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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 06:00
Dans le vin : « Le cahier des charges de la vinification permet à l’industrie de bénéficier du label bio, tout en gardant des pratiques très interventionnistes » Lionel Labit Nature et Progrès…

Ma chronique de mardi dernier, « Mon projet, ce n’est pas d’être en bio dans 20 ans, c’est de ne plus traiter.» Claire Naudin vigneronne des Hautes Côtes de Beaune ,  qui ne me devait pas grand-chose puisqu’elle ne faisait que reprendre les réflexions de Claire Naudin, a suscité un réel intérêt chez mes lecteurs comme sur Face de Bouc.

 

« Ça fait chauffer parce que la question de Claire est violente. La première fois que j’ai dit en réunion : « le problème n’est pas le bio ou le non bio, le problème, c’est le traitement », je me suis mis à dos les bio et les non bios. Maintenant, dans un public initié et qui doute, le débat se construit sur cette base. En dehors, c’est un rejet. » me confiait un vigneron.

 

C’est compréhensible, ajoute-t-il, pour les bio, parce qu’ils ont franchi une étape parfois difficile, et que celle-ci, assez rapidement ne se révèlera qu’une échappatoire, et difficile pour les non-bios, parce que, davantage encore que la démarche bio qui les interroge pourtant, la question des traitements remet en cause le fondement même de la production agricole moderne. Moderne, donc technique, donc fondée sur la raison. Donc non discutable.

 

En rester au pur débat technique c’est le réduire à des argumentaires d’initiés et ignorer les mouvements de fond de nos sociétés consuméristes bardées de contradictions.

 

Dans le cas spécifique du vin, produit dit de terroir sublimé par des références culturelles, plus encore que pour les produits alimentaires, se refuser à aborder la question des traitements, quels qu’ils soient, relève à moyen terme d’une cécité mortifère pour ce que nous qualifions encore de modèle artisanal. En effet, ce serait une forme de soumission, d’alignement sur les normes de la mondialisation qui nous priverait des avantages comparatifs qui font encore notre spécificité sur le marché mondial du vin.

 

Je vous conseille de lire attentivement l’article suivant, il est très éclairant et ne doit pas être pris à la légère. Les grands de la chimie, qui achètent à tour de bras des start-ups innovantes sur le bio, tout comme les grands distributeurs qui se sont engouffrés dans la brèche du marché des produits bios en pleine expansion.

 

La grande distribution s’engouffre dans la bio... et en menace les valeurs

30 novembre 2016 / Marie Astier (Reporterre)

 

« Une devanture rouge foncé reprenant les couleurs des boutiques Naturalia. Un rayon vrac qui attire l’œil dès le seuil d’entrée franchi. Installé dans un quartier commerçant du 19e arrondissement de Paris, ce magasin Carrefour bio reprend clairement les codes des enseignes spécialisées. Il faut s’approcher des rayons pour constater la différence : le vert du logo de la marque distributeur Carrefour bio domine, à côté de marques inconnues chez Biocoop ou La Vie claire.

 

« Cela me paraît bizarre, un Carrefour bio. Un peu incompatible. Mais j’y vais quand même », admet Nino. Le jeune homme vient de sortir du magasin, un sac de papier brun chargé de denrées à la main. « C’est pratique, et je me dis que c’est quand même un peu mieux que les produits classiques de supermarché. » Dans les rayons, deux mamies discutent des produits de ce nouveau lieu d’achat. Un vendeur vient les conseiller. « C’est bien ! » approuvent-elles en sortant. »

 

La suite ICI

 

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commentaires

R
Le problème c'est que depuis que la reproduction des plants se pratique par clonage et non plus à partir du pépin, nous produisons tous du vin à partir de plants génétiquement "malades". La volonté de ne plus traîter est louable mais ouvre la porte à la production de plants génétiquement modifiés. Pourquoi pas mais je doute sur l'efficacité de cette pratique sur le long terme. L'avantage de travailler sur le pépin c'est, comme pour les céréales, l'adaptation du plant à son terroir.
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J
faut manger des haricots verts en saison ils ne sont pas plus chers que ceux du Kenya, je l'ai vérifié...
J
Bonjour Jacques et Olivier,<br /> <br /> Si je peux avoir des haricots du Kenya sans risque pour ma santé, donc bio, 2 fois moins cher que ceux produit en France, mon banquier engueulera 2 fois moins fort à la fin mois ? <br /> Chercher le moindre coût partout dans le monde est un des savoir faire de la grande distribution. <br /> Vous savez tous les 2 que je comprend l’intérêt du local, mais puis-je me l'offrir tout le temps pour tout ?
D
Peut-être que "nos sociétés consuméristes bardées de contradictions" permettent aussi de sortir de ces cloisonnements de la pensée. Il n'en demeure pas moins que pour cet objectif de non traitement les blocages me semblent venir de sources extérieures à la technique.
Répondre
J
Tu traduis très exactement le fond de ma pensée Olivier...
O
Bonjour à vous,<br /> <br /> Je suis bien entendu en accord sur l'objectif de non traitement. Cependant je diverge sur la réponse que l'on doit donner: c'est bien une réponse technique qui nous est demandée et dans l'urgence serais-je tenté de dire, compte-tenu des enjeux. Considérant les moyens que l'on peut disposer du vin, et que nous devrions nous donner sur ce "produit" qui n'est pas de première nécessité, nos atermoiements sont révélateurs de notre échec collectif.<br /> Les pistes pour ne pas traiter sont diverses. Sont-elles mises en oeuvre ? Le cadre réglementaire le permet-il ? Y a-t-il une volonté de le faire ? Y a-t-il des étapes pour y arriver ? Enfin est-ce que il y a une vision holistique de l'enjeu ? Franchement ?
Répondre
J
Olivier je n'ai jamais écarté les réponses techniques mais seulement écrit " En rester au pur débat technique c’est le réduire à des argumentaires d’initiés et ignorer les mouvements de fond de nos sociétés consuméristes bardées de contradictions."<br />

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