Le 20 octobre 2008 au tout début de mon blog je titrais, oui, oui, « L'Ain et le Cerdon "Clos de Bierle", c'est le luxe au naturel »
Revenons à l'Ain et au Bugey et sa petite merveille qu'est le Cerdon qui, pour moi, est un vin d'initiation par excellence. Lorsque je l'ai découvert et apprécié, voilà plus de 10 ans, au restaurant Square Trousseau et que j'ai ensuite entrepris une tournée chez les cavistes parisiens pour m'approvisionner je suis revenu bredouille. Pas un seul flacon de Cerdon et, pire encore, certains cavistes ignoraient jusqu'à son existence. Je dû, par l'internet, contacter le vigneron, Thierry Troccon pour savoir où je pouvais me procurer son nectar. C'est à Boulogne-Billancourt qu'il se nichait et je dus prendre ma petite auto pour enfin combler mon désir de Cerdon.
Depuis, chez moi c'est devenu le must des jeunes pousses.
Ils adorent... C'est frais, c'est rouge, c'est peu alcoolisé, c'est désaltérant, c'est joyeux car ça pétille naturellement, que demander de plus...
Avec un léger temps de retard mais avec plus de pertinence dans le choix l’ami Olif le 23 juin 2009 titrais : Sers donc un Cerdon!
« Le Cerdon, c'est la boisson préférée des enfants, depuis qu'ils sont un peu plus grands. Du fruit, un peu de sucre, de la bulle, festive et gouleyante, peu d'alcool (7,5° pour celui-ci), il faut reconnaitre que ça surclasse nettement le Champomy. »
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Bref, sans me pousser du col, j’étais en avance sur la tendance que note le dernier numéro du LeRouge&leBlanc : « Pétillant naturel rosé, plein de douceur, le cerdon constitue une curiosité parmi les vins français. Son faible taux d’alcool le place dans l’air du temps ; sa méthode ancestrale de fermentation l’ancre loin dans le passé. »
Nos austères dégustateurs s’enthousiasment : vin de gourmandise, vin proche de l’idéal commercial du XXIe siècle… mais très éloigné du modernisme… Ouf ! « D’anciennes archives l’évoquent déjà comme un breuvage apprécié au XVIe siècle par Marguerite d’Autriche, princesse de Bourgogne, future infante d’Espagne et duchesse de Savoie. » Un pedigree à mettre en joie les héritiers du baron Le Roy et de Capus réunis.
Mais, nos amis du LRLB se font poètes « ce vieux monsieur aux allures de tendre jouvenceau l’a pourtant échappé belle… »
De quoi, de quoi, d’où venait le danger pour ce produit ancestral « pet nat » (sic) ?
Des vignerons eux-mêmes qui dans la seconde moitié du XXe ont failli le faire tourner en vulgaire mousseux en trouvant plus pratique et plus rentable gazéifier au CO2 un vin dont la fermentation s’était achevée en cuve plutôt que de taper la méthode ancestrale.
Celle-ci, expliquée ci-dessous pour les petites louves et les petits loups qui m’alpague pour que je leur fasse un speech sur la dite méthode. La technique et moi ça fait 2.
Et savez-vous qui a sauvé le cerdon de n’être plus qu’une vulgaire limonade au gamay ?
Je vous le donne en mille, ça va faire plaisir à Philippe Cuq, l’Union Européenne !
En effet, la suppression de la catégorie VDQS où était parqué le cerdon a permis aux vignerons du village de Cerdon et leurs voisins en passant AOC, en 2009, « de refuser tout autre processus de fabrication que la fermentation en bouteille, seule garante de la finesse des arômes et de la bulle. » Il faut souligner que quelques vignerons dynamiques avait relancé le cerdon méthode ancestrale soutenus dans leurs efforts par des loulous comme ma pomme.
Bref, si vous voulez tout savoir sur le cerdon achetez LeRouge&leBlanc de l’automne.
Quelques conseils judicieux des experts LRLB :
- Le cerdon se boit jeune et frais (froid même aux alentours de 6°C pour que le sucre ne prenne pas le meilleur sur l’acidité.)
- Tous les producteurs sont formels il est meilleur quand il est bu dans l’année de production. Au vieillissement, il perd de son fruité sans gagner de complexité.
- Enfin, il ne gagne rien à titrer plus de 8°5, bien au contraire la montée en alcool annihile les arômes de fruits frais.
Aujourd’hui ma crèmerie vous recommande le Cerdon de Raphaël Bartucci disponible à la Cave des Papilles rue Daguerre.
Les limiers du LRLB l’ont visité : quelques extraits !
Issu d’une famille calabraise il a quitté la Moselle, où il exerçait la profession d’électromécanicien pour s’installer à Mérignat, en 1983.
Raisons : il supportait mal « d’être réveillé par son patron » et voulait « produire quelque chose de A à Z »
Converti au vin qu’il avait appris tardivement à aimer, il a repris 2,5 ha dans un environnement où l’étranger, au départ, n’était pas bien vu.
« J’ai pourtant eu la chance de connaître les six vieux vignerons du village qui travaillaient encore en méthode ancestrale. Ils m’ont appris beaucoup. Puis ce fut la rencontre avec Marcel Lapierre et Pierre Overnoy. Marcel Lapierre est venu vendanger et m’a appris à vinifier avec le minimum de soufre. J’en mets 30 à 40 mg/l au pressurage, c’est tout. La chimie ne me convenant pas, en 1986 je suis passé à la culture biologique. »
Raphaël Bartucci vendange tard, jusqu’en octobre, et ne levure ni chaptalise. Les 10% de poulsard apportent de la finesse, de la douceur et de la légèreté, alors que le gamay reste simplement fruité.
C’est lui qui obtient la meilleure note (j’adore les notes) 14,5/20
Je note aussi que l’équipe du LeRouge&leBlanc se régalait au resto Le Baratin où les cerdon étaient versés à flots… Bravo ! et maintenant vous buvez quoi les gars et la Sonia Lopez-Calleja ?