J’adore, je me régale des cris d’orfraies des professionnels de la profession face aux déclarations de François Hollande : de Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, les deux plus hauts magistrats de l'ordre judiciaire en France : le premier est président et le second procureur général près de la Cour de cassation, aux journalistes qui courent après les gars, et maintenant les filles, qui courent après un ballon rond.
Pire encore, l’offense faite à la littérature par les pépés du Prix Nobel en attribuant leur prix à un saltimbanque : Bob Dylan, qui reste au travers de la gorge des critiques littéraires. C’est un peu comme si un jury présidé par l’éminent et irremplaçable Pr Pitte attribuait la palme du Meilleur vin du monde à un vil Vin de France de Dominique Derain.
Bref, ça balance à Paris et ça me réjouis.
Pour une fois je suis assez d’accord avec Laurent Joffrin :
« La culture, c’est la vie. Celle de Dylan est celle de l’ascèse créatrice, sans fin et sans retour. Son nom sur la liste des Nobel est aussi étrange que l’urinoir de Duchamp dans un musée ou les Campbell’s Soup Cans de Warhol dans une galerie : il consacre une révolution artistique. »
Dans « Un président ne devrait pas dire ça… », le président de la République se livre aux journalistes du « Monde » Gérard Davet et Fabrice Lhomme et choque les gardiens de la balance et les gardiens de but :
« Cette institution, qui est une institution de lâcheté... Parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique... »
« Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal. »
Et alors, pour qui fréquente les hauts magistrats ou les hauts salaires des footeux, n’est-ce pas la vérité ?
Il va m’être répliqué que toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire et surtout dans la bouche d’un Président de la République par le truchement de confidences à des journalistes.
J’en conviens, les vérités doivent être dites les yeux dans les yeux et non distillés dans des livres, mais qui se souvient du nombre de hauts magistrats qui ont refusé de prêter serment au régime dit de l’Etat Français du Maréchal Pétain ? Ce ne sont que des hommes qui, même drapés dans leurs hauts principes, pensent au bon déroulé de leur carrière. Que beaucoup se couchassent pour une promotion n’est qu’un secret de polichinelle.
Du côté du ballon rond, il suffit de suivre les déclarations, la manière d’être, de se comporter de ces garçons pour souscrire aux propos de Hollande, même si il faut se garder de la généralisation : des exceptions heureuses confirment la règle. Il en est de même pour les magistrats qu’il ne faut pas tous fourrer dans le même sac : il en est de courageux qui en général paient le prix de leur audace.
Plus que le dire présidentiel c’est la façon de le dire qui est détestable !
Parler vrai, sans détour, mettre le doigt là où ça fait mal constitue pour moi une excellente thérapie au Mal Français : l’art et la manière de donner des leçons à la terre entière pour mieux se réfugier dans notre petit entre soi un peu rance comme l’écrivait Philippe Sollers.
Le petit monde du vin n’échappe pas à la règle, il suffit de lire les laïus de certains qui se baptisent journalistes, experts, critiques, je ne sais, qui vivent sur la bête, pour s’en persuader. Mais qu’ont-ils fait dans la vie qui leur donne une quelconque légitimité dans la matière qu’ils traitent ? De quel droit tressent-ils des lauriers aux gens qui font ? Ce ne sont que des autoproclamés !
Pour en revenir au Nobel, je suis encore raccord avec Joffrin « Quoi ? Le prix Nobel pour un chanteur pop ? Trop noble ! Après William Faulkner, Ernest Hemingway, Saul Bellow ou Isaac Bashevis Singer, Bob Dylan ? Décadence de la haute littérature, brouillage des repères, nivellement par le bas… Pour être franc, ces oracles du bon goût n’ont pas compris grand-chose à la culture populaire, ni même à la culture tout court. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l’histoire du rock, s’il y a un pop singer qui mérite le titre de créateur universel, c’est bien Robert Zimmerman. »
Dylan a déjà obtenu le prix Pulitzer de musique en avril 2008, « pour son profond impact sur la musique populaire et la culture américaine, à travers des compositions lyriques au pouvoir poétique extraordinaire », selon le jury.
Dylan c’est un beau morceau de ma vie et je l’écris ; merde aux ronchons professionnels de la profession !