En ce moment je n’ai guère l’âme chroniqueuse, allez savoir pourquoi ? C’est un secret d’État !
Alors quand j’ai reçu de l’Antoine Gerbelle, un ex de la RVF qui m’aime tant depuis que j’ai osé brocarder les agissements de son président, même si j’ai reçu en son temps les excuses de madame Prouvost, et d’une fraîche chroniqueuse de cette même RVF, Sylvie Augereau, je me suis toi mon coco t’es verni.
Et oui, cette compil des vins au naturel, concept adroit, ces 250 vignerons, ces 300 vins, 100% jus de raisin, c’est du pain béni pour un ancien petit rapporteur qui, en son temps, fut brocardé pour avoir mis le doigt là où il ne faut pas le mettre.
Comme je le confiais dans ma chronique sur le dernier opus de Jacques Dupont, avant de pondre mon rapport j’ignorais jusqu’à l’existence de la RVF et j’aurais été bien incapable de vous dire qui était Michel Bettane.
Je ne faisais pas parti de la famille des gens du vin, le vin j’y suis entré par la porte du politique, au temps où il fallut, avec Michel Rocard, tourner la page du gros rouge qui tache des coopé du midi et des négociants de place, avec sa cohorte de subventions communautaires qui le maintenait en état de survie. Ce fut sportif, la mèche lente et les cagoulés des CAV ne faisaient pas dans la dentelles.
D’ailleurs, je ne sais toujours pas si j’y suis entré dans cette vaste famille mais au gré d’un blog né dans un placard j’y ai beaucoup baguenaudé et me suis petit à petit familiarisé avec ses us et ses coutumes.
Ma culture du vin est celle d’un buveur assis à une bonne table et c’est là que mon goût du vin s’est doucement et simplement façonné. Pour autant, le Vendéen que je suis, né dans un pays où la férule des maîtres et des teneurs de goupillon nous tenait en laisse, n’est pas entré en religion et le prosélytisme lui fait peur.
Ce que je défends, c’est la démarche de ceux qui quittent les autoroutes pour réemprunter les chemins de traverse, non par passéisme ou pour un je ne sais quel « c’était mieux avant » mais parce qu’ils font une large place au doute, à la complexité, à l’observation, loin des « assurances tous risques », à l’intelligence de la main.
Alors vous comprendrez aisément que, dans ce qui n’est pas un guide mais un « catalogue (même si je n’aime guère ce mot) de belles personnes aux usages vertueux (là aussi je tique un peu, je préfèrerais respectueux) qui vous ouvriront à un autre monde » je retrouve une flopée de vigneronnes et de vignerons amis.
Pour autant, je ne suis pas naïf, je reste dubitatif sur la démarche révolutionnaire de ces divers nids, ces tribus. Comme l’ami Gilles Azzoni j’appelle de mes vœux depuis longtemps que s’instaure entre eux une réelle solidarité. Mais pour l’heure, tel sœur Anne, je ne l’ai guère vu venir.
Ayant, dans ma vie professionnelle, accompagné un éternel minoritaire, reposant aujourd’hui sur les hauts de Monticello, j’aime beaucoup ces Indiens fonctionnant par nid mais j’ai du mal à percevoir comment ils renverseront un jour la table. Ce sont des lanceurs d’alerte, des petits cailloux dans les grosses grolles, des emmerdeurs, des passeurs, et c’est très bien dans un monde si convenu et c’est pour ça que je les aime et, à mon niveau de vacancier éternel, je les accompagne dans leur combat.
Alors, c’est en Alsace Jean-Pierre Ritch…
C’est Karim Vionnet en Beaujolais…
C’est Olivier Tescher le fils de mes amis Claire Laval et Dominique Tescher compagnons de combat et de discussions, à Pomerol…
C’est le Dominique Derain en Bourgogne…
C’est Alice et Olivier de Moor à Chablis…
C’est Claire Naudin sur les hautes-côtes-de-beaune…
C’est Thomas Pico à Chablis…
C’est Pascal Agrapart, Francis Boulard, Olivier Horiot, Bertrand Gautherot, Jacques Selosse en Champagne…
C’est la famille Arena, Nicolas Mariotti-Bindi et Muriel Giudicelli en Corse…
C’est Jean-François Ganevat dans le Jura sans oublier Pierre Overnoy et emmanuel Houillon...
Jeff Coutelou, Gilles Azam... en Languedoc.
Alexandre Bain, Christine et Éric Nicolas, Gérard Marula, Noëlla Morentin, Thierry Michon mon voisin vendéen, au long de la Loire…
Éric Pfifferling, Gilles Azzoni, Marcel Richaud, le long du Rhône…
Jean-François Nicq, les frères Parcé, en Roussillon …
En Savoie c’est Dominique Belluard, Jacques Maillet…
Dans le sud-Ouest Mathias et Camille Marquet, Cathy et Jean-Marie Le Bihan, Sylviane et Michel Issaly…
Et bien d’autres présents dans « les élucubrations d’Antoine » (désolé je n’ai pas pu m’en empêcher ) ou absents de ce non guide.
« Je n’aime pas les patrimonio de chasseurs… » Muriel Giudicelli
Pascal Agrapart aime « les jus qui mouillent les dents, mordent le bout de la langue. »
« Le chablis c’est du champagne sans bulles » Olivier de Moor
Explication par les auteurs :
« C’est vrai qu’à Chablis, il faut des lunettes de ski pour résister à la réverbération du calcaire cimenté. »
A propos de sa Levée 2014 Alexandre Bain note « En 2012, je pensais avoir fait ma plus grande bouteille… »
Ses pairs n’en n’ont pas voulu alors que tout était vendu. Nous on préfère ces sauvignons plus minéraux que variétaux, plus exotique que pipi de chat…
Bon y’a plein d’articles tel celui sur le grand retour du cheval de trait dans les vignes… et un répertoire : La groupie du caviste des vendeurs de vins à poils… France entière comme quoi les bobos parisiens ont bon dos… les vins nus envahissent tout le territoire…