d’histoires. Et, instinctivement nous nous demandons jusqu’où nous pouvons remonter, à travers les siècles, pour retrouver la cité d’Alep mêlée aux grands évènements du monde oriental ? »
Plus prosaïquement Alep c’est le savon d’Alep, qui depuis le VIIe-et VIIIe siècles, où les savonneries s’y développent. Il est à l’origine des premiers savons durs au monde. Son procédé de fabrication originel, fait appel aux produits locaux abondants dans cette région: l'huile d’olive et l'huile de baies de laurier. Le savon d’Alep est uniquement fait à base d’huile végétale.
La fabrication est restée artisanale: transmission du savoir-faire de la saponification de père en fils. La découpe artisanale et manuelle de ce savon, son mode de séchage en tours, à l’abri du soleil pendant 9 mois minimum en font un savon tout à fait authentique, aux contours irréguliers, mais respectueux de votre peau et de l’environnement. Suivant sa composition, son degré de séchage, et sa qualité, la couleur du savon peut varier du jaune très pâle au vert sombre.
Très doux, il peut être utilisé en toilette quotidienne aussi bien pour le corps que le visage et les cheveux. A 20% d’huile de baies de laurier et au-delà, ce savon pourrait être considéré comme un savon de soin, un savon traitant. Sa formule ancestrale, sa fabrication artisanale, l’évidence de ses composants d’origine locale et ses qualités propres d’utilisation ont fait l’histoire de ce savon.
Voici le mien :
Et si je savais prier, mais je ne le sais pas, je prierais leur Dieu, un singulier bien trop pluriel, mais je n’en reconnais aucun d’eux...