Le Stade de France s'est tu. Ce vendredi 11 novembre, près d'un an jour pour jour après les attentats qui ont notamment visé le Stade de France le 13 novembre 2015, une minute de silence a été observée avant le match France-Suède
De mon enfance je garde le souvenir de chacun de ces noms égrenés par le maire chaque 11 novembre où nous répondions « morts pour la France »
Nous étions figés face au monument aux morts qui se dressait à l’entrée du cimetière et je ne pouvais m’empêcher de penser que ces braves petits gars de chez nous enrôlés sous notre drapeau avaient peut-être donné leur vie pour des ambitions qui n’étaient pas les leurs. Qu’ils n’avaient été que de la chair à canon.
Le grand pacifiste Anatole France écrivait « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels. »
De ces jours j’ai gardé une grande prévention pour les commémorations officielles.
Se souvenir : oui !
Se souvenir que nous sommes des enfants de la paix pour ne pas oublier les ressorts des ambitions des hommes, des démagogues, pour être sourd à ceux qui exploitent nos peurs, pour retisser les liens de notre vivre ensemble.
Ne jamais oublier mais ne pas céder aux discours officiels récupérateurs.
Ceux du 13 novembre étaient aussi de braves petits gars et petites filles de chez nous et d’ailleurs, de toutes les couleurs.
Mais eux aussi pour qui, pour quoi sont-ils morts ?
Innocentes victimes dit-on, mais existe-t-il des victimes qui ne le soient pas ? Ils ont été fauchés, non sur un champ de bataille mais dans des lieux de fête, sans défense, au nom d’une cause absurde fille de l’obscurantisme. Aujourd’hui encore je ne comprends toujours pas pourquoi de jeunes hommes en sont arrivés à venir faucher des frères et des sœurs assemblés au nom d’un Dieu dont ils ignorent tout.
Comme au lendemain de cette sauvage nuit je suis atterré. Nul proche de moi n’a été touché mais je me sens responsable de toutes ces vies perdues ou meurtries.
Face à cet anonymat je n’ai qu’à opposer un silence respectueux, mes mots seraient vains, indécents, alors aujourd’hui, loin des commémorations officielles, j’en appelle à la voix d’un poète disparu, Léonard Cohen, pour évoquer le souvenir de toutes ces vies fauchées ou meurtries : une liste de noms qui résonnent dans le cœur de leurs proches, avive leur douleur, leurs pleurs, le souvenir de leur vie d’avant