Je n’ai jamais mis les pieds en Espagne sous Franco, l’homme au garrot, ce lacet étrangleur, arme utilisée depuis l’Antiquité pour tuer par strangulation un adversaire, et utilisé jusqu'en 1974 dans l'Espagne franquiste pour exécuter un condamné à mort.
La dernière fut celle de Salvador Puig Antich, le 2 mars 1974. L’exécution fut rapide, et glaça l’opinion espagnole et étrangère. Le garrot est un instrument simple, composé d’une vis qui permet à deux morceaux de métal en forme de collier de se réunir. Suivant la vitesse que donne le bourreau, on est d’abord étouffé, puis les vertèbres cervicales sont brisées. Le terme juridique officiel était ” a garrote lento” en souvenir du temps où les juges faisaient durer le supplice.
Salvador Puig Antich est né à Barcelone le 20 mai 1947 dans une famille catalane de la classe moyenne. Le frère aîné est médecin, une soeur institutrice et une autre infirmière. Après des études religieuses, un début d’étude d’économie à Barcelone, et le service militaire comme infirmier, Salvador devient membre du MIL, passe dans la clandestinité, abat un sous-inspecteur de police, ce pourquoi il est condamné à mort en janvier 1974. Le 1 mars Franco confirma la peine, qui fut transmise aux avocats le soir et à Salvador à 21 h. Elle était exécutoire le 2 mars au matin.
« A l’aube, un curé ex-professeur de Salvador arriva (sans que personne de la famille ne l’ait appelé) Salvador l’accepta et ils parlèrent de connaissances mutuelles. A 7 h 30 – deux heures avant le garrotage – les sœurs durent s’en aller. « Les dernières heures furent terribles. Chaque fois que la porte de la cellule du condamné s’ouvrait, Salvador était pris aux tripes. Mais la grâce n’arriva pas. » A 9h 30, il fut conduit sur le lieu d’exécution. Il dit au juge « bien joué, mon gars » (majo, lo has conseguido), ce qui le foudroya. Quand il vit le garrot, il dit « même ça, c’est de la merde ! » Il refusa qu’on l’attache et qu’on lui mette une cagoule. Le bourreau avait dit que ce serait rapide, et en trois tours, il exécuta, sans bruit.
Depuis 1978, la famille a eu droit d’inscrire le nom de Salvador Puig Antich sur sa tombe à Barcelone.
Lorsque l’Allemagne et l’Italie en novembre 1936 firent savoir qu’elles reconnaissaient les Nationalistes comme étant le vrai gouvernement espagnol, Franco déclara que l’Allemagne d’Hitler, l’Italie de Mussolini, le Portugal de Salazar et l’Espagne nationalistes étaient les bastions de la culture, de la civilisation et du christianisme en Europe. « Cet instant – ajouta-t-il sur un ton dithyrambique inhabituel de sa part – marque le point culminant de l’histoire du monde. »
La France rance d’aujourd’hui est sans conteste l’héritière de cet état d’esprit, elle aime les Führer, les Duce, les Caudillo, la poigne de fer, l’ordre, elle a ses racines profondes dans le terreau de ceux qui ont souhaités la victoire de l’Allemagne nazi au nom de la croisade contre le communisme, les valeurs chrétiennes, l’homme nouveau, enfants des collaborateurs venus de tous les bords de l’échiquier politique : Déat, Doriot, Laval, Darnand, Darquier de Pellepoix…, et d’une poignée d’intellectuels qui firent des voyages en Allemagne et finirent à Sigmaringen : Rebatet, Jacques Benoist-Méchin, Bonnard, Brasillach, journaliste, Céline, Chardonne, Alphonse de Châteaubriant, Drieu la Rochelle, Robert Julien-Courtine, Henry de Montherlant et beaucoup d’autres.
La fille du borgne, en dépit de ses efforts de ripolinage avec le transfuge de la gauche chevènementiste Philippot, pour faire propre sur elle, sort de ce tonneau-là et le Français, qui nous dit-on la place en tête des personnalités politiques préférées, quel que soit les reproches qu’ils puissent faire à ceux qui les ont gouvernés, ne devraient pas l’oublier. Ces gens-là ont toujours profités des malheurs de la France pour nous faire accroire qu’ils vont nous sauver. Moi je n’oublie rien et je ne lâcherai rien face à ces désastronautes, xénophobes, minables et incompétents.
C’est la trêve des confiseurs dit-on, sauf sur les fronts lointains Alep, Mossoul, le Yémen… ou plus proche de nous : hier Berlin… Poutine est l’homme fort du moment, il séduit la droite extrême et même celle qui se dit modérée, il répète à l’envi qu’« aujourd’hui la Russie était plus puissante que n’importe quel agresseur potentiel. N’importe lequel ».
« Des responsables de l’administration américaine actuelle se sont soudainement mis à dire qu’ils étaient les plus forts, les plus puissants dans le monde. Oui, effectivement, ils ont davantage de missiles, de sous-marins et de porte-avions. Nous ne le contestons pas »
Mais il n’a pas levé ses ambiguïtés. « J’ai dit que la Russie était plus forte aujourd’hui que n’importe quel agresseur. Qui est l’agresseur ? Celui qui peut potentiellement attaquer la Russie », a-t-il ironisé, très sûr de lui en cette fin 2016 où, pour la troisième année consécutive, le magazine américain Forbes l’a élu « l’homme le plus influent du monde ».
Et nous, qui n’avons plus de Président ou presque, nous nous morfondons dans un pessimisme mortifère et n’avons qu’à nous mettre sous la dent qu’une nouvelle primaire. C’est déprimant !
Allez, sacrifions à la mode du temps !
« La primaire, le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres? »
La primaire dite de «la droite et du centre » a été un succès en ce sens qu’elle a mobilisé plus de 4 millions d’électeurs et qu’elle a permis de désigner un candidat incontesté et incontestable. La primaire dite de «la Belle Alliance » s’annonce comme une épreuve dont rien ne dit que sur ces deux critères – le nombre des électeurs et la réputation du vainqueur – elle produise demain un effet du même ordre.
La primaire, en ce sens, n’est pas la martingale absolue que prétendent parfois ceux qui l’ont conçue et prônée. C’est une procédure de désignation qui en vaut d’autres, qui a ses lois spécifiques qu’on découvre au fur et à mesure qu’elle se généralise mais à laquelle il ne faut pas prêter des vertus autres que celles qui la justifie. La primaire sert à choisir un candidat. Elle ne désigne pas forcément un champion rassembleur et encore moins un Président en puissance.
La primaire, jusqu’à présent, n’a pourtant pas desservi les intérêts immédiats des formations politiques qui s’y sont ralliés. En 2011, celle de la gauche a mis sur orbite un candidat - François Hollande - qui permit au PS de reconquérir dans son sillage l’essentiel du pouvoir. En 2015, celle de la droite vient de donner aux Républicains les moyens de réaliser, avec François Fillon, pareille performance. Rien n’autorise à dire que François Hollande n’aurait pas été élu Président s’il avait été désigné par une procédure différente. Celle de la primaire, en tous cas, n’a pas été pour lui un handicap. Elle vient d’installer à son tour François Fillon dans le rôle du favori. On peut ainsi se demander si la primaire n’est pas essentiellement l’instrument de promotion efficiente des candidats à la présidentielle dont le parti est dans l’opposition.
La primaire n’est pas devenue une règle et encore moins une contrainte. Elle reste une convention qui n’engage que ceux qui s’y rallient. Rien n’oblige un candidat à la présidentielle à se soumettre à cette compétition. Les deux principaux partis de gouvernement du paysage politique français l’ont adoptée à cinq ans de distance pour des raisons identiques. Ils n’avaient plus les moyens d’arbitrer autrement les ambitions rivales qui s’affrontaient en leur sein. Faute de candidat naturel et en raison aussi du manque de fiabilité du vote militant, ils ont choisi d’externaliser le mode de sélection de leur champion. De cet aveu de faiblesse, ils ont voulu faire une démonstration de force, avec pour le moment une évidente réussite. Par définition, la primaire n’est donc pas une procédure adaptée aux partis qui, soient parce qu’ils sont forts, soient parce qu’ils ne sont pas démocratiques, soient enfin parce qu’ils s’identifient entièrement à leur leader, visent à la promotion et non à la sélection.
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À l’année prochaine sur mes lignes…