J’ai un goût particulier pour les érecteurs de dénominations tombées dans l’oubli, pour l’imparfait du subjonctif et la Suisse.
Démonstration !
Pour nous François de l'hexagone, il n’est de chasselas que de Moissac, un raisin de table AOP qui orne nos tables à l’automne de ses belles grappes dorées.
Ignorant que nous sommes le Chasselas par le biais de son fendant du Valais participe pour une grande part à l’image, l’identité suisse dans son acception la plus large. À un degré moindre comme le gruyère sans trou dont nous avions piqué l’appellation en y mettant des trous. C’est une autre histoire, nos amis suisses ont récupéré leur bien seul leur gruyère est une AOP.
En effet, les plus anciens actes parlant du vin blanc dans le Bassin Lémanique datent de 1202. On retrouve des traces du Chasselas, quant à lui, dès le XIVe siècle. A partir de 1848, le Fendant devient le moteur du développement commercial des caves valaisannes et fait l'objet d'une promotion active, au point de supplanter les anciens cépages autochtones. Dès 1936, les Valaisans se battent pour protéger cette appellation convoitée par les producteurs genevois et vaudois. Le Fendant du Valais obtient son appellation protégée en 1966.
Le Fendant doit son nom à une particularité de la baie mûre dont la peau et la pulpe se fendent sous la pression du doigt, sans que le jus ne s’écoule. Contrairement au type nommé Giclet, dont la pulpe des baies gicle.
Le Fendant est cultivé partout en Valais, où il représente plus de 20% de l’encépagement total. Au cours des 10 dernières années, la récolte moyenne de Chasselas en Valais est de 13.2 millions de kg pour une production de 10.6 millions de litres de Fendant.
Tous les oracles François ou assimilés dignes de ce nom de miss Glou-Glou la classique à l’immense Bettane en passant par l’impertinente Sand sont intarissables sur le fendant tout en notant que ce n’est qu’un petit jaja tout juste bon pour l’apéro ou la raclette.
Mais du côté du délicieusement ringard qu’est le perlan c’est un silence gêné qui accueille ma question. Nulle trace dans leurs écrits.
Et pourtant le perlan genevois est de retour. Renaissance discrète, « Elle figure dans le nouveau règlement sur la vigne et les vins que vient d’édicter le Conseil d’Etat. On y lit, à l’article 59A: «La mention «Perlan» peut être indiquée sur l’étiquette d’un vin tranquille AOC Genève issu du chasselas.» C’est tout. Pas de cérémonie inaugurale, pas de fanfare. »
Faut dire que « Pendant plus de vingt ans, le perlan a été voué aux gémonies. Il était l’incarnation du petit vin genevois, produit en masse par une coopérative peu soucieuse de qualité. Quand on l’évoque, les anciens ont un rictus: «Vous parlez de ce produit pour les vitres?» C’est dire. Depuis la fin des années 80, les viticulteurs ont développé de nombreux cépages, nettement relevé la qualité et se sont distancés de ce label maudit. Mais la roue tourne. »
« Quoi qu’il en soit, le perlan n’a jamais été complètement oublié. On en trouve de discrètes réminiscences. Au café Remor, à Plainpalais, il figure encore sur l’ardoise des vins accrochée au mur. Chez Oscar, à Vernier-Village, la machine enregistreuse est d’un autre âge: elle imprime encore «perlan» à la commande d’un chasselas. Le plus bel hommage vient de Zurich. Cet été, un lecteur du Tages-Anzeiger écrivait la chose suivante: «Dans les années 80, j’étais cuisinier dans les wagons-restaurants. Je me réjouissais toujours d’arriver à Genève pour commander mes trois de perlan. Pourquoi a-t-il disparu?»
« C’est Daniel Brenner, vigneron à Saconnex-d’Arve, qui a demandé la réintroduction du perlan: «J’ai envie de remettre en valeur ce nom. Il est sympathique, facile à dire et communique bien. C’est vrai qu’il a traîné une mauvaise réputation, mais cela ne touche pas les jeunes. Les vins genevois se sont beaucoup améliorés et les consommateurs recherchent des produits du terroir. Le perlan est réservé à des vins AOC. Cela garantit la qualité.»
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Le chasselas dans le canton de Vaud est dénommé le Dorin.
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