Ha ! qu’il était beau le temps du degré-hecto, la boisson totem chère à Roland Barthes dont l’absence sur la table du président Coty, au début de son septennat, mit « la nation entière en émoi... Le vin fait ici partie de la raison d’Etat », le litron de rouge étoilé emblème des travailleurs, l’opium du peuple pour les prohibitionnistes…
Et puis rideau, adieu le litre étoilé acheté chez l’épicier place aux vins bouchés, aux vins embourgeoisés vendus toujours 2 balles dans la GD… Qui se préoccupe du degré ? À part les gabelous de la DGDDI et les contrôleurs de la DGCCRF – acronymes obscurs, formes de chancres modernes – pas grand monde.
Maintenant le loulou de bord de bar ne dit plus « Sers-moi un 13 bien tassé ! » mais « je voudrais du cabernet ! ». Le Dieu cépage règne en maître chez les licheurs éclairés, le reconnaître, l’identifier, le nommer, c’est la marque d’une nouvelle noblesse du jaja.
Tout ça pour vous dire, « Soyez bref ! » signé Pépin, que 180°C a accouch de 12°5, même air de famille de la jaquette, bon chic bon genre, l’anti En Magum glacé sans atteindre la rigueur janséniste du LeRouge&leBlanc, une RVF débarrassée de sa putasserie.
20€ tout de même, ça fait presque 150 balles dans les francs anciens pour du 12°5, avec ça dans mes années degré-hecto on pouvait s’acheter quelques quilles de GCC chez le père Nicolas qui était encore caviste.
Je plaisante bien sûr, c’est le prix à payer pour ne pas vivre de la publicité.
OK bien noté mais il n’en reste pas moins vrai qu’il faudra que le cochon de payant y trouve son compte pour revenir à l’abreuvoir. Je ne pense pas être le cœur de cible de cette nouvelle parution donc mes remarques ne pèseront pas lourd.
J’ai payé. J’ai lu. Je chronique.
Ça commence par un portrait de l’ami Patrick Beaudouin, ex-établi (au sens de Robert Linhart) et libraire-mao de la rue de Belleville, revenu au pays. Il est tiré par une régionale de l’étape Aymone Vigière d’Anval. Avec mon mauvais esprit j’eus préféré que ce fut par Sylvie Augereau c’eut été plus rock-and-roll mais celle-ci lui a préféré Marie-Thérèse Chappaz la reine du Valais qui est la nouvelle coqueluche des publications. Deux combattants, l’un pour le chenin, l’autre la biodynamie, des valeurs sûres pour un premier numéro ça se comprend.
J’aime beaucoup les vins de Ratapoil, ça fait un bail que j’achète les vins de Raphaël Monnier à la cave des Papilles.
J’aime beaucoup le cheval, même que je suis le père de la journée du cheval créée en 1990 avec en guest-stars les chevaux-lourds des Haras Nationaux débardant du bois dans le jardin des Tuileries.
Jacky Durand écrit toujours aussi bien mais ça verse dans le portrait bien classique…
J’adore Michel Tolmer !
Bien sûr on a droit aux inévitables accords mets&vins !
Plein de belles photos, les terrasses du Larzac sans José Bové, un zeste de féminisme un peu réchauffé sur des pratiques qui n’ont plus court dans les cantines qui aiment le vin, et plein de sujets divers et variés.
J’hésite à citer le Libre Arbitre d’Isabelle Saporta « L’art de couper l’herbe en quatre » car j’y suis longuement cité, ça fait connivence style Hubert.
Alors heureux ?
Oui mais… comme le disait le déplumé de Chamalières ; le oui pour le plaisir d’une publication de qualité, bien léchée, bien pensée, bien présentée ; le mais pour un certain manque d’acidité, c’est un peu lisse, centriste, sans grandes aspérités, ça manque d’élan, ça manque de sujets neufs, de regards extérieurs différents, je n’ai pas écrit de militantisme mais plutôt d’une forme de non-conformisme léger et ludique qui sorte le vin de ses habits compassés et des discours convenus, y compris ceux des amoureux des vins nus.
Affaire à suivre donc… et bien sûr bon vent à 12°5… cet avis n’est que le mien mais je le partage c’est le quotidien du chroniqueur solitaire.