Et si je reprenais mon sac au lieu de m’agiter dans cet océan de médiocrité, mon seul problème est de savoir où aller me réfugier. Je me sens cerné par la cohorte des récupérateurs, des cureurs de fond de chiottes de tout acabit, des minables qui campent sur l’immondice, l’immonde, des diseurs de bonne aventure sans foi ni loi, tout est permis dans la chasse aux voix. Ils n’ont que le peuple à la bouche alors qu’ils n’en sont pas et qu’ils n’en seront jamais. Ce peuple, gros agrégat indistinct, qu’ils tripotent, flattent, cajolent, pour mieux le trahir dès qu’ils auront déposés leur bulletin dans l’urne.
Tout bien pesé et réfléchi je vais attendre les résultats des Primaires de la Droite et du Centre pour me décider. Je ne suis pas pressé car je suis un privilégié.
« Un éléphant ça Trump énormément ! » ai-je publié au petit matin de cette élection où l’on peut gagner même lorsque que l’on ne rallie pas la majorité des votants.
Sur un corps électoral de 231,556,622 électeurs :
25.6% ont voté Clinton
25.5% ont voté Trump
48,9% n'ont pas voté
Je n’irai pas jusqu’à dire que je voyais le mauvais coup venir mais une petite musique revenait sans cesse dans ma tête, et si tout le monde se trompait en fuyant, en s’aveuglant d’une réalité dérangeante.
Alors je me suis levé tôt et de suite j’ai senti que tout était en train de basculer.
Trump n’a pas triomphé c’est Hilary Clinton qui s’est effondrée…
#Trump, une victoire du peuple contre les élites? Il bat Clinton pour les 4 tranches de salaires les + élevées.
Les médias américains s'interrogent sur leur responsabilité dans le succès de Donald Trump.
« À l'exception de Michael Moore, d'un prof d'histoire isolé et de quelques intelligences artificielles, personne n'avait envisagé la victoire de Donald Trump. Ni les sondeurs ne l'avaient pas entendue, ni les médias sentie venir. Retour sur un énorme loupé avec Rodney Benson, professeur de sociologie à New York University.
L’élection de Donald Trump a fait l’effet d’un électrochoc pour les grands médias américains, qui s’interrogent sur leur part de dans le succès du candidat républicain, populiste et controversé…
Les médias traditionnels, les chaînes de télévision, le "New York Times", les principaux sites d’information… Tous ont été pris de court par ce résultat. Cette surprise vient probablement de cette distance sociale entre l’élite journalistique et les supporters de Trump, non pas tous, mais la proportion décisive de ceux qui habitent dans le nord du Midwest, dans les états dits "clé" [les "Swing states", NDLR] comme le Michigan, le Wisconsin, l'Ohio.
Les journalistes de la Côte Est et de la Côte Ouest, du fait de leur milieu social, de leur lectorat, ne sont pas des gens qui les côtoient au quotidien, et ils n’ont pas assez enquêté sur eux.
La grande presse a bien couvert les meetings de Trump, et ses électeurs blancs les plus radicaux, mais ils sont passés à côté de ceux qui n'étaient ni extrémistes, ni activistes, qui ont constitué sa base électorale la plus large, tous ces Américains touchés par la globalisation de l’économie, qui gagnent entre 50.000 et 90.000 dollars par an [46.000 à 83.000 euros, NDLR], qui ont le sentiment que la situation se dégrade pour eux, alors qu’elle s’améliore pour les Américains de la Côte Est, pour Wall Street, et qu’ils sont maltraités comparés aux minorités… Ceux-là n’aiment pas la manière dont la culture américaine évolue.
- Avez-vous l’impression que ces médias ont découvert une Amérique qu’ils ne connaissaient pas, ou du moins qu’ils avaient ignorée jusque-là ?
Il y a eu des livres écrits sur cette frange de la population américaine, mais cette réalité n’avait pas pris corps. Les médias nationaux pensaient qu’elle n’aurait pas d’impact, qu’elle ne représentait pas grand-chose. Il y avait une forme de cécité, de condescendance, de mépris de classe à leur endroit.
- 194 organes de presse ont pris position pour Hillary Clinton, contre 6 seulement pour Trump. Etait-ce un autre symptôme du parti-pris des médias pour l’establishment ?
Les médias ont en effet pris parti pour Hillary Clinton, et les journalistes, sur le plan privé, soutenaient majoritairement la candidate démocrate, mais la couverture médiatique, le contenu avéré des journaux, n’a certainement pas été pro-Clinton. Les scandales et les contre-vérités de Donald Trump auraient dû être mieux enquêtés qu’ils ne l’ont été.
Même le "New York Times" a été très agressif à propos de la Fondation Clinton [ONG à but humanitaire et écologique financée notamment par des contributeurs étrangers, parmi lesquels des monarchies pétrolières, NDLR] et de l’usage qu’Hillary Clinton a fait de sa messagerie privée. Le quotidien -comme les autres organes de presse- s'est efforcé d’équilibrer ses critiques et de publier autant d’articles à charge sur Hillary Clinton que sur Donald Trump.
Mais c'était un équilibre de façade. Car il n’y avait pas de commune mesure entre les scandales attachés à la personne de Donald Trump, le fait qu’il ne publie pas sa déclaration d’impôts, les accusations d’agression sexuelles dont il faisait l’objet, et les affaires somme toute mineures concernant Hillary Clinton.
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Trump en tête: l'interview de Laure Mandeville qui annonçait l'ouragan
- Vous consacrez un livre* à Donald Trump que vous suivez pour Le Figaro depuis le début de la campagne. A vous lire, on a l'impression qu'un Trump médiatique (mèche de cheveux, vulgarité etc…) cache un Donald Trump plus complexe. Comment expliquer ce décalage?
La grande difficulté, avec Donald Trump, c'est qu'on est à la fois face à une caricature et face à un phénomène bien plus complexe. Une caricature d'abord, car tout chez lui, semble magnifié. L'appétit de pouvoir, l'ego, la grossièreté des manières, les obsessions, les tweets épidermiques, l'étalage voyant de son succès sur toutes les tours qu'il a construites et qui portent son nom. Donald Trump joue en réalité à merveille de son côté caricatural, il simplifie les choses, provoque, indigne, et cela marche parce que notre monde du 21e siècle se gargarise de ces simplifications outrancières, à l'heure de l'information immédiate et fragmentée. La machine médiatique est comme un ventre qui a toujours besoin de nouveaux scandales et Donald, le commercial, le sait mieux que personne, parce qu'il a créé et animé une émission de téléréalité pendant des années. Il sait que la politique américaine actuelle est un grand cirque, où celui qui crie le plus fort a souvent raison parce que c'est lui qui «fait le buzz».
Derrière l'image télévisuelle simplificatrice, se cache un homme intelligent, rusé et avisé, qui a géré un empire de milliards de dollars et employé des dizaines de milliers de personnes.
En même temps, ne voir que la caricature qu'il projette serait rater le phénomène Trump et l'histoire stupéfiante de son succès électoral. Derrière l'image télévisuelle simplificatrice, se cache un homme intelligent, rusé et avisé, qui a géré un empire de milliards de dollars et employé des dizaines de milliers de personnes. Ce n'est pas rien! Selon plusieurs proches du milliardaire que j'ai interrogés, Trump réfléchit de plus à une candidature présidentielle depuis des années, et il a su capter, au-delà de l'air du temps, la colère profonde qui traversait l'Amérique, puis l'exprimer et la chevaucher. Grâce à ses instincts politiques exceptionnels, il a vu ce que personne d'autre - à part peut-être le démocrate Bernie Sanders - n'avait su voir: le gigantesque ras le bol d'un pays en quête de protection contre les effets déstabilisants de la globalisation, de l'immigration massive et du terrorisme islamique; sa peur du déclin aussi. En ce sens, Donald Trump s'est dressé contre le modèle dominant plébiscité par les élites et a changé la nature du débat de la présidentielle. Il a remis à l'ordre du jour l'idée de protection du pays, en prétendant au rôle de shérif aux larges épaules face aux dangers d'un monde instable et dangereux.
En privé, le personnage de Donald Trump est plus nuancé, plus modéré, plus pragmatique, sait écouter les autres et ne choisit pas toujours l'option la plus extrême…
Cela révèle au minimum une personnalité sacrément indépendante, un côté indomptable qui explique sans doute l'admiration de ses partisans…Ils ont l'impression que cet homme explosif ne se laissera impressionner par rien ni personne. Beaucoup des gens qui le connaissent affirment d'ailleurs que Donald Trump a plusieurs visages: le personnage public, flashy, égotiste, excessif, qui ne veut jamais avouer ses faiblesses parce qu'il doit «vendre» sa marchandise, perpétuer le mythe, et un personnage privé plus nuancé, plus modéré et plus pragmatique, qui sait écouter les autres et ne choisit pas toujours l'option la plus extrême…Toute la difficulté et tout le mystère, pour l'observateur est de s'y retrouver entre ces différents Trump. C'est loin d'être facile, surtout dans le contexte de quasi hystérie qui règne dans l'élite médiatique et politique américaine, tout entière liguée contre lui. Il est parfois très difficile de discerner ce qui relève de l'analyse pertinente ou de la posture de combat anti-Trump. Dans le livre, je parle d'une expérience schizophrénique, tant le fossé est grand entre la perception des partisans de Trump et celle de ses adversaires. Au fond, Trump reste largement insaisissable, malgré les millions d'articles qui lui sont consacrés.
En quoi son enfance et la figure de son père éclairent-elles son parcours?
Donald Trump a toujours été un leader, mais aussi un rebelle, une forte tête, qui bombardait ses instituteurs de gommes et tirait les cheveux des filles même si c'était un bon élève.
Donald Trump a plusieurs fois raconté qu'il n'avait pas fondamentalement changé depuis le cours préparatoire. C'est dire si l'enfance compte pour cerner sa turbulente personnalité! Il a toujours été un leader, mais aussi un rebelle, une forte tête, qui bombardait ses instituteurs de gommes et tirait les cheveux des filles même si c'était un bon élève. A l'école élémentaire, le coin réservé au piquet, avait même été baptisé de ses initiales, DT, parce qu'il y séjournait souvent! A l'âge de 13 ans, son père décide même de l'envoyer à l'Académie militaire de New York pour le dresser, parce que, inspiré par West Side story, Donald a été pris en train de fomenter une descente avec sa bande dans Manhattan, avec des lames de rasoir!
Son frère Fred Junior a fini par mourir d'alcoolisme. Cela a beaucoup marqué Donald qui a décidé qu'il ne se laisserait jamais dominer et ne montrerait jamais ses faiblesses contrairement à son frère.
Cela vous donne une idée du profil psychologique du père Fred Trump, un homme intransigeant et autoritaire, qui a eu une influence décisive dans la formation de la personnalité de son fils. Fred s'était fait à la force du poignet, en amassant un capital de plusieurs millions de dollars grâce à la construction d'immeubles d'habitation pour les classes populaires à Brooklyn, et il a clairement fait de Donald son héritier, brisant et déshéritant en revanche le fils aîné, Fred Junior, un être charmeur, mais moins trempé et plus dilettante, qui avait eu le malheur de préférer être pilote de ligne que promoteur, et a fini par mourir d'alcoolisme. Cela a beaucoup marqué Donald qui a décidé qu'il ne se laisserait jamais dominer et ne montrerait jamais ses faiblesses contrairement à son frère. Fred Trump a élevé ses enfants dans la richesse - la famille vivait dans une grande maison à colonnades dans le quartier de Queens - mais aussi dans une éthique de dur labeur et de discipline, pas comme des gosses de riches, un modèle que Donald a d'ailleurs reproduit avec ses enfants. L'homme d'affaires raconte souvent que son paternel l‘a formé à «la survie», en lui recommandant d'«être un tueur» pour réussir.
- On découvre en vous lisant qu'il existe depuis longtemps dans l'univers américain (succès de ses livres, téléréalité). Ses fans d'hier sont -ils ses électeurs d'aujourd'hui?
Savez-vous qu'à la fin des années 80, il fait déjà la couverture de Time Magazine comme l'homme le plus sexy d'Amérique ?
Les Américains connaissent Trump depuis le milieu des années 80, date à laquelle il a commencé à publier ses ouvrages à succès, tirés à des millions d'exemplaires, c'est-à-dire depuis 30 ans! «Le Donald» est un familier pour eux. Savez-vous qu'à la fin des années 80, il fait déjà la couverture de Time Magazine comme l'homme le plus sexy d'Amérique? A la même époque, il est cité dans des sondages comme l'une des personnes les plus populaires du pays, aux côtés des présidents toujours vivants, et du pape! Si on ajoute à cela, le gigantesque succès qu'il va avoir avec son émission de téléréalité L'Apprenti, qui à son zénith, a rassemblé près de 30 millions de téléspectateurs, on comprend l'énorme avantage de notoriété dont bénéficiait Trump sur la ligne de départ de la primaire républicaine.
- Tout au long de la campagne des primaires, beaucoup de commentateurs ont annoncé sa victoire comme impossible: comment expliquer cette erreur de jugement?
Si Trump est à bien des égards exaspérant et inquiétant, il y a néanmoins quelque chose de pourri et d'endogame dans le royaume de Washington.
C'est vrai qu'à de rares exceptions près, les commentateurs n'ont pas vu venir le phénomène Trump, parce qu'il était «en dehors des clous», impensable selon leurs propres «grilles de lecture». Trop scandaleux et trop extrême, pensaient-ils. Il a fait exploser tant de codes en attaquant ses adversaires au-dessous de la ceinture et s'emparant de sujets largement tabous, qu'ils ont cru que «le grossier personnage» ne durerait pas! Ils se sont dit que quelqu'un qui se contredisait autant ou disait autant de contre-vérités, finirait par en subir les conséquences. Bref, ils ont vu en lui soit un clown soit un fasciste - sans réaliser que toutes les inexactitudes ou dérapages de Trump lui seraient pardonnés comme autant de péchés véniels, parce qu'il ose dire haut et fort ce que son électorat considère comme une vérité fondamentale: à savoir que l'Amérique doit faire respecter ses frontières parce qu'un pays sans frontières n'est plus un pays. Plus profondément, je pense que les élites des deux côtes ont raté le phénomène Trump (et le phénomène Sanders), parce qu'elles sont de plus en plus coupées du peuple et de ses préoccupations, qu'elles vivent entre elles, se cooptent entre elles, s'enrichissent entre elles, et défendent une version «du progrès» très post-moderne, détachée des préoccupations de nombreux Américains. Soyons clairs, si Trump est à bien des égards exaspérant et inquiétant, il y a néanmoins quelque chose de pourri et d'endogame dans le royaume de Washington. Le peuple se sent hors-jeu.
- Trump est l'homme du peuple contre les élites mais il vit comme un milliardaire. Comment parvient-il à dépasser cette contradiction criante?
Donal Trump fait de cette connaissance du système une force, en disant qu'il connaît si bien la manière dont les lobbys achètent les politiques qu'il est le seul à pouvoir à remédier à la chose.
C'est une vraie contradiction car Trump a profité abondamment du système qu'il dénonce. Il réussit à dépasser cette contradiction, parce qu'il ne le cache pas, au contraire: il fait de cette connaissance du système une force, en disant qu'il connaît si bien la manière dont les lobbys achètent les politiques qu'il est le seul à pouvoir à remédier à la chose. C'est évidemment un curieux argument, loin d'être totalement convaincant. Il me rappelle ce que faisaient certains oligarques russes, à l'époque Eltsine, quand ils se lançaient en politique et qu'ils disaient que personne ne pourrait les acheter puisqu'ils étaient riches! On a vu ce que cela a donné…Si les gens sont convaincus, c'est que Donald Trump sait connecter avec eux, leur faire comprendre qu'il est de leur côté. Ce statut de milliardaire du peuple est crédible parce qu'il ne s'est jamais senti membre de l'élite bien née, dont il aime se moquer en la taxant «d'élite du sperme chanceux». Cette dernière ne l'a d'ailleurs jamais vraiment accepté, lui le parvenu de Queens, venu de la banlieue, qui aime tout ce qui brille. Il ne faut pas oublier en revanche que Donald a grandi sur les chantiers de construction, où il accompagnait son père déjà tout petit, ce qui l'a mis au contact des classes populaires. Il parle exactement comme eux! Quand je me promenais à travers l'Amérique à la rencontre de ses électeurs, c'est toujours ce dont ils s'étonnaient. Ils disaient: «Donald parle comme nous, pense comme nous, est comme nous». Le fait qu'il soit riche, n'est pas un obstacle parce qu'on est en Amérique, pas en France. Les Américains aiment la richesse et le succès.
- Alain Finkielkraut explique que Donald Trump est la Némésis (déesse de la vengeance) du politiquement correct? Le durcissement, notamment à l'université, du politiquement correct est-il la cause indirecte du succès de Trump?
L'un des atouts de Trump, c'est qu'il est politiquement incorrect dans un pays qui l'est devenu à l'excès.
Alain Finkelkraut a raison. L'un des atouts de Trump, pour ses partisans, c'est qu'il est politiquement incorrect dans un pays qui l'est devenu à l'excès. Sur l'islam radical (qu'Obama ne voulait même pas nommer comme une menace!), sur les maux de l'immigration illégale et maints autres sujets. Ses fans se disent notamment exaspérés par le tour pris par certains débats, comme celui sur les toilettes «neutres» que l'administration actuelle veut établir au nom du droit des «personnes au genre fluide» à «ne pas être offensés». Ils apprécient que Donald veuille rétablir l'expression de Joyeux Noël, de plus en plus bannie au profit de l'expression Joyeuses fêtes, au motif qu'il ne faut pas risquer de blesser certaines minorités religieuses non chrétiennes…Ils se demandent pourquoi les salles de classe des universités, lieu où la liberté d'expression est supposée sacro-sainte, sont désormais surveillées par une «police de la pensée» étudiante orwellienne, prête à demander des comptes aux professeurs chaque fois qu'un élève s'estime «offensé» dans son identité…Les fans de Trump sont exaspérés d'avoir vu le nom du club de football américain «Red Skins» soudainement banni du vocabulaire de plusieurs journaux, dont le Washington Post, (et remplacé par le mot R...avec trois points de suspension), au motif que certaines tribus indiennes jugeaient l'appellation raciste et insultante. (Le débat, qui avait mobilisé le Congrès, et l'administration Obama, a finalement été enterré après de longs mois, quand une enquête a révélé que l'écrasante majorité des tribus indiennes aimait finalement ce nom…). Dans ce contexte, Trump a été jugé «rafraîchissant» par ses soutiens, presque libérateur.
- Le bouleversement qu'il incarne est-il, selon vous, circonstanciel et le fait de sa personnalité fantasque ou Trump cristallise-t-il un moment de basculement de l'histoire américaine?
Le phénomène Trump est la rencontre d'un homme hors normes et d'un mouvement de rébellion populaire profond, qui dépasse de loin sa propre personne.
Pour moi, le phénomène Trump est la rencontre d'un homme hors normes et d'un mouvement de rébellion populaire profond, qui dépasse de loin sa propre personne. C'est une lame de fond, anti globalisation et anti immigration illégale, qui traverse en réalité tout l'Occident. Trump surfe sur la même vague que les politiques britanniques qui ont soutenu le Brexit, ou que Marine Le Pen en France. La différence, c'est que Trump est une version américaine du phénomène, avec tout ce que cela implique de pragmatisme et d'attachement au capitalisme.
- Sa ligne politique est-elle attrape-tout ou fondée sur une véritable vision politique?
Trump n'est pas un idéologue. Il a longtemps été démocrate avant d'être républicain et il transgresse les frontières politiques classiques des partis.
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Georges Ugeux : « c'est un drame »
Sur son blog, l'ancien vice-président de la Bourse de New York aujourd'hui banquier d'affaires, Georges Ugeux, disait que s'il avait voté Hillary Clinton, c'était surtout parce que « en aucun cas, je ne pourrais envisager de soutenir un candidat qui me révulse sur le plan moral, social et politique ». Aujourd'hui que la victoire de Donald Trump est acquise, on sent Georges Ugeux très préoccupé.
- Comme la plupart d'entre nous, vous ne vous attendiez pas à un tel résultat ?
Non, je dois être honnête. C'est un drame. Je suis à la fois profondément déçu et extraordinairement inquiet.
- Comment expliquer la victoire de Trump ?
Je ne comprends pas. C'est sans doute la conséquence d'un certain blocage des électeurs devant le politique. Ils n'ont pas voté pour Trump, mais pour ce qu'il représente, une opposition face à la politique traditionnelle et à une Hillary Clinton apparaissant comme membre d'une dynastie. Hillary Clinton a commis plusieurs erreurs. Une des plus importantes a été de s'adresser à 80% aux femmes, alors que le vote des femmes lui était acquis. Mais qui devait-elle convaincre ? Les maris, les fils, ... Et elle ne l'a pas fait. Trump a pu séduire de son côté tous les "laissés-pour-compte"... Mais avec un président républicain et un congrès républicain, ils se rendront compte de l'écart qu'il y a entre l'idéologie républicaine et leurs aspirations. Obama avait réussi à apporter une couverture de soin de santé à 22 millions d'Américains. Ce système risque d'être démantelé.
- Les déclarations matamoresques de Donald Trump font peur, mais ne s'agissait-il pas d'une posture politique ? Ne va-t-il pas faire une courbe rentrante pour réconcilier le pays ?
Je crois qu'il en est incapable, à moins d'être aidé par un bon psychiatre. Il a essayé plusieurs fois, il n'a jamais tenu plus de 48 heures.
Mais il ne va pas gouverner tout seul. Il va y avoir une équipe autour de lui qui peut servir de modérateur...
Je ne crois pas, quand on voit qu'il s'entoure de personnes comme Rudi Giuliani (l'ancien maire de New York) ou Chris Christie (gouverneur du New Jersey). En outre, lors de la campagne beaucoup de gens lui avaient dit de changer de comportement. Il ne l'a pas fait, et il se trouve aujourd'hui conforté puisqu'il remporte la victoire. Une chose m'avait frappé au pan économique, il s'était entouré d'une équipe dans laquelle on ne retrouvait pas un seul économiste...
Personne n'avait attendu cette issue, pas même Wall Street qui s'apprête à faire le grand plongeon. Il va falloir réunir le pays...
Et l'on parle de la première puissance mondiale. Quelle va désormais être la place des Etats-Unis dans le monde ? Nous avions pris l'habitude de critiquer l'Oncle Sam, mais de continuer à faire appel à lui en Irak ou ailleurs. Aujourd'hui, nous ne savons plus quel type d'Oncle Sam nous aurons.