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8 janvier 2017 7 08 /01 /janvier /2017 06:00
1 photo sortie de l’oubli, Robert Linhart, auteur de “L'Etabli” sort de son silence et me voici quai de Javel chez André Citroën…

La photo, vous l’avez sous les yeux, short, chemisette et tennis blanche, c’est ma pomme posant devant la deuche de mon père. Celle avec laquelle j’apprendrai à conduire sur le chemin de la Garandelière (la clé de contact était de jour comme de nuit enclenchée, et la 2CV garée sous le hangar ouvert à tous les vents).

 

Le XVe, l’arrondissement le plus grand, le plus peuplé et le plus triste de Paris… un quartier résidentiel comme on dit.

 

Et pourtant, au début du XXe siècle, en 1915, sur les bords de la Seine, quai de Javel, l’ingénieur André Citroën offre ses services au Ministère de la Guerre pour produire en grande série des obus qui manquent cruellement au front. En 3 mois l’usine est née et des millions de pièces y seront fabriquées jusqu’à l’armistice.

 

L’industrie de guerre ça rapporte et avec les capitaux accumulés Citroën se reconvertit dans l’automobile. André Citroën la connait bien puisqu’il avait été directeur des usines Mors 48 rue du Théâtre. Il créé la marque aux chevrons symboles d’un procédé d’engrenage qu’il a breveté. En 1912 il a visité les usines Ford et il sait que l’avenir est à la production de masse et non à l’artisanat.

 

La première voiture de la marque est la Type A produite à raison de 30 exemplaires/jour en 1919 et 100 l’année suivante. Citroën innove, lance de nouveaux modèles, créé un service de pièces détachées, lance le crédit acheteur, les tests qualités, investit dans la publicité : en 1925 la Tour Eiffel est transformée en panneau publicitaire et une forme moderne de sponsoring avec la traversée du Sahara et la Croisière Jaune…

 

En 1933, André Citroën, transforme son usine du quai de Javel en un outil moderne pouvant produire 1000 véhicules/jour. C’est de là que va sortir la mythique Traction avant qui lui causera avant bien des soucis techniques.

 

Mais les soucis financiers s’accumulent et en 1935 son principal créancier Michelin prend les rênes. Ce sera la 2 CV et la DS 19, elles aussi culte mais l’innovation ne paie pas et Citroën est absorbé par Peugeot en 1973.

 

La dernière DS sort en 1975 des chaînes de Javel qui sont transférées à Aulnay-sous-Bois. L’usine est détruite de 1976 à 1984 pour laisser la place en 1992 au Parc André Citroën.

 

Source : Souvenirs de Paris

 

Mais l’ex 60 huitard que je suis a lu le livre de Robert Linhart, L'établi, aux Editions de Minuit.

 

 

Les établis furent des intellectuels qui s’embauchèrent comme simple OS dans les usines.

 

« Dans cet ouvrage étincelant comme une pièce d’usinage, net et précis, l'intellectuel proche de Louis Althusser raconte son expérience de manœuvre à l’usine Citroën de la Porte de Choisy, en 1968. Tout y est dit de la pénibilité des tâches, de la violence du management, du racisme décomplexé, de l’anéantissement de la volonté individuelle ou encore de la psychologie de la grève. Ce témoignage, le fondateur du mouvement maoïste français a mis dix ans avant de l’écrire. »

 

« Robert Linhart étant toujours en vie, il fallait l’interroger. Or depuis une tentative de suicide, en 1981, le philosophe s'est réfugié dans le silence. Dans l’intimité, comme l’a raconté sa fille Virginie dans le passionnant Le jour où mon père s’est tu (Editions du Seuil, 2008), mais aussi dans la vie publique. Une seule fois, Laure Adler l’a convaincu de se confier à elle pour son émission Hors Champs, sur France Culture; allait-il la recevoir une nouvelle fois, lui que la maladie bipolaire tient à l'écart de la société ? Ce fut encore oui.

 

D’une voix affaiblie, l’homme raconte comment, tant d’années après, il continue de rêver de la cadence de production, qu’il « n’arrive pas à suivre ». Entre deux souvenirs, les silences paraissent longs comme le passé. Quand il s'agit de tirer les enseignements de ses années militantes, les affirmations se font chancelantes. « Est-ce que vous pensez que la révolution était une illusion ? » le bouscule Laure Adler, cruelle malgré elle. « Oui, enfin bon, répond dans un murmure l’ancien militant de la Gauche prolétarienne. La révolution… Y avons-nous cru vraiment ? Je ne sais pas. » Un aveu qu’on dirait sorti d’un songe...même si, il y a près de 50 ans, ce rêve lui semblait bien réel. »

 

Sami Frey lit "L'établi" de Robert Linhart ICI 

 

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commentaires

J
Bonjour, je me permets de vous envoyer ce message dans le cadre de l'écriture d'un livre sur notre histoire de famille, je suis à la recherche de photos des ateliers la Licorne, de Citroën, ou d'échanges plus privés, dessins, documents en lien avec le travail d'André Charles Debarge née le 7 juillet 1901. Je sais que mon grand-père a travaillé chez le constructeur automobile " de la Licorne" à partir de 1922, puis a rejoint la grande maison "Citroën" en 1932 , où il a était ingénieur au secret au bureau d'études jusqu'en 1967. Il a reçu le 24 septembre 1959 à Paris les médailles d'argent et de Vermeille d'or d'honneur du travail pour 35 ans de service chez Citroën et la médaille d'or d'honneur du travail le 23 septembre 1967, pour ses 45 ans de carrière. comme dessinateur, projecteur, fraiseur dans le milieu automobile. Il a travaillé chez Citroën comme collaborateur de Flaminio Bertoni dont il était ami et avec lequel il a participé à la conception de tractions, la DS, la 2CV, l'ami 6... Il a réalisé son service militaire en 1920 et a été affecté comme " rampant" dans une escadrille basée à Mourmelon. Il était considéré comme spécialiste et il s'occupait des avions. Il était devenu à ce moment-là ami avec René Mamelet et cette amitié dura toute sa vie. L'été, son épouse Marie Louise, confectionnait des berlingots dans la confiserie artisanale située à Berck sur Mer depuis 1922 dont je suis le gérant aujourd'hui. Le reste du temps , lls habitaient dans le 9 ème arrondissement de Paris , Rue Saulnier. Je souhaite vraiment pouvoir parler un peu de mon grand-père qui a été un peu quelqu'un de l'ombre , mais à compter pour la réalisation de conception de ces mythiques voitures . Je reste à votre disposition, pour des questions complémentaires . Cordialement Jean-Yves Matifas (petit-fils d'André Debarge). Tél 06 79 14 13 75 www.succesberckois.fr Avez vous un mail qui fonctionne Merci d'avance
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A
le 15 ° ne paraît triste qu'au grincheux !
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J
si ce n'est qu'une question de degré je suis d'accord...
P
C'est quelques 25 ans après la même expérience que fut celle de la toute jeune philosophe Simone WEIL qui ,elle, travailla, entre autre, chez Renault .Épuisée après deux ans elle dut quitter l'usine est partie pour l'Espagne, pour rejoindre le camp des républicains en s'engageant dans la colonne DURRUTI. C'est l'honneur de ces intellectuels d'aller au bout de leur empathie en troquant leurs "chemises blanches" pour le bleu travail.
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